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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, novembre 15, 2011

Recyclage

Dans air doux, sous ciel bleu animé de quelques nuages légers, ai testé ma marche et restauré mon humour en charriant, aller et retour, vêtements et draps pour le teinturier, avec le handicap de bottes cuissardes dotées d'un talon plus haut que n'en ai jamais porté – et toute fière, jambes un peu tremblantes, suis revenue à bon port, sans derrière pointé de façon extravagante.

Pour le reste, n'étais bonne qu'à des lectures zappeuses, un peu de ménage, de la musique, du courrier et des paiements de factures... et je recycle paresseusement, le texte que Juliette Mezenc avait bien voulu accueillir sur « mots maquis » dans le cadre des vases communicants d'octobre.

Et voilà Brigetoun accueillie sur Mots maquis, un peu intimidée, un peu paumée – s'interroge - regarde : il y a le journal du brise-lames –il y a Sète – connaît mal Sète, pense cimetière marin, pense Brassens, pense canaux, pointe courte, Di Rosa, et se souvient de Vilar – se souvient d'elle, adolescente, dans le carré du cargo qui l'avait amenée, à la table du petit déjeuner avec le commandant, et qu'il lui parlait de sa fille qui s'était suicidée pour trop de lectures, de la grue contemplée avec décision par le hublot, des mots cherchés, du temps qui ne passait pas, du mauvais goût dans la bouche, de l'odeur de métal, du refus, et de la pitié intimidée.

A aimé le journal du brise-lames, y penser, l'oublier, faire un pas de côté – imaginer un brise lames.

Brigetoun, paumée, cherche et trouve des photos prises en 1837 par Gustave Le Gray, voit qu'il était presque le jumeau du brise-lame, et qu'ils étaient alors dans leur forte jeunesse - y entrer, avec juste la distance de la rouille ou du sépia, pour pouvoir rêver - ignorance de cet endroit - accord avec la mer qui coulait dans les veines de mon père, qui était celle-là, avec mes souvenirs d'allégeance.

Ce serait :

Nuages en fuite échevelée, se tenir crispée, fouettée, au dessus des fusées de gouttes qui s'élancent, retombent dans la suivante, tête perdue dans le sifflement du vent, oreilles pleines des chocs de la mer qui s'élance, frappe, tape – élan têtu, force, pilonnement, impossible perforation – les blocs ruisselants de coulures acres – la mer qui, apaisée, va à la rencontre de la ville.

ou

Après-midi calme, quand le soleil descend, assise sur béton, les yeux guettant cet instant où le silence se fera, où le globe incandescent entrera dans l'eau au bout d'une route tremblante de lumière, le murmure de la mer qui vient sans cesse caresser les rochers, les blocs, juste pour que le silence et le calme soient intenses. Et la petite chanson roucoulée en sourdine de son chemin dans les trous.

ou

le halètement de l'eau en ses assauts, sa forte respiration heurtée, les chocs encore, l'union tumultueuse du roc, du béton, des vagues brisées – le ciel s'abattant en trombes, piquetant et calmant la mer, balayant le brise-lame, un corps venu là, pourquoi ?, recroquevillé, misérable et heureux, ballotté, trempé, dans l'odeur des embruns, dans l'inondation du ciel.

ou

grand beau calme, frissonnement argenté de la surface de la mer, qui s'étend, infinie – ce désir du large qui creuse le corps, l'idée de l'autre rive, ce besoin, sans pensée, être dans l'amour de la mer.

12 commentaires:

Michel Benoit a dit…

La mer toujours recommencée...
La mer allée avec le soleil...

Pierre R. Chantelois a dit…

Du chant de la mer naîtront des mots dont nous nous souvenons jusque tard dans la nuit. De l'aurore automnal survivront à coup sûr nos fatigues et nos lassitudes. Et Juliette Mezenc viendra en renfort combler des petites heures creuses.

Brigetoun a dit…

mais là ce n'est pas Juliette, c'est moi

joye a dit…

C'est vrai que le recyclage est bon pour l'environnement ! ;-)

Dominique Hasselmann a dit…

Le flux et le reflux maritimes bercent...

Lautreje a dit…

"ce désir du large qui creuse le corps" est terrible quand il nous étreint !

jeandler a dit…

Rien ne se perd, rien ne se crée. Tout se transforme.

Une idée de grand large
ouvrir la fenêtre
et le ciel déjà là.

JEA a dit…

Sète était au temps où... (avec l'accent du Grand Jacques)

Enfantissages a dit…

Merci pour ce recyclage qui me permet de découvrir votre magnifique texte.

Gerard a dit…

attention en charriant Brige..la charia est à deux pas, il ne faut pas charrier !

arlette a dit…

Magnifiques photos de Le Gray et texte bien sûr !! un beau duo

Thaelm a dit…

Après lecture des quatre petits textes
devient évident le fait que
chaque détail de cette photographie est un monde
...
En réunir deux en crée un autre absolument nouveau.