commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, août 21, 2011

Sortie dans le quartier pour des courses minimales, et puis, plongée dans des images d'enfance, en logorrhée complaisante

Il y a eu ces photos (les ai piquées sans vergogne, complétées par quelques autres trouvées sur google street new) de l'embarquement de François Bon, au Conquet, vers Ouessant et Numer'île http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article1198

et, en attendant de suivre les bribes qui nous arriveront de ce festival, et d'avoir peut être écho du projet Saint Kilda qui me fascine http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2633,

en attendant, il y a eu, simplement, pour ma petite délectation personnelle, des bribes, des images sans doute en partie faussées, de cette année d'enfance qui, incompréhensiblement, a dû m'être importante, et qui m'a toujours accompagnée, comme une petite note à l'arrière de ma vie

les femmes en noir et la petite coiffe de fin linge blanc enserrant leurs cheveux, et leur langue incompréhensible

la fermière arrivant avec sa motte et la collection de moules parmi lesquels nous choisissions celui dans lequel serait tassée la portion, grasse et d'un jaune sombre, de la famille

le bonheur, le jour où ma mère a renoncé à notre différence, et où nous avons étrenné nos galoches, et pu les déchausser clac-clac, en ligne avec les autres, sous le crochet où nous suspendions nos manteaux de petites citadines, pour rester en chaussons quadrillés,

nos sarraux qui étaient un peu trop raffinés, faits dans des pièces de vichy que maman avait en réserve

mon amitié indéfectible pour la porteuse de poux

les grands rires de Da Lebi faisant courir des araignées sur le sol de la cuisine, les jours où des amis déjeunaient là, et notre groupe joyeusement effrayé au bas de l'escalier qui menait à la chambre commune sous le toit

les pupilles de la marine de Bertheaume saluant la maison, et mon envie de partir avec eux

le recteur faisant claquer les volets de la classe avec sa gaule en nous parlant des korrigans, et même si on le voyait faire, la peur délicieuse

les pierres levées (je crois me souvenir ,mais n'en suis pas sure) de la presqu'île de Kermorvan et, là, j'en suis sure, les casemates où nous aimions nous risquer le coeur battant et en faisant attention de ne pas marcher dans les crottes

la découverte de la trahison imbécile des adultes le jour où j'ai cru ma mère qui exaspérée me conseillait de boire l'eau de mer si j'avais soif

ma première confession, ma terreur, et ma colère contre le recteur racontant que l'un des enfants avait fait pipi de crainte

la petite salle ouverte sur le jardin, le piano droit, Soeur je-ne-sais-plus-quoi, la méthode rose, la certitude que j'aimerai la musique mais n'en ferai pas

m'être trouvée si belle en marguerite, alors que les petites n'avaient droit qu'à être des anges, et les grandes coiffes hérissées des religieuses battant dans le vent

les toilettes dans le jardin, les mouches

mes petits trésors de pétales enterrés sous un bout de verre, soigneusement cachés sous terre et feuilles, et le goëmon étalé entre les salades

jouer à la marchande avec les sous troués et les derniers carnets de rationnement, devenus inutiles

le garçon qui m'a emmené voir, en cachette, les trois cadavres des noyés du bateau de Molène - sa description des corps trouvés sur la grève, allongés sur le dos, avec un bras levé derrière la tête – image sans doute fausse que j'ai longtemps gardée de la mort – et l'amour vague que j'ai pour Molène

et... comme je me suis laissée emporter, tant pis je garde tout, en vous demandant pardon avec une tranquille hypocrisie, mais je coupe le début du billet, qui était un très long pillage-voyage avec Christophe Grossi et Laurent Margantin, et le garde pour demain.

7 commentaires:

joye a dit…

Lorsqu'on a des bonbons, quoi de mieux que d'en garder quelques-uns pour le lendemain ? :-)

Michel Benoit a dit…

Des histoires de bleus...

Pierre R. Chantelois a dit…

Des bleus sur la peau vive de la vie. Et des peurs incontrôlables venues d'ailleurs et rarement d'ici.

limparfait a dit…

Merci du fond du cœur, j'aime beaucoup et je reconnais.

Brigetoun a dit…

c'est moi qui vous remercie

Gérard a dit…

Tu baignes dans le bleu aujourd'hui ..avec filet

Lautreje a dit…

délectation à te lire