Plus
de patates, morue en baisse mais suffisante pour trois ou quatre
jours encore, plus de produit vaisselle, bidon d'huile presque vide,
plus de légumes, plus de cigares, plus de bonbons, mais moins de
froid, en principe (carcasse disait non mais elle n'est pas toujours
fiable), et quasiment plus de vent.
Ai
tiré sur les manches de deux chandails pour qu'elles ne remontent
pas dans celles de la canadienne, ai bien sanglé mes
bottillons, ai noué un grand carré de laine sur ma tête et remonté
le noeud sur mon menton, pris des gants, et m'en suis allée vers la
rue de la République.
Mais
j'avais tardé, et puis en sortant je l'ai vu, lui, blessé des
rafales de la nuit, les drapeaux de l'hôtel ont claqué, j'ai ôté
mes gants pour fixer sa douleur, m'en suis pénétrée, ai décidé
d'en rester au petit Casino où j'ai trouvé peu de choses, de
qualité petite mais acceptable, et m'en suis revenue piteuse,
m'injuriant pour ma lâcheté, face à un petit reste de bise qui piquait
mes joues et faisait pleurer mes yeux, mes trop sensibles petits yeux
de cochon (quoique, de quelle couleur sont les yeux de cochon ?
Ont-ils cette teinte de châtaigne desséchée, pâlissante ?)
Ai
acheté les petits cigares de moindre goût qu'offre le tabac juste
voisin de ma porte, bu le café bien chaud, pour ne pas savoir
que point n'a de goût, du nouveau patron, et j'ai regagné l'antre.
Cuisine, déjeuner roboratif, lavage de cheveux
et
méditation, assise devant l'ami mac, recherche de nouvelles vécues
et recoupées sur la Grèce, navrance sur le peu que trouvais sur le
Portugal, colère froide devant l'obstination de nos seigneurs et
maîtres entêtés dans des théories économiques éreintées et
nocives, désespérance devant l'impossibilité de l'union des
peuples européens contre ce suicide dans lesquels sont entraînés,
et, au contraire, ces réactions nationalistes qui font tant
l'affaire des puissants sans qualité..., tentative de me motiver
pour parler d'un livre, et impuissance provisoire...
Avec
tout cela une très bonne humeur, ben oui...
et
un papillonnement entre des lectures qui toutes me tentaient, et
entre lesquelles ne pouvais me décider.
Je
me demande si en taillant le citronnier je pourrais le ressusciter ?
Voilà
le billet le plus parfaitement dissuasif, je pense, que j'ai jamais
commis.
16 commentaires:
Sorties difficiles en ce moment. Désespérant ce vent !
Le vent s'encanaille avec l'hiver pour nous rendre la tâche plus difficile. Et il laisse derrière lui de vilaines traces sur les pauvres humains que nous sommes. Courage
Plus de patates chez moi non plus. La neige qui s'est remise à tomber cette nuit va m'empêcher d'arriver jusqu'au marché....
Bien possible que le citronnier démarre une nouvelle vie après une taille mais...il vaut mieux peut-être attendre un peu..qu'il n'y ait plus de gelée...
Ici froideur, là-bas chaleur (incendies).
La politique vis-à-vis de la Grèce : l'Europe comme un pompier pyromane.
Voilà les résultats de la politique du FMI, entre autres : tiens, bizarre, on n'entend pas les "conseils" de Christine Lagarde.
Les citrons rappellent aussi les oliviers d'un pays où naquit la démocratie.
Les cochons ont des yeux assez humains (on peut en faire des greffes) et de couleur bleu ou marron, tout comme les humains.
Avis pris auprès de "spécialistes" :
- "En pot, il est préférable de contrôler la croissance en taillant régulièrement.
Réduisez chaque nouvelle pousse de moitié environ en prenant soin de couper juste au dessus d’une feuille.3
Le redoux arrive, on nous le dit. Tenir.
en tout cas un temps qui donne sommeil - m'étais rendormie accoudée (courbatures là, provisoires)
Merci Tanette oui je pensais après, le pauvre, ne pas lui faire subir tout en même temps
Dominique : l'olivier est à côté et il est fou, se prend pour un cyprès, mais survit
les yeux de cochons sont tendres et généreux. Le cochon donne tout de lui !
je confirme : animal sympathique - me souviens d'un premier cochon élevé pour avoir viande au congélateur que l'on avait nommé Marcelin (homme politique que nous n'aimions guère), le second après avoir vécu avec un cochon a été baptisé affectueusement Jojo (boulotté de même par ailleurs)
C'est en mars que l'on taille dit le "spécialiste" et tout ira bien !!
Entre 2 lignes je te lisais( encore endormie !) lectures qui me ressuscitaient!!raccourci amusant ce qui est vrai ainsi que pour le citronnier
Rien ne va plus
où est donc passée l'intendance ?
Elle ne suit plus.
Un désastre, une Bérézina.
À propos du cochon !
Michel merci pour le lien - idiot je ne passais plus chez l'anti-fada - apporté mon entier soutien à la cause des cochons
Au contraire, j'ai adoré ce billet, plus, bien plus d'humanité dedans que n'en contiennent d'ordinaire quelques lignes. Sauf votre humilité, vous êtes une grande Dame.
à la veille de gros pépins ton citronnier
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