commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, janvier 24, 2012

Bleu de vent – et pillage d'un dictionnaire joyeusement apocalyptique

Monseigneur le vent, point si fort, mais tout de même, m'a saisie – je ne pensais pas à lui -, m'a fait jambes floues, a écourté mes courses (plus cher et pas ce que je voulais)

Monseigneur le vent, pas mistral noir mais tout de même, s'éveillait, a forci, nous a rendu notre ciel,

et dans ce bleu, une gargouille, du haut de Saint Agricol, défiait le micocoulier, qui secouait ses branches, un tout petit peu, avec indifférence...

mais ces deux amples dames, penchaient leurs trop petites têtes, s'échangeaient, perplexes, les définitions de mots, qu'en suivant mon conseil, avaient lues, dans la jubilatoire « petite Apocalypse illustrée » de Josée Marcotte http://www.publie.net/fr/ebook/9782814505780/la-petite-apocalypse-illustrée (statuettes de Maya)

Dans ce dictionnaire (belle maquette de Gwen Cattala je pense, avec une dame soufflant un point d'interrogation, et quelques petites vignettes-détournement de Josée Marcotte), me suis amusée à prendre un mot pour chaque lettre (pas forcément les plus savoureuses, mais point trop longues, mariant les mots-valises, les non-sens, les évidences, la poésie)

« angoisse

n. f. 1. Monter sur ses grands chevaux d'apocalypse. 2. Les vertiges d’infinitude de l’Être.

branle-basser

Se branle-basser c’est savoir se prendre à bras-le- corps, s’emplir de bruyants référents jusqu’à plus boulivresque (Ducharme). Le suicide est une solution trop radicale (Chevillard).

cossin

n. m. Tout ce qui peut remplir le silence.

divertiger

v. 1. de «divertir» et «vertige». Se divertir en vertiges. Je me divertige. 2. de «diverger» et «vertige». Quand le vertige fait diverger. Je divertige vers toi.

eccéité

n. f. du latin ecce «voici, voilà». 1. PHILO. Fantasme d’individuation. Fait que l’individu se voit lui-même et distinct de tout autre. 2. COUR. Mélangez vigoureusement toutes ces lettres et vous trouverez «cécité».

fantôme

n. m. Une marionnette de ficelles et de draperies difficiles à saisir. On dit qu’on peut insérer bien des mots dans les os d’un fantôme.

génie

n. m. Logé quelque part dans le corps, continuons l’exploration. Le génie qui ouvre une carrière se doit de faire impunément de grandes fautes (Voltaire).

hiverdure

n. f. de «hiver» et «verdure». De neiges verdoyantes. Tout poète accueille son hiverdure.

internité

n. f. de «éternité» et «interne». Il importe d’habiter dès à présent l’intérieur de son corps et de son esprit, car c’est là que réside l’infini. Elle est retrouvée, Quoi? — L’internité, C'est le corps allé avec l’esprit (Rimbaud).

joue

n. f. Si pierre te roule sur la joue droite, présente-lui la joue gauche du fantôme (proverbe).

Ya pas de k

lyrisme

n. m. Le lyrisme n’est pas une infection des voix respiratoires du livre.

monde

n. m. Aujourd’hui, c’est le monde tout entier qui se penche à la fenêtre, et la maison bascule. Il est violent de venir au monde, mais il est encore plus violent de naître à son propre monde. Les images n’annulent en rien la sensation de n’y rien comprendre.

néangranger

Engranger du néant.

ouihilisme

n. m. 1. PHILOS. Point de vue philosophique d'après lequel le monde (et l'existence humaine) est truffé de sens et de signes, et qu'il syffit de dire «oui» aux choses et à la vie pour faire advenir les possibles. Vers les années 1993-2010, alors que le développement de la société de consommation avait atteint son paroxysme, le philosophe Kaploutch lançait ce cri d'alarme : «Ce que je raconte, c'est l'histoire des deux prochains siècles. Je décris ce qui viendra, ce qui ne peut manquer de venir : l'avènement du ouihilisme» (XX, 19, Ed. Néo-Candide). L'audience qu'a rencontrée la philosophie dite « ouihiliste », avec ses thèmes privilégiés comme l'apocalypse, la chute et la violence burlesques, les créatures imaginaires (nains, elfes, zombies...), la naïveté consciente, les rêves, les flâneurs-bouffons, l'infini, le livre sous toutes ses formes fabulées, confirme que l'humanité est entrée dans la période de l'après-fin, l'imaginaire allié avec l'esprit. 2. COUR. Disposition d'esprit caractérisée par l'optimisme, le musement et l'émerveillement au quotidien.

penser

Fonction tapageuse. Je pense donc je bruits (Descartes)

Ya pas de Q

rameuter

v. On dit qu’il faut se rameuter le cossin, les Autres. On peut se rameuter le cossin avec une spinouche à couliche et de la pouhane, un peu de picossin et de la roublette (le chef Groleau).

sémiotique

n. f. On dit qu’on ne verra jamais un livre s’intituler La sémiotique greimassienne pour les nuls ou La sémiotique greimassienne expliquée aux enfants.

terrain

n. m. Les mots incarnent le plus vaste terrain de jeu qui soit.

Ya pas de U

vidingue

n. m. Dingue du vide. L’homme est vidingue (Leibniz).

Ya ni W ni X

Yves

prénom État d’esprit indispensable pour le poète. Il faut être toujours Yves (Baudelaire).

zigonner

v. 1. Dessiner une cigogne à la perfection. 2. COUR.

Perdre son temps inutilement. L’instant appartient à ceux qui se perdent tôt (proverbe).

12 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Ce texte est amusant et plein d'humour. Un beau duo. Je retiens branle-basser et hiverdure. À propos de ce dernier : Tout poète accueille son hiverdure.

Dominique Hasselmann a dit…

Brigetounner : avoir la tête dans l'immensité du ciel d'Avignon.

chri a dit…

Réjouissant dictionnaire!

jeandler a dit…

Autre définition de brigetouner : ramer contre le vent.

Mille excuse Dominique mais la perche était tendue

JEA a dit…

angoisse : le facteur ne sonne même pas trois fois...

arlette a dit…

Hiverdure à fait tilt !!!
Penser .....ah!!! "donc je bruits"
en accord
Quant à Monseigneur le vent Il s'incline devant notre "prêtresse"

andree wizem a dit…

dans le bleu du vent
se déploie la transparence
qui se joue des mots

Michel Benoit a dit…

Mais le vent est toujours aussi difficile à photographier !
Photéole
n.f. Image subreptice du mouvement d'une masse d'air.

Brigetoun a dit…

BRAVO Michel

Gérard Méry a dit…

...j'adore ces bons mots, savoureux..qu'importe le flocon pourvu qu'on ait l'Everest (Méry) hé oui

Thaelm a dit…

Quelle violence dans cette couleur du ciel.
porté au fer bleu serait dans notre hiver l'antonyme de au fer rouge ?

Montaigne ne pourrait qu'applaudir ce choix de profiter de l'inhospitalité du dehors
pour découvrir au chaud l'intérieur d'un dictionnaire (trésor de rebonds pour l'esprit)
celui-ci fait envie.

Lautreje a dit…

Ton dictionnaire est un bijou à emporter partout, existe-t-il en bracelet ?