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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, octobre 19, 2011

Ciel gris et bleu doux, petite fraîcheur et musique


Le ciel est gris, les feuilles mortes saupoudrent ma cour, le saule se meurt, l'hiver s'annonce.

Les jours passent sans que les vois, les roses survivantes se serrent pour un dernier soir, ai jeté leurs soeurs une à une avec petite hésitation et amour pour leur pétales fripées et la courbe abandonnée de leur tige.

Ai mis le tit pull orange, un foulard qui soulignait la détresse de mon cou et le protégeait, mon bien-aimé veston trop grand, mou, presque chaud, et m'en suis allée charrier draps et tenues à ranger chez le teinturier, et en ramener draps, tenues à ranger et jupes de velours défripées.

Ai rencontré, terrasses vides,

Ai rencontré, pour un peu de rêve, l'idée d'une forêt vierge (enfin presque)

Ai rencontré, pour réalité, les vaillantes herbes blotties dans le trou d'un plot.

Le ciel avait viré au bleu pâle.

Et puis suis repartie, dans les prémices de la nuit, qui s'en vient de plus en plus tôt,

vers Saint Pierre, pour écouter Magali Léger et l'ensemble Rosasolis dans un programme Pergolèse et Porpora

deux complets noirs Julie Blais, clavecin, et Jean-Christophe Marc, violoncelle, s'installent, attendent un chouya, et l'arrivée de Magali Léger en robe longue et cheveux noirs, pour la première des trois cantates de Pergolèse au programme « Dalsigre ahi ! Mia Dalsigre » -voix puissante et fruitée, avec les accélérations et alanguissements demandés – grande expressivité des récitatifs, beauté des deux aria andante «dite ch'ogni momento dessa chiamo – dites-lui qu'à tout moment je l'appelle » et presto « torni, torni volando – Qu'elle revienne rapidement » - de grands gestes d'un beau bras nu pour suivre et appuyer le chant, la plainte et douce et même malicieuse.

Sortie de la chanteuse, entrée de Guillaume Humbrecht, violon, et Géraldine Roux, alto, pour la sinfonia da camera opus 2, n°2 de Porpora (sonate en trio) – musique à écouter dans un grand salon avec distinction et mélancolie heureuse, un petit sourire flottant sur les lèvres et les yeux perdus dans un vrai rêve intérieur, ou un pied dansant sous la jupe, selon les mouvements – alto et violon lumineux et rondeur du violoncelle – délices (et le dernier mouvement joué deux fois à cause d'une erreur qu'eux seuls avaient entendue.

Entrée de Maximilienne Caravassilis, violon, et de Magali Léger pour la seconde cantate « Chi non ode e chi non vede ». Petite introduction instrumentale et la voix qui module avec éclat « celui qui n'entend pas mes paroles ». Le sourire se fait distrait plaqué sur la peine, et les gestes retenus jusqu'à la quasi absence. Plainte.. mais la succulence de la voix et le plaisir de chanter. Bel équilibre entre chant et instruments, et le très beau largho final.

Entracte, un rien longuet, et puis la seconde des sinfonie da camera (ou sonate en trio) de Porpora un peu moins réussie dans les mouvements lents, mais tout de même fort agréable.

Et la plus belle je crois des trois cantates de Pergolèse : Orfeo « Nel chiuso centro » - attaque, voix claire et visage grave, du récitatif « Dans le centre clos où toute lumière sommeille, tandis qu'il pleurait en compagnie d'amour », les variations virtuoses et douloureuses sur « Euridice, e dove sei – Eurydice où peux tu être ? » etc...

Applaudissements nourris, bouquets pour la chanteuse, une rose pour chacune des trois autres femmes, et, au moment où j'allais sortir, en bis, un passage du stabat mater, déchirant et superbe. Me suis éclipsée un peu avant la fin, carcasse se plaignant à l'unisson.

11 commentaires:

joye a dit…

Tes fleurs ont été belles jusqu'au bout, c'est intéressant parce que ton foulard fait aussi coquelicot, lui.

Pierre R. Chantelois a dit…

En cette église de vieilles pierres j'ose formuler ce vœu : la beauté de l’acoustique. En général, dans ces lieux sacrés, les voix s’élèvent dans un écho qui nous baigne dans une grande et sublime sérénité.

Dominique Hasselmann a dit…

Pergolèse percole la nuit.

Michel Benoit a dit…

Les statues sont-elles vraiment restées de pierre ?

jeandler a dit…

Je n'ajouterais rien à ma soif de concert et à ma jalouse envie.
Ce qui m'amuse, ce sont tes "vaillantes herbes": ne dirait-on pas qu'elle se refont une beauté dans une machine à laver ?

JEA a dit…

6e photo : arbre janus...

micheline a dit…

la nuit qui vient de plus en plus tôt pour longues soirées mélodiques

Gérard Méry a dit…

La forêt vierge prend le chemin de cette réduction, cette désolation

DUSZKA a dit…

Ce soir chez moi, le hameau sentira la fumée nouvelle ! On laisse les feuilles sur l'herbe, elles feront de l'humus en paix. Envie de concert "en vrai", l'isolement campagnard, l'âge et la fatigue "condamnent" aux enregistrements. Vivre avec ce que l'on a, encore heureux d'en avoir.

Lautreje a dit…

ces chaises alignées en cotte de maille sont bien résignées...

arlette a dit…

Odeurs de marrons chauds et grillés en passant sur la place ....déjà ???