Journée suspens

vers 8 heures 20, au moment où j'allais me recoucher pour continuer ma nuit, coup de téléphone me disant qu'on m'attendait au bureau de vote à l'Hotel de ville.

Panique ensommeillée - douche rapide - essayé de mettre carcasse en marche - ai renoncé, sauté sur et dans le tailleur de la veille - avalé une cuillère de miel et un reste de café et me suis précipitée, me demandant comment tiendrai le coup, et comment déjeunerai, imaginant un responsable seul, dans un bureau vide qu'il devait quitter pour d'autres (un message il y a une semaine : pas assez de candidats, et ma réponse : « moi y en a plus être au PS mais si vous avez besoin, moi y en a être à disposition, mais ne peux aller à votre réunion de formation hors les murs » était resté sans réponse)

Marché aussi vite que pouvais, ai gravi, mains sur les genoux, les deux volées de marches jusqu'à la salle de fêtes que la mairie avait mise à la disposition du PS (alors que normalement elle sert à regrouper les urnes et les résultats des bureaux de vote d'Avignon et du grand Avignon).

Ai trouvé quatre tables devant les fenêtres, d'autres sur le côté pour les opérations préliminaires, des têtes inconnues, des camarades de toutes tendances - blablabla souriant - et enfin mon correspondant qui s'excusait : on n'aurait sans doute pas besoin de moi.

Ai attendu une dizaine de minutes, en contemplant le hall, pendant que l'on arrivait, s'activait et, comme il se confirmait que cet appel était une erreur, ai voté, la seconde ou troisième d'Avignon.

Mon président de bureau (mon interlocuteur) m'a dit qu'il m'appellerait sans doute dans la journée et certainement le soir (frémi : je déteste dépouiller – un des avantages qu'il y a à être membre d'un bureau est qu'on en est dispensé) et m'en suis retournée vers l'antre.

Est-ce l'excitation de ce début en fanfare qui m'a permis de réussir à me prendre en photo de haut, dominée et ratatinée ? du moins c'est l'impression que j'ai devant cette photo frontière/réflexe/retour à la normalité du dimanche matin.

Ai tenté de reprendre à zéro mon entrée dans le jour, un peu oeuvré (surtout repérage du contenu des housses et valises) à la garde-robe anti-froid – siesté sans oser me laver les cheveux – repassé un manteau léger, les pantalons de toile et jeans en attente, un veston de laine et deux chandails, pendu une parka, vaqué un chouya, entendu que les votants étaient là, espéré très fort, en en doutant un peu, qu'ils étaient motivés par le choix d'un ou d'une candidate de gauche et pas seulement par le désir de bouter dehors Sarkozy (j'avais un peu peur d'un afflux de centristes et d'un dédain de ceux qui se veulent « la vraie gauche » et ne veulent pas se compromettre en choisissant celui ou celle qu'ils risquent fort de retrouver au second tour de la présidentielle)

Voilà, voilà

Suis partie à 19 heures dans un filet de vent qui se mourait et sous un ciel ravissant,

juste assez tard pour ne pas avoir à dépouiller,

sous joli ciel avec amours

ambiance joyeuse, appliquée et détendue, quelques échanges de regard (ai été fusillée par une qui m'a élue ennemie, normalement) et, pour nos quatre bureaux du centre d'Avignon (sur 16) : Aubry 215, Hollande 195, Montebourg 154, Ségolène Royal nettement derrière, Vals un lot de consolation, Baylet quelques unités.

Bon sur l'ensemble Hollande est en tête, nettement. Arnaud va être très courtisé.