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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, octobre 23, 2011

Dans la pensée de la Tunisie - le devoir de beauté – voeux pour l'avenir

La poésie .. « …. Elle est notre sensibilité qui bat au rythme du monde. La langue qui la porte n’est qu’un support à laquelle elle donne forme et rythme. La langue ne peut se substituer à la poésie pour devenir sa propre finalité. Un tel objectif – qui existe dans certains courants de la poésie contemporaine – limite mon intérêt. Je considère la poésie comme une parole qui privilégie l’humain par rapport à l’animal. Et c’est dommage de la gaspiller ou de la transformer en une parole rhétorique creuse, un discours politique ou de la mettre au service d’une propagande ou d’une idéologie. Un poème est un acte de liberté, d’affranchissement. C’est une vision. Avec l’exigence, elle est visionnaire. Rebelle à la domestication de l’esprit, elle est une aventure humaine formidable, vol de feu, chevauchée de l’imagination, même si elle part du réel, expression généreuse et altruiste. J’essaie, grâce à elle, de dire mon être, de défendre mon visage humain, contre la laideur dans le monde : guerre, violence, intolérance, fanatisme, cupidité, obscurantisme, etc. Elle est mon devoir de beauté, ma résistance contre la volonté de mort, chant vibrant pour la vie, respect de l’homme où qu’il soit, d’où qu’il vienne. Aussi, je n’ai pas de leçon à donner ni de message tout prêt à présenter sur un plateau. La poésie est une quête des vérités. Elle peut être complexe comme l’humain. Facile en apparence, plus difficile, intérieurement. J’écris de l’interrogation inquiète, de l’intériorité plongée dans la fureur du monde, du silence couvert par le bruit, de la défense de la lumière pour percer la cécité menaçante. La poésie est une éthique non pas une politique. Une manière d’être au monde. Un chant pour aimer. J’écris, pour des raisons historiques mais aussi par choix personnel, en arabe et en français. J’ai la chance d’avoir deux langues. Elles me permettent d’habiter une maison à deux fenêtres. Mon toit est l’univers, mon sol est la terre, ma porte est ouverte sur le large pour accueillir l’humanité entière. Je doute souvent. Ma seule certitude est le parcours humain dans sa traversée à la fois, épique et tragique, fragile et courageuse, magnifique et éphémère, digne et inconsolable, de la vie, l’amour, la mort. »

Tahar Bekri (http://la-plume-francophone.over-blog.com/pages/Le_Devoir_de_beaute_par_Tahar_Bekri-953291.html )

À vous, Tunisiens, avec mon admiration et mon espoir tremblant pour que vous continuiez à éviter les écueils et que votre route soit votre, belle et fraternelle.

Et puis, prélevé sur son blog http://atunisiangirl.blogspot.com/ (La plupart des photos qui m'ont servi proviennent de ce blog), une partie du discours de Lina Ben Mhenni à l'occasion de son obtention du Grand Prix du World e.gov Forum 2011

« Mais je dois là faire une concession à Papa. En effet, mon père a accepté de m’accompagner la semaine dernière au Festival du Livre de Mouans –Sartoux et je sais qu’en le faisant il a accepté de déroger à une règle de vie qu’il s’est choisie depuis la fin des années 1980 : ne plus remettre les pieds en France à cause d’une forte déception qu’il a eu et surtout à cause des difficultés que confrontent nos concitoyens demandeurs de visas , et que vous connaissez tous et que mon père qualifie de ‘parcours du combattant’.

Je fais donc une concession à mon père en lisant un speech que j ‘ai rédigé dans l’avion, et en me contrôlant ainsi afin d’être la plus proche possible du « diplomatiquement correct ». Bien que je sois convaincue que je ne pouvais pas m’astreindre aux protocoles et aux règles diplomatiques.

Mesdames et Messieurs

Volontairement, je vais me retenir ce soir de parler du passé. Le passé lointain, et le passé qui s’est arrêté le 14 Janvier 2011. Ni de tout ce que ce passé comporte de douleurs, d’injustices et de prises de position erronées. L’essentiel pour moi c’est que certains ont payé ou vont payer et que d’autres ont reconnu leur tort.

Je regarde donc notre présent et l’avenir que nous cherchons à bâtir.

Et comme je suis censée représenter ici certains des jeunes de la Révolution Tunisienne, je vais tenter de vous faire connaître quelques données et quelques positions que je partage avec beaucoup de mes patriotes :

-Tout d’abord je tiens à préciser que notre Révolution ne s’est pas accomplie le 14 Janvier. Cette date n’est, de fait, que la marque de l‘enclenchement d’un processus qui, je le crois, est en marche, et qui, je l‘espère, se poursuivra.

-Je tiens ensuite à dire que nos concitoyens sont d’abord nous mêmes ! Mais nous croyons aussi que tant de gens, de pays et d’états avec lesquels nous partageons une histoire, des principes et des valeurs devraient nous soutenir. Du moins en se retenant de nuire à la marche naturelle de notre transition.

Nos souffrances ont été grandes et prolongées. Notre patience n’a que trop durée et nous a presque minés.

Mais, à présent, le mur du silence est tombé, le mur de la peur est tombé et nous avons bien compris que notre destin c’est nous mêmes qui le faisons.

Et nous allons faire notre destin. A notre guise. Et quelque soit la férocité des forces qui tirent en arrière, le destin s’inclinera devant notre volonté.

Mesdames, Messieurs

Pour terminer, permettez-moi d’exprimer des vœux qui me tiennent de la révolution

-Mon premier vœux est que la France renoue avec ses valeurs qui ont conquis le monde et sont devenues universelles et qu’elle règle rapidement et généreusement la situation de nos immigrés clandestins et qu’elle trouve une solution honorable à ce calvaire que représente la postulation à un visa.

-Mon deuxième vœux est que s’établisse entre nos peuples un partenariat basé sur l‘égalité, la franchise et la loyauté.

Pour conclure je vous remercie pour cet accueil émouvant et pour ce trophée qui représente tant pour moi et pour mes camardes cybernautes. Et je vous prie de me permettre de dédier cet événement aux martyrs et martyres de la Révolution Tunisienne et du Printemps Arabe, et d’avoir une pensée particulière à ces jeunes que j‘ai filmés, fauchés à la fleur de l’âge dans la petite ville de Regueb.

12 commentaires:

Gérard a dit…

Un deuxième pas est franchi, je leur souhaite que le troisième se fasse dans l'unité

JEA a dit…

Avec l'espoir que cette page de votre blog soit aussi largement diffusée en Tunisie...

Pierre R. Chantelois a dit…

Brigetoun, c'est un rare privilège qui est donnée à une génération d'assister à la libération d'un peuple sans interférence extérieure. C'est une plus grande joie de constater que ce peuple a atteint une telle maturité en si peu de temps qu'il peut maintenant revendiquer le droit de voter et d'élire les gens de confiance pour préparer la voie de l'avenir. Vos textes sont éclectiques et montrent bien que la route est parsemée d'embuches mais aussi de beauté (Tahar Bekri).

Dominique Hasselmann a dit…

Il sera réconfortant de voir qu'après les printemps tunisiens, égyptiens, libyens, syriens (?), arrive aussi - même si nous ne sommes pas sous une dictature, sauf celle des "marchés" - ce qu'une candidate aux récentes primaires citoyennes a appelé "le printemps français".

Beaux texte et patchwork de photos sur ces élections tunisiennes : la démocratie brise le cadre des frontières.

Dominique Hasselmann a dit…

tant pis pour les pluriels aux adjectifs tunisien, etc. La politique est plurielle, après tout.

Brigetoun a dit…

Ceci dit si j'étais tunisienne je serais heureuse mais perplexe dans mon choix entre les partis progressistes, et décidée à respecter la démocratie mais dans la peur de ce qu'elle peut donner (ici aussi au fond, mais me touchera moins)

Michel Benoit a dit…

Mais la séparation de l'église et de l'état va sans doute disparaître...

Brigetoun a dit…

c'est à cela que je pensais Michel (un très bel échange au sujet de la complexité des accords, manoeuvres, choix entre les progressistes et du désir de respecter la démocratie mais de la crainte de l'influence des partis islamistes, entre deux jeunes journalistes tunisiennes, sur Médiapart, malheureusement réservé aux abonnés).
Bon vite me laver ls cheveux pour pouvoir regarder le match dans l'espoir que si nous sommes battus ce qui est vraisemblable, ce sera en jouant assez bien pour permettre un beau jeu des blacks

jeandler a dit…

De très beaux textes et qui appellent le respect.

La liberté comme la poésie, n'est pas donnée : il faut la trouver sous la pesanteur des jours. Que vivent tous ces printemps et que ces fleurs portent de beaux fruits.

mel13 a dit…

balais toujours vos articles très vite avant d'y revenir pour les lire vraiment et ai donc cru que vous parliez de votre père, Brigitte, du coup ai lu ce texte d'une autre manière, en recherchant lien entre père et fille, et du coup en relisant et me rendant compte de l'erreur, ai réalisé que l'ai lu finalement de manière plus juste... Ouh là là que de circonvolutions pour dire que j'ai aimé ce texte et tout ce qui l'entoure

Brigetoun a dit…

nous c'était l'Algérie

joye a dit…

Oui, de beaux textes, très émouvants.