Semblant d'activité

un jeudi matin, sous ciel gris ou bleu, si pâle qu'il ne savait pas, en hiver tout doux -

je portais gros sac bien trop lourd, draps, housse de couette et drap de bain géant, trop pour sécher dans l'antre -

et j'en étais entravée, comme les tables et chaises, prisonnières rencontrées – restes d'une douceur de vivre, sans calfeutrement

Après avoir fini, dans le creux de l'après-midi, de traverser la Sibérie et l'extrême orient russe, dans l'huis-clos du transsibérien, avec Hélène qui, fuyant, aide Aliocha à fuir l'armée, dans ce monde qui suit la courbe de la terre

«Toujours le même déploiement lent et massif du paysage, toujours la même foulée calme du train, soixante kilomètres heure c'est une vitesse idéale pour voir se lever les montagnes qui désormais agitent le paysage, pentes décisives tapissées de résineux sombres qui dévalent vers les rails, royaumes des ours. Au sortir d'un tunnel, le relief a envahi la vitre et occulté le ciel tout entier, laissant au voyageur le soin d'inventer le hors-champ le plus plausible pu le plus fou» («Tangente vers l'est» de Mayliss de Kerengal)

suis partie, dans un début de nuit étonnement doux – la présence solide et calme de Saint Agricol

l'élan lumineux de Saint Pierre – vers la librairie «la mémoire du monde» pour saluer Éric Pessan, puisque je n'irai sans doute pas, de l'autre côté du pont, à Villeneuve, et qu'il venait jusqu'à nous, délaissant sa cellule,

écouter Christian Garcin présenter, avec la chaleureuse et attentive libraire, principalement, le livre écrit avec Éric Faye : «En descendant les fleuves (carnets de extrême-orient russe)»

«Partis de Iakoutsk, la plus grande ville au monde bâtie sur le permafrost, et naviguant sur la Lena jusqu'à Tiksi, port à demi abandonné au bord de l'océan Glacial Arctique, Christian Garcin et Éric Faye ont parcouru des régions ouvertes depuis peu aux Occidentaux, sur lesquelles rares sont les auteurs à avoir écrit. En descendant les fleuves est aussi une pérégrination, de Khabarovsk au Birobidjan et à Vladivostok, aux confins du monde européen et de la Chine, sur les traces de Kessel et de Dersou Ouzala.» (présentation de l'éditeur – Stock)

« Ce panorama de la désolation aux confins de la Russie et de la Chine est une eau-forte, une taille-douce, amère, gravée par deux écrivains en voyage, la nonchalance écarquillée, dans la grande tradition des Bouvier, des Chatwin, dont les récits sont de purs objets littéraires, loin des guides contingents.

Faye et Garcin firent donc ce voyage ensemble. Et le livre. Ils écrivirent ces carnets de concert et d’une seule voix. Ce livre qui dit « je » à chaque page (à part un ou deux « nous » qui échappèrent à la révision) se lit comme le récit d’un promeneur solitaire, sans que jamais ce « je » évoque son compagnon de voyage » (le Magazine littéraire) –

ainsi qu'un beau livre de photos avec des textes d'écrivains amis : «le minimum visible» et d'un tout petit livre, plus ancien, qui m'a paru séduisant, écrit en contrepoint avec Pierre Autin Grenier «quand j'étais écrivain»

rencontres – embrassades – échanges – un agréable moment, mais me suis éclipsée, sans acheter et faire dédicacer le livre (nous étions trop nombreux - on verra plus tard, sauf pour la dédicace), pour tourner le coin de la rue

et aller, en face du Conservatoire qui se vidait de ses derniers élèves,

«chez Françoise» (un endroit agréable, et le café est très bon) où un ami organise un «café politique», un peu pour me rendre compte.

Le thème était «les services publics» - l'invité était un des organisateurs de la marche de Guéret il a quelques années (protestant contre la dévitalisation de la Creuse), un dessinateur croquait les idées de temps en temps pendant les échanges, et cela soutenait l'attention quand l'intérêt faiblissait.

Plus des témoignages que des raisonnements (à l'exception d'une jeune femme qui fait partie d'une organisation dont je n'ai pas retenu le nom) mais témoignages intéressants, un tâtonnement qui n'arrivait pas à déboucher sur des propositions, l'assistance (moyenne) étant de cultures politiques hétérogènes et parfois nulle, mais un cheminement.

Je me suis inscrite à l'association, pour apporter mon soutien à cette initiative, et peut-être pour plus. Une formule qui se cherche un peu mais d'une certaine tenue.

Voilà, voilà.