Vendredi matin, pour m'ouvrir la route, le frémissement du platane au fond de la place
Tremblaient les extrémités des rameaux, qui tendent leur dessin sur le ciel
Les branches qui perdent en s'éloignant l'or brun des feuilles proches du coeur, du tronc, et ne gardent que petites taches noires comme un plumetis.
Une sarabande en aimable diablerie rue Joseph Vernet.
Présence noire de la plus proche branche, plaquée comme un signal sur le creusement de l'arbre sculpté de rose par la lumière
Echevelé, terriblement joyeux, mais souriant en touchant finement le bleu incandescent
Juste avant midi, au retour, le chant glorieux et profond du platane
Une multitude pressée, une courbe tendue, un élan refréné
Un peu d'or circulant dans le vent sur le rouge sombre
Mercredi, dans la grisaille hésitante, la rencontre familière du cyprès rue Saint Charles
Sa forme qui se voudrait rigoureuse, parfaite, comme une idée de cyprès, un écho aux fonds de Piero della Francesca ou de ses amis, maîtres ou disciples
Ce gonflement, comme un abcès, qui déforme la ligne, atteste de la réalité de cet arbre là.
Les platanes du boulevard Raspail, qui n'ont plus que leur bois pour s'exprimer
Les troncs regardés maintenant que les yeux ne sont plus attirés par les feuillages
Leurs formes lisses, blanches, vaguement humaines
Ces fortes branches que les tailles et repousses ont tourmentées
Hésitation entre véhémence et danse esquive avec leurs voisines
La surprise de leurs torsions, maintenant révélée, et les jaillissements verticaux des jeunes rameaux.
Tous ces jours, les faux sapins en rangées le long de la rue Joseph Vernet, et les vendeuses qui les plantent du bout des doigts chaque matin, quand se met en marche la musak exaspérante, un peu, pas trop forte, mais trop présente, qu'on nous inflige cette année, vulgarisant la rue
Mais rue de la petite fustrerie, leur rareté, et la désinvolture de celui-là, devant la boutique des linges blancs, du boeuf en bûche, des meubles décapés et chaises de jardin rouillées
Décoré mais légèrement insolent, de passage, assis sur une fesse.
10 commentaires:
Des mots justes pour témoigner de la grandeur et de la noblesse de ces compagnons qui jalonnent nos routes et que parfois avec ingratitude nous en ignorons la présence bienfaisante.
La musique dans la rue avec haut-parleurs, horreur !
Platanes zigouillés ou sapins déracinés, la forêt est en marche même apparemment morte.
immense reconnaissance à vous deux
Cette justesse, de l'humour et de la tendresse dans le jeu des mots. J'aime la dernière phrase en douce ironie. Et toutes autres aussi. Nos arbres sont parmi nous compagnons de toujours et parler d'eux c'est les mieux regarder.
Platanes parchemins...
Ces jours-ci dans notre cour, le chorète du Japon a fait deux fleurs... La végétation ne végète pas tant que ça ! Même si j'ai bien envie de végéter moi-même. Et j'aime penser que la nuit de Noël était en fait le 21 décembre !
ce l'est presque le 35 est un 21 décalé - bonne fête à tous pourtant - commencé boueuse, le mistral et des roses ont chassé - vais faire ma crèche en bonne laïque provençale
j'aime quand les promenades sont comme celle ci
tilk
Mon beau sapin roi des forêts ...qu'il y reste
Belle soirée à vous
Beau Noël
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