J'engraisse
et bouge peu –
lavage
du sol - cire sur meubles (parce que plaisir) – en un peu plus
d'une heure, enfiler deux aiguilles, les mains tremblantes, et le
coeur en vertige, coudre deux boutons, dont l'absence était par trop
évidente, sur vêtements trop récents, pour y renoncer – envoyé
compte rendu, que trouvais mauvais, qui est accepté, ô gentillesse
– tourné autour du vase (le communicant), thème séduisant, fait
pour moi, incapacité grande, timidité, ou mon incapacité - porté
tas papiers (en constante prolifération, malgré le numérique) aux
remparts.
Le
soleil, la douceur, un ciel bleu, salué le mirador, ou cet étage
qui me fait rêver.
Profite
de ce rien, pour tenter d'inciter à la lecture (une de mes dernières) du
fort et beau dernier opus de Lutz Bassmann «danse avec Nathan
Golshem» (en recyclant lâchement ma petite note sur Babellio) (et
j'en ai pris un passage pour Brigetoun, mon blog-textes
http://brigetoun.wordpress.com/2012/02/21/le-diseur-public/
)
À
date fixe, dans la mesure où l'état de décomposition du monde le
lui permet – donc à quelques jours près -, Djennifer Goranitzé
se rend sur ce qui pourrait être la tombe de son mari Nathan
Golshem, danse en tapant le sol jusqu'à ce qu'il vienne à elle,
«Elle
n'avait plus d'âge, et plutôt qu'un reste d'existence avant son
propre décès ce qu'elle parcourait désormais était une éternité
fractionnée mais circulaire, avec des périodes de sommeil, des
trous noirs, des surgissements de conscience, des évanouissements,
des plongées dans l'au-delà, d'interminables voyages et, pour
marquer la fin d'un cycle, des retrouvailles rituelles et difficiles
avec son mari, ou du moins avec l'ombre qui se matérialisait devant
elle pour parler avec elle et se souvenir.»
et
pendant quelques jours, dans une cabane qu'elle recrée chaque fois,
ils se souviennent, évoquent ou créent les compagnons, les
événements de leur vie de lutte.
«La
côte était en principe contrôlée par des troupes placées sous
mandat international, au-delà d'un no man's land où l'ennemi avait
réalisé un programme d'éradication de la pauvreté et donc des
pauvres. L'éradication n'avait pas été menée avec un gant de
velours, et, quand on devait parcourir la région, il valait mieux
avoir un caractère bien trempé et l'habitude de contempler des
horreurs.»
Un
texte d'une construction affirmée (alternance de chapitres plus ou
moins courts intitulés danse ou du nom d'un personnage), mais
souple : l'alternance n'est pas régulière, deux épisodes pouvant
intervenir entre deux danses, rendant plus musical le rythme.
Une
langue inventive, sensible et claire, un monde dont le post-exotisme
nous semble peut-être tout spécialement proche cette fois.
«Les
slogans nous incitaient à respecter notre prochain et, si possible,
à l'aimer, en particulier s'il était riche ou hiérarchiquement
supérieur à nous, ou membre d'une communauté ethnique non
sous-humaine. Nous n'avions pas le temps de les lire tous, car nous
étions occupés à nous habiller, mais nous devinions au-dessus de
nous leur présence autoritaire.»
«Avec
une générosité un peu ostentatoire, ces individus nous
distribuaient les surplus périmés de leurs métropoles impériales,
leur viande en flocons, leur lait granulé, leurs produits rances,
leurs peluches grotesques, leurs médicaments de récupération, leur
commisération, leur foi en des dieux incompréhensibles, puis, bien
plus au courant que nous des choses du monde, ils s'écartaient à
temps pour échapper aux bombes.»
Et
toujours la jouissance de ces noms de personnages, des listes, des
rebondissements de qualificatifs en qualificatifs, le côté «misères
de la guerre de Callot» et l'humour que le couple revendique
d'ailleurs comme dans la litanie des motifs de poursuite et
condamnation qu'ils inventent comme dernier échange
« Séjour
immodéré en auto-tamponneuse.
Non-respect
de la législation sur les maladies tropicales.
Passage
de troupeaux hors saison.
Assistance
à animaux en cage ne la souhaitant pas.
Atteinte
à la sûreté de l'état.»
Texte
salubre, et texte poétique où rien ne peut être tenu comme
certain, le monde où eux et peut être nous évoluons, et même pas
le retour de Nathan Golshem.
Texte
également plein de tendresse et de lyrisme
«Nous
avions soudain pénétré au coeur de la nuit et de ses beautés,
nous percevions ses chuchotements miraculeux, nous avions au-dessus
de nous la majesté de l'univers, son silence bouleversant, ses
scintillements, ses gouffres et ses distances non mesurables, et,
infiniment loin des caves et des guerres humaines, nous savions que
sur des planètes inconnues prospéraient des peuples ayant à jamais
établi chez eux l'égalitarisme.» et chant d'un amour.
Partie
dans le soir,
contre
un petit vent qui tentait de se faire respecter,
et
en suivant la descente de la nuit,
vers
la librairie «la Mémoire du monde»,
pour
écouter Louis Castel, surtout, et Sylvie Durbec, un peu, lire des
passages des deux traductions par cette dernière des livres de Marco
Ercolani et Lucetta Frisa Âmes inquiètes (leur
beau récit de la rencontre avec les patients «aliénés»)
et J'entends des voix
(retranscription de monologues
des dits patients entre décembre 2006 et février 2008)
textes
beaux et forts, admirablement rendus par Louis Castel (qui y a
ajouté, comme cousins, des passages de Novarina) en dialogue enjoué
avec Sylvie Durbec.
(Textes
et traduction évoqués par Sylvie Durbec, citant d'importants
passages, (pour j'entends
des
voix)
http://remue.net/spip.php?article4583
et Jacques Josse (pour âmes
inquiètes)
http://remue.net/spip.php?article4583)
Je
me suis limitée à j'entends des voix,
parce que les passages cités sur Remue.net m'en avaient donné le
besoin, pour le plaisir aussi de la jolie édition qu'en donne le
gentil Daniel Labedan (éditions des état civils) à côté duquel
les ai écoutés.
Et
puis retour dans la nuit tombée, un reste de vent, petit tour sur le
site de la revue des États civils que je découvre
http://etats.civils.free.fr/,
petit tour internet, et souper avec la fin du livre en cours et un peu de
ce nouvel entré.
11 commentaires:
Les nourritures littéraires consolent de ces obligations domestiques. Et vous avez été bien comblée en cette belle journée de fréquentation des mots et des lectures. Et sous un ciel si bleu... si bleu...
Traductions... le mot évoque et la nuit remue.
" Un reste de vent " et ton objectif troublé, des larmes plein son oeil...
Vivre, livre, ivre, riches rimes...
Totalement insipide...
merci de votre franchise
Merci de votre présence!
Sylvie Durbec
Re merci du partage ... pour tout ce que je ne connais pas Tu es une mine d'or (avec ou sans rime )
...au contraire je trouve que tu bouges..regarde tes photos d'aujourd'hui. (plaisanterie gratuite) ...tu me connais.
je bouge mal
Merci... merci j'entends les voix de ces âmes inquiètes... ces voix que je reçois au creux de l'âme... merci
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