Bataille : de grands charrois gris dans le ciel, gros amas sombres glissant sur de l'opale. Quand on pense « les nues ». Quand l'année bascule,
les pierres qui pleurent l'humidité, leurs couleurs ravivées en chant mineur dans le jour morne,
et dans un trou de lumière les feuilles qui, de leur long ternissement, émergent en mosaïque jaune, ocre sur fond de vert pâli.
Une pointe d'aigreur fraîche dans l'air - s'éloigne le souvenir de ce temps où l'on entendait les cigales -
le besoin ardent d'une cheminée, de veillées, de joues brûlées, d'yeux pleurant dans la contemplation des flammes se tordant, de leurs couleurs mouvantes,
de bottes qui sèchent et de l'odeur de la terre par la fenêtre entrouverte.
Autre jour, notre seigneur mistral et la fuite échevelée des nuages dans son souffle.
Quand le froid nous pénètre, quand la seule chaleur est dans la lumière souveraine, sa caresse sur les troncs, la rousseur brillante des feuilles non emportées.
Se prendre les pieds dans le tapis des mortes, jouer à les repousser, sentir l'odeur d'humus qui s'élève.
poser la main sur le tronc du platane, invoquer l'adryade qui s'y blottit, l'inviter sans espoir, rêver pour elle et moi
de longs jours somnolents, en vieille maison bien close, derrière rideaux,
avec des livres et d'anciennes nourritures simples et sans vie.
Reprise du texte accueilli gentiment par « les beautés de Montréal » de Pierre Chantelois pour les vases communicants d'octobre, en contrepoint de l'histoire d'Hortense http://brigetoun.blogspot.com/2011/10/hortense-82-ans.html
11 commentaires:
Le relire crée toujours le même effet de surprise et d'ébahissement. Je suis un redoutable nostalgique.
Première photo : José Carlos Araujo, Johann Kasper Kerll, Bernardo Storace ou encore un ciel du Rinaldo de Haendel...
J'avais laissé passer ce texte, il est d'une grande justesse, touchant et sensible comme j'aime, merci...
Une note qui réveille les sens et nous propulse en douceur dans de beaux souvenirs.
merci pour si bien parler de la vie.
eveil des sens en douceur et nostalgie.
Ces bottes me fascinent ! je peux croire que tu viens prochainement faire du travail dans la ferme ?
Non ?
T'as raison, ce serait trop bête de les salir ainsi !
sont belles hein ? mais les ai achetées le jour où Avignon s'est prise pour une station de ski, pour pouvoir regagner l'antre - y suis arrivée avec difficulté - on y mettrait deux jambes et un pied et demi comme les miens
tu voulais faire du ski avec tes bottes ou j'ai mal compris
non, il n"y avait pas de ski ni de raquette en vente rue Saint Agricol alors j'ai pris ce que je pouvais pour ne plus avoir de neige dans mes souliers
Magnifiques les bottes ! Elles me bottent. Neige ou pas, de sept lieues ou non, voici le chat botté.
Pas ou plus de chaleur mais de la lumière. Cela me suffirait. Ce soir il pleut sur les bords de Loire...
passant par ici, je repasserai par là ;;; un délice, le ton, les couleurs
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