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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, novembre 14, 2011

Longue stupidité dépressive de Brigetoun, Christine Jeanney et Hoffmann en remède

Amis, en ces jours, ma chimie intérieure ne gouverne pas assez mes ombres... et remonte ma vielle triste hébétude – amis voulais travailler un joli vase pour la gente dame qui veut bien l'accueillir, mais ne pouvais, pour cela ou pour tout autre tentative, si ne m'imposais, de force, la grâce souriante dont dois faire voilage, que remuer tourbe, noir, vide troué d'éclairs de cris.

Amis, me servais, avec complaisance - pour me justifier, donner but à cette remontée de mon désintérêt de vie – de ma colère, sans envie de correction, contre ma toujours resurgente faculté de décourager les amitiés (j'étais sombre, vous dis-je), et, plus profondément, plus honorablement – et le penser m'étais honte – navrance devant le sort que l'humanité s'inflige, notre acceptation révoltée de la servitude devant les puissants, notre impuissance, incapacité à une improbable union pour libérer nos vies de la férule, et pire la méprisante sollicitude, de l'argent et de ses fondés de pouvoirs dont faisons nos dirigeants.

Amis j'étais glauque, malgré le plaisir que m'avait fait, aux petites heures, la découverte de la todo liste du jour de Christine Jeanney, cet ourlet de terre cuite photographié par Jean Prod'hom, et les mots qu'elle avait posés dessous (et que vous invite à lire en totalité sur http://tentatives.eklablog.fr/todo-liste-141-a23559398)

... « le creux on n'ose pas toucher, la crainte d'éveiller pandore et des mystères (au fond de la bouche noire, chant, chante, lente mélodie répétitive, voix cassée scandée, souffle, lâche déroule souffle, des battements, luttes, accompagnent et frottements, balancent, corps et voix qui risquent, les voix se risquent, épuisent, s'épuisent de souffle, le creux le sombre, ils sont plusieurs, leurs voix autour à scander à souffler et à répéter glissent, ils glissent, ils parlent dans la première nuit, la nuit secrète) » et comme y voyais esprit des siècles anciens, musique sombre, choeur de tragédie, voix cassée, pas scandés, l'origine – appelant le génie des tragiques au secours pour calmer, gommer, rendre poétiquement neutralisés les dieux vaincus, Kaos, le Tartare, les géants et leur révolte maîtrisée, et plus près du bord, les ouraniens, les cyclopes et ce pauvre et ridicule Polyphème, ces tristes forces domptées qui ne se résigneront pas à leur enchaînement et déchéance... et pour plus de sécurité (dans un lâche désir de sécurité, et contre ma tendresse pour eux), j'ai prétendu sur twitter que je me penchais et criais, pour que se taisent les voix, que « le grand Pan est mort », cette sottise cent fois répétée, à bon ou mauvais escient, depuis qu'elle fut criée je ne sais plus par qui.

Mais Phil-Paul Lambert m'a répondu « Houlà ça c'est Python, le chtonien et il ne porte pas de cornes de bouc lui » et me suis révulsée.

Alors j'ai cherché l'influence de forces plus aimables, au moins on le dit, qui mettent la nature, à notre service, et cherché trace et communication avec les fées et korrigans dans une vasque de granit, mais elle avait été usurpée par le nouveau Dieu,

comme le marbre de ce bassin qui aurait pu abriter le souvenir des nymphes, de la sage mythologie latine, mais sa grâce très mondaine m'a été sourire, gourmandise des yeux promenés sur le feston des branches, sur la fermeté douce, sensuelle, de la surface.

Pourtant leur grâce à tous, parce que ces élucubrations, en s'inscrivant sur mon écran, refoulaient mes serpents internes, amenaient lentement une grimace puis un sourire sur mes lèvres. Pour achever de lui frayer chemin, à ce sourire, en moi, éclaircir ce jour et le faire passer, ai tenté de décrocher un rêve d'un convoi http://leconvoidesglossolales.blogspot.com/

J'ai eu rêve orgueilleux – j'étais emportée dans un flux doré, souple et dynamique – un fleuve qui sortirait de son parcours pour se hisser vers le ciel, une cime, l'empyrée, une gloire – et je glissais avec lui, sans volonté, toute dans l'attente émerveillée de je ne sais quoi, bien enclose dans de longues lignes de matière onctueuse, pétrie de lumière.

Bon c'était mauvaise pioche, et j'étais d'humeur à le trouver ridicule, alors suis allée me bercer dans la lecture du « Majorat » d'E.T.A. Hoffmann http://www.publie.net/fr/ebook/9782814505599/le-majorat , trouver charme, musique, à l'étrange domestiqué par ce conteur qui m'est cher (je remercie chaleureusement Publie.net de le remettre à l'honneur).

Et de l'arrivée au château ...

« Pareilles à de sombres géants, nos ombres avançaient à nos côtés, et les images fantasques, qui couvraient les murs contre lesquels nous passions, avaient l’air de s’agiter et de trembler, et je croyais les entendre chuchoter d’une voix sourde au retentissement de notre marche : « Ne nous réveillez pas, ne nous réveillez pas, nous, peuple de magie, nous qui dormons sous ces vieilles pierres ! »

à …. «Sans doute ! le vent de la mer avec ses sifflements aigus à travers les pins, les sourds aboiements des dogues, et les fanfares sonores des âpres cors de chasse devraient triompher ici des molles et langoureuses mélodies du clavecin, dont aucun homme ne devrait savoir toucher ; mais vous avez tenu opiniâtrement à martyriser ma femme, jusqu’au risque de la tuer !…

..

Bref ! votre musique et votre chant ont exalté outre mesure l’imagination de ma femme, et lorsque sur cette mer sans fond des pressentiments et des visions chimériques elle flotte à l’aventure sans gouvernail et sans soutien, vous lui portez le dernier coup, par la relation d’une histoire de revenants qui vous est arrivée, dites-vous, là-haut, dans la salle d’audience. »

à travers les pas dans la nuit, la ravissante baronne, la société de chasse et les crincrins du bal, les romances italiennes au piano, le sang du loup tué au couteau, au péril de la vie du sensible jeune-homme, j'étais dans un effroi délicieusement romantique, sans le regard de vieille que j'affiche là,.. avec, faute du Freischutz, en harmonie platement évidente mais succulente, l'écoute des lieds de «la belle meunière » de Schubert par Matthias Goerne.

Après une pause aspirateur, repassage d'une robe et dix chandails, ai repris la seconde partie, l'histoire terrible du majorat racontée par le grand-oncle, avec le retour au château de l'ancêtre du baron, à la mort de son père

« N’est-il pas probable que mon père avait résolu de détruire ce lieu témoin de ses opérations de sorcellerie, et qu’il avait su prendre certaines mesures pour que le dôme pût s’écrouler quand il le voudrait, de manière à démolir l’intérieur de la tour ? Mais que m’importe quand même tout le château devrait s’écrouler ? je n’y tiens pas. »

etc... sombre histoire où l'or se mêle aux discors familiaux, à la rudesse du pays, aux bois, aux loups, avec, pour changer, un peu des « trois soeurs » d'Eötvös dans la version que j'ai entendue, il y a moultes années, au Châtelet.

Ai abandonné en cours, pour regarder la nuit tiède descendre dans la cour, et préparer le dîner.

Du succès de l'homéopathie quand elle s'accompagne de la dose de beauté nécessaire.

14 commentaires:

micheline a dit…

ma petite dose d'homéopathie...je viens chercher ici pour préparer le jour qui vient..

Brigetoun a dit…

tu m'inquiètes

JEA a dit…

la Belgique se passa d'un gouvernement national pendant plus de 400 jours...
les ombres, elles, si elles étaient gouvernées, n'en deviendraient-elles pas seulement les ombres d'elles-mêmes ?

Lautreje a dit…

amie, laisse filer ton ombre noire, ne la retient pas, le soleil est derrière.

Dominique Hasselmann a dit…

La déprime est passagère, on la comprime de toutes façons, vous le prouvez en feston de jour.

jeandler a dit…

Trouver la force
la canaliser
la dompter
et le ciel t'aidera.

Pierre R. Chantelois a dit…

Oui les ombres de la nuit lorsqu'elles refont surface ou qu'elles reviennent nous hanter sont obsédantes et inquiétantes. Elles traversent en courant nos pensées et nos actions. Elles rendent lourd le simple pas pour s'en éloigner. Il faut s'en arracher comme d'une peste qui nous menace. Et viennent soudainement la musique, la lecture, l'art. L'apaisement peut suivre. Sans jamais toutefois nous quitter définitivement. Je comprends vos mots.

joye a dit…

Mais la revoici une de tes belles têtes !

nathalie a dit…

Une belle lecture, la tombée d'une nuit tiède, une journée de déprime qui reste festonnée de jolis moments. Courage !

Gérard Méry a dit…

Déprime ?...un bon salaire est préférable !

Brigetoun a dit…

Gérard tu es irremplaçable !

arlette a dit…

Chacun son truc .....contre les sombres nuages
"un bon salaire" pour flâner devant belles vitrines et........... y entrer

DUSZKA a dit…

Tu nous emmènes en promenade et on te suis sans rechigner. Prends bien soin de toi.

Gérard Méry a dit…

...toi ma plus fidèle depuis 2005,..ma culture quotidienne