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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, décembre 23, 2011

Marcher en marge de la ville et tâter lecture

suis partie, en début d'après-midi, portant deux draps, un veston, un pantalon et mon plus joli chandail, pour des courses (juste un ou deux détails gourmands pour Noël, que j'oublie par trop), une visite des crèches d'églises, et bien entendu le teinturier.

Suis passée au Roure, ai mis le nez dans les deux pièces consacrées aux santons, mais cette année ils étaient à mes yeux sans grand intérêt, et, après m'être battue avec les portes, ai tenté, par dépit, de photographier une des cloches, qui, grâce à mon chargement, a fui dans le vague.

Et quand, me faufilant malgré ma largeur inusitée, suis arrivée chez le teinturier, ma nouvelle charge (j'avais oublié) : six draps, une parka bien encombrante, un pantalon et une robe a repoussé dans l'impossible la suite du programme (l'achat du canard enchaîné, de bonbons et de cigares a nécessité une petite gymnastique assez comique qui m'a parue suffisante).

Suis retournée vers l'antre, sous un ciel fouetté par un vent assez fort pour me faire reculer un instant en tournant le coin de l'Opéra, mais sans grande violence.

Crise de ménage, balayage de la cour, collecte gravats et feuilles, une odeur de cire pour aller avec le thé, ai terminé « Frankenstein » que j'avais l'impression de connaître sans l'avoir jamais lu http://www.publie.net/fr/ebook/9782814505643/frankenstein, réfrénant (pour cause).

Malgré mon envie de reprendre ma tablette-dernier-joujou et le plaisir, renouvelé et différent de page en page, de la lecture de « Cuisine » d'Antoine Emaz http://www.publie.net/fr/ebook/9782814504356/cuisine, téléchargé le matin, puisque j'avais – c'est tout de même passablement fugitif... il est vrai que je suis censée m'en servir hors de l'antre – une connexion avec la clé 3G, après avoir cédé à un moment de narcissisme, parce que je trouve qu'elle flatte Paumée

Ces notes d'Emaz, « Cuisine » donc, attendues, ouvertes dès que l'ai pu, mais qui, en quelques pages m'ont déjà offert (entre autres) :

« Le poème travaille dans de la langue-pas-encore-pensée ; c’est bien pour cela qu’in fine il n’est pas non plus réductible à de la pensée. Il est là, dans son mouvement de langue innervée par vivre, et il ne demande ni explication ni commentaire. Il est là, dans la même absurdité d’exister que moi, avec, s’il est bon, la même évidence d’être là. »

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« Être artiste, c’est accepter le sans cesse du travail, jamais le même mais toujours du pain sur la planche, y compris détruire, reprendre, attendre. »

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« Ce midi, une courte archive sur Claude Simon : il décrit d’une phrase brève le paquet de Gauloises posé sur la table. Puis il reprend chaque mot employé : « rectangulaire », « bleu », « casque », « gauloises »… en donnant à chaque fois les associations/connotations/évocations que le mot lève chez l’auteur ou le lecteur. C’est à la fois souligner la dignité littéraire possible d’un objet usuel et montrer l’épaisseur de la langue sitôt qu’on entre en littérature.

Ceci posé, je reste persuadé que cette « épaisseur » est bien plus forte en poésie qu’en prose romanesque. La poésie tend à isoler le mot et donc lui donner sa résonance maximale.......

En quelque sorte, favoriser le vertical, le travail autonome du mot, sans perdre l’horizontal car il participe aussi à l’ensemble. »

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l'éducation nationale, vieillir, la composition d'un recueil, les poètes qu'il lit et apprécie et :

« Jardin

Pivoines épanouies : rose chiffonné.

Glas. Effacement progressif et lent du son »

ou

« ..Plaisir à voir les acacias en fleurs. Odeur. D’ordinaire, je ne vois pas cette phase, mais avec leur retard cette année, je la découvre. Grappes blanches finalement assez proches de celles de la glycine dans leur balancement suspendu. Mais une sorte de diffusion de l’acacia dans l’espace alors que la glycine, taillée, fleurit où elle doit. »

avant de revenir à son oeuvre

« Dans Lichen, encore, je mets en tension des régimes de pensée différents, grave et grotesque. C’est renouer avec le mélange des genres ? Il aurait été plus confortable de rester dans le registre sérieux de Cambouis, mais il importe de désacraliser la posture, empêcher l’étiquetage, ne pas s’embaumer. Je suis aussi cela, jusqu’au mauvais goût si nécessaire, le « criard » de Rimbaud. »

etc...

Alors j'ai décidé que je ne le goutterai vraiment qu'à la condition de le garder comme un trésor où venir puiser un peu chaque jour... trop dense et riche pour que moi, avec ma faible capacité d'attention, je puisse vraiment l'apprécier en me jetant dessus et l'avalant d'un trait.

15 commentaires:

joye a dit…

Ah oui, Frankenstein par Mary Shelley, un chef d'oeuvre que j'ai avalé lors d'un vol transatlantique, mais j'ai pleuré - le monstre, c'est le docteur qui rejette sa création, ah vraiment, cela m'a brisé le coeur et encore maintenant que j'y pense.

Excellentissime. Oui.

Brigetoun a dit…

j'avais grande envie de lui coller des giffles

Lautreje a dit…

Oh la belle gourmande qui avale d'un trait !

jeandler a dit…

Une fort intelligente et sensible biographie de Claude Simon de Mireille Calle-Gruber : Une vie à écrire qui vient de sortir au Seuil. Une vie à écrire comme vous l'entendez.

JEA a dit…

Inattendue la photo d'une cloche confondant Noël et Pâques...

Michel Benoit a dit…

C'est fou comme la vibration d'une cloche peut engendrer de flou dans une photo... !

Brigetoun a dit…

en fait là la cloche c'était moi

Michel Benoit a dit…

Ce n'est pas ce que je voulais dire !!!
Mais que l'on sentait la vibration de la cloche dans la photo...

JEA a dit…

@ brigetoun

mais vous n'avez (presque) rien d'un merle ?!?

Brigetoun a dit…

je sais bien Michel, je m'amusais (droit de se moquer de soi-même, l'ami)

Pierre R. Chantelois a dit…

La gamme est porteuse d'accents troublants... de Frankenstein à Claude Simon. Des frissons aux vibrations, quoi.

Laura- Solange a dit…

Je suis dans "Cuisine" aussi...et je me régale!

Dominique Hasselmann a dit…

"Des châteaux ruinés se penchaient au bord des précipices dans les montagnes couvertes de sapins."

Mary Shelley, Frankenstein, 10 x 18, N°219-220, 1964 (dessin de couverture : Jean-Paul Goude).

Mon exemplaire est comme coupé en six morceaux, avec des pages scotchées par des rubans devenus couleur marron.

Décidément, le livre papier, au bout d'un certain temps, ne tient plus la route !

arlette a dit…

Et les pages jaunies........ ou détachées ,mais les annotations permises au crayon fin, retrouvées sans intérêt!!!! et d'autres encore ajoutées le livre papier est un peu un journal intime

Gérard Méry a dit…

J'ai découvert également le joujou que tu appelles la"hui. tablette aujourd’hui