(la forme d’une ville change plus vite, hélas ! que le coeur d’un mortel)
ces indices à peine perceptibles de la saison élue me montent à la tête
l’heure de l’allongement des ombres de l’avenue du maréchal franchet d’espérey
Son coeur avait changé si vite. Comme les motifs d’un tissu sans sa coupe. Dans un rêve citadin. Entre l’oblique des platanes/l’horizontale de l’eau – la géométrie des troncs /le désordre minuscule des mousses - le ciel sur la fenêtre, plus pur que dans le souvenir, avec des collines, des toits, des arbres, un paysage pour recommencer les yeux ou est-ce les yeux qui le recommencent...
Place du petit marché à la Croix-Rousse se dressait une pissotière bleu électrique, égayée par un trompe-l’œil féroce - Là, une femme est passée, elle portait une jupe blanc cassé droite tombant aux genoux, elle portait un léger pull vert kiwi, en V, serré à la taille, elle avait la veste de son tailleur sous le bras. - orpheline de lieu l’odeur du café que l’on prenait en hâte tandis que s’allumaient les tours voisines grilles de mots croisés sans définitions.
Des lettres majuscules se pavanent sur les toits d’immeubles sans âme forment des mots intrigants prégnants sur des esprits fourbus..... Les villes sont les contes que nous écrivons pour croire encore que quelque chose est possible, qu’il y a des lieux où nous pouvons croiser d’autres nous qui seraient autres tout en parlant la même langue que nous, cette langue qui ne se prononce pas et que l’on porte dans ses yeux sans en connaître la grammaire et pas tellement plus les sons. La musique de la ville — des moteurs accélèrent, des moteurs ralentissent – des bruits roulent – bruits de voitures qui roulent, de klaxons qui roulent, de voix qui roulent – moteurs de camions, travaux sur le bord d’une avenue, écroulements de béton sur le trottoir – sirènes (ambulances, police, pompiers) différentes de ce que je connais – plus longues, plus mystérieuses (toujours lointaines), inquiétantes.. Lorsqu’on secoue ce monde, il ne reste que du vide.
Tête droite, à l’aveugle, je déclenche mon regard latéral. Mon regard mort. - des chiens-assis sur les toits couleur gris zingue
Apercevoir la Seine ils en sont pour leurs frais l’horizon couleur gris ciel se limite à des batteries de poteries de cheminées fumant comme des bronchiteuses... s’aspergeant, se frictionnant, embrassant goulûment le carrelage.
aucune trace n’a été conservée, tout à été balayé à grand renfort de pince hydraulique et de dynamite... Tant de destructions pour rien, jadis. Il nous arrive bien de rayer de la carte telle ou telle ville provisoirement ennemie – car toutes nos animosités sont transitoires et motivées par la seule objectivité économique –, mais ne comptez pas sur nous pour renier les droits de l’Homme - (Je pèse chaque terme, j’ai peur du lyrisme, j’ai peur de m’exhiber, mièvrerie, impudeur, les pieds à des endroits précis, seulement les pieds, les mains, pour les voir du vernis vert sapin.)
De temps en temps, un alignement de maisons bourgeoises avec en arrière plan les murailles, les colonnades, les vitraux souvent brisés du bâtiment religieux délaissé... le CentQuatre bâché, bouclé aux regards, semblait vouloir avaler le trottoir, se précipiter sur les corps (passants inattentifs, insoucieux de leur avenir) avant de les jeter sur les rails de la gare – temps déposé en une fine ciselure. Parce qu’invisible et sans nom, la frontière était implacable. On ne la nommait pas, on ne la fuyait pas non plus.
En attendant qu'advienne la ville des deux paix annoncées...foule le gris d'une ville le délié enfin vide.
Conjugons nos talents.
Je voulais faire des phrases longues. Mais tout est cassé, chiffonnier.
Tu es revenu, et tu t’attendais sans doute à retrouver tout cela, intact, miroir de ta mémoire, musée de ton enfance, monument de ta jeunesse dorée. ...Une boutique attirante c'est le magasin Leblas-Rouisse sa vitrine je préfère n'en rien dire le vide.
à nouveau être comme – neuf – déposé sur la plage – par la mémoire – couvert de bris, phrases cassées, heurtées au bégaiement, à la réticence – au ravisement du souvenir, dans sa vague répétée d’arrachage et de herse, toujours brisée au déchiffrement
attardé longuement à la contemplation de la silhouette d’un arbre peinte sur une façade lépreuse. Ombre d’une ombre, immobile et engluée, telle une prière d’asphalte. La douce campagne oubliée, silencieuse avait reflué jusqu’au coeur des égouts urbains. Brin après brin, touffe après touffe, l’herbe recouvre les surfaces sombres.
Le regard qui a changé intègre partiellement cet ailleurs-là, en révèle de légères détériorations monocordes.
un mince jeune homme à barbe blonde, répétant un bonjour énergique mais qui, entendu pour la troisième fois, résonne d’un timbre curieusement métallique - on répond ça va, et ça va pas plus loin..
À hauteur du bureau de tabac, la rue forme une intersection en coupant l’avenue qui mène jusqu’à la gare. Régulièrement, il y a des accidents de la circulation - feux – piétons – vélos – voitures
Dans le ciel – avions et ave maria – pas un mot
L’accès au métro... par un dégagement à l’extrémité de l’impasse l’enseigne M avait disparu prélevée condamnant ainsi les voyageurs à descendre yeux fermés dans l’absence de jaune irradiant.
Un tube, sans doute de dentifrice, quelque chose d’aussi insignifiant qu’un tube de dentifrice ayant évidemment perdu ses couleur,.... incorporé au bitume gris..... Sur la main d’une jeune femme, une tache. Une tache légèrement plus claire que le reste de la main, une forme ronde ciselée... Bris de pare brise germes terre et ciment. Flaques les boues à la base enflée des murs les pierres sèches à l’intérieur pour l’assise... Tubes rouillés-tiges filetée-trous-machines-flaques de boue-pierre-roche...
des écrits, par forcément une littérature, mais un corpus, des images, des dessins, dont le destin est de disparaître.
La ville se transforme lentement et c'est un peu de nous qui se disloque.
Ils ne reconnaissent dans les rues ni le bruit d’une rue ni leurs pas et les choses s’en vont à l’instar d’un bateau qui coule dans le port..
Quelle histoire humaine se déplace dans la ville – quels noms ces herbes au pied des murs – quelle histoire végétale aux pieds des arbres – quelle herbe dans quelle rue quand quelle femme passe... Un carré d’herbe pas loin du carrefour, au centre du carré l’arbre aux dormeuses, là le corps fatigué se couche au pied de l’arbre parfois seule, parfois avec deux ou trois autres femmes errantes.
Défaite, échec et mat, ne reste qu’un terrain vague, vague, vagues de brume, le plat pays, c’est quand la mer ? vague vague le terrain, les camions martelaient le sol, avant, contournaient la fonderie pour livrer leur tonnage de métal, des caisses lourdes de roues, engrenages, vieilles machines à coudre
une grosse femme mendiant à l’entrée du métro (tête affaissée entre ses jambes épaisses. Cornet de journal vide dans la main grassouillette) - un couinement de freins s’emmaillote de ces silences...
un homme mort de froid, en France, où personne n’est mort de honte…
un bout de rue fantôme, avec ses drôles de ruines qu’on préférerait ne pas contempler, qu’on finira par effacer, sur lesquelles on bâtira peut-être à nouveau des maisons et des projets de vie de famille ou de vacances...
toutes ces voix différentes,...
La ville est désormais faite plus de choses qui arrivent que d’objets.
Nous bougeons la regardant, la ville, et plus la regardons moins la voyons en détail, plus s’irisent les contours et s’abroge notre attention. Nécessité conséquemment d’accumuler ces vues, les superposer pour en rendre un crayonné nerveux...
La forme de la ville me prend, mais je m’interroge sur comment j’en décris peu, sur comment j’en décris rien. On ne parvient pas à savoir si c’est la distance ou l’étendue, si ce sont les vicissitudes ou le destin, si c’est une figure ou l’autre qui tranche et propose lecture.
Aucun de ces mots n'est de moi... J'ai pris dans l'ordre les textes du dernier numéro de d'Ici-là » http://www.publie.net/fr/ebook/9782814505544 et en ai arraché de petits brins, tentant de les tresser ensemble.
Indulgence demandée aux auteurs dont j'ai souvent, en prélevant une phrase ou quelques mots, totalement dénaturé le sens et le rythme des textes, sans compter les vers non respectés.
Ce sont donc :
Baudelaire,
Gracq, Jacques Roubaud, Régine Detambel, Claude Ber, Claude Ber, Jacques Ancet,
Sabine Huynh, Nolween Letanoux, Mario Urbanet, Mario Urbanet, Daniel Bourrion, Joachim Séné,
Jérémy Talaison, Cécile Portier, Mario Urbanet, Sandra Hinège,
Elsa Liverani, Laurent Margantin, Sarah Cillaire, Lucien Suel, Anne Savelli, Pierre Minard, Josée Morel-Cinq-Mars, Patrick Froehlich, Julien Pauthe,
Pierre Ménard, Daniel Pozner, Christopher Sélac, Daniel Cabanis, Michèle Dujardin, Nadine Manzagol (2), Béatrice Rilos, David Lespiau,
Sereine Berlottier, Charles Pennequin, Marc Pautrel, Pierre Ménard, Jean-Christophe Cros, Pieree Ménard, Emanuèle Jawad, Isabelle Pariente-Butterlin, Jérémy Taleyson, Virginie Gautier, Grégory Noirot, Jérôme Orsoni,
Pierre Ménard, Jan Baetens, Maryse Hache, Ana NB, Christine Jeanney
Claude Ber (2), Mario Urbanet, Christophe Grossi, Catherine Gfeller, Tuck Context, Guénaël Boutouillet, Benoît Vincent,
Je n'ai pas osé «piquer » les photos et images de (désolée, j'ai dû en oublier qui étaient jointes à des textes) Pierre Ménard, Caroline Diaz, Cécile Carret, David Cousin-Marcy, Mathilde Huron, Martin Brinck, Catherine Gfeller, Jean Philippe Poli, Matthew Cusick, Elsa Liverani, Laurent Margantin, Jasper James, Anne Savelli, Jasper James, Mathilde Huron, David Cousin-Marcy, Julia Pallone, Nicolas Carras, Laurent Sauerwin, Julien Pauthe, Catherine Gfeller, Lise Hascoët, Philippe De Jonckeere
alors, tant pis pour vous... et puis il y a telle abondance de belles, fortes etc.. que n'aurais su quelles choisir
Je n'ai pas tenu compte, honte à moi, des voix ou musique, ou le mélange des deux, de Gilles Amalvi, Cécile Portier, Voxfazer, Éric Pajot, Pierre Ménard, Gwen Català,
ni des vidéos de Patrick Froehlich (elle, si), Cécile Portier, Philippe De Jonckeere.
7 commentaires:
J'ai rien compris. Mais j'aime les images. Y a quoi comme goûter ?
Comme une métamorphose des fluides, ce texte se glisse tel le caméléon à travers une poésie plurielle pour devenir un beau texte singulier. A cette lecture force est de constater le bien-fondé de cette réalité : La ville se transforme lentement et c'est un peu de nous qui se disloque.
Je ne situe pas du tout la première photo... ?
porte Maillot - c'est normal - ou plus exactement sur le côté du centre des congrès
Dans l'intimité des villes...
Je connais et ça me plaît.
Un puzzle ou plutôt une série de puzzles superposés en strates troyennes et où toujours manque une pièce
une pièce que l'on rapièce
que l'on rajoute
un peu ce ciment ici
un peu de colle là
de l'imagination (beaucoup) ici
et l'on se construit sa ville
une tâche à la Joyce
en un jour le monde refait.
Bel exercice de style et de phrases en images le tableau est en place il ne reste qu'à le signer...
Picasso en faisait autant !!!!
il porte Maillot et c'est l'habit qui nie ? j'ai honte !
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