mercredi
suis partie, puisque vent n'était plus - un peu de nuages, en tas au
loin, annonçaient la douceur, ou simplement que moindre serait la
morsure – faire mes courses au Carrefour.
Point
ne l'ai fait.
Sur
le chemin du retour en portant mes sacs, vu jeune femme qui se
gelait, dans le Comptoir des Cotonniers, et suis entrée, chercher,
dans les soldes de soldes de soldes, un gros chandail. Ai trouvé une
canadienne, seule chose de ma taille, bien classique et bien chaude.
L'ordinateur s'est réchauffé, longtemps nous avons frotté ma carte
– nous parlions pour jouir de tuer le temps - ai pu payer.
Suis
rentré pensant que j'irais, en ce jeudi, porter mon sac, bourré de
linge et vêtements, jusqu'au Vieux Sextier et au teinturier.
Point
ne l'ai fait. Je suis restée, froid légèrement ou plus en mon
corps, froid en mon coeur malgré rire noir. Eternité de cet hiver.
La
journée est passée.
Avais
concert le soir, qui ne me tentait que modérément – était piano
romantique, mon trou en musique, surtout quand il a nom Chopin.
J'étais tentée de renoncer
Point
ne l'ai fait. Ai mis pantalon et chandail kaki, un blazer de velours,
un manteau de laine grumeleuse, et feutre noir (mauvais choix que le
vent a pris pour un défit) et m'en suis allée,
cramponnée
d'une main au chapeau, de l'autre à tout ce qui permettait de
s'agripper dans la rafale de la rue Molière.
La
salle était pleine. Je me suis déplacée pour m'installer derrière
une jeune troupe (oh les textos pendant le concert!) de façon à
être face au pianiste.
Nikolai
Lugansky donc et une Brigetoun disposée à tenter de dépasser cette
« réserve » venue de mon adolescence devant Chopin
(jugé, du haut de mes seize ans parfois imbéciles et très têtus,
racoleur).
Bienheureux
début avec Brahms, les variations opus 9 sur un thème de Schuman,
sentimentales bien sûr mais surtout petite merveille de
construction, d'équilibre entre es différentes pièces.
L'extrême
jeunesse apparente de Lugansky qui se tempère, devant le piano, la
maturité filtrant et lui rendant son âge. Sa façon de lever la
tête, un peu sur le côté, comme à la poursuite des notes.
Puis
Chopin, l'amabilité et le charme du début de la barcarolle en fa
dièse mineur op. 60,. Le jeu « propre » du pianiste qui
m'a fait plus que supporter, aimer, le lyrisme du développement
(contrairement à trop d'autres pianistes il ne sollicite pas la
musique pour exhiber sa sensiblerie et son brio, il la sert et la
laisse agir)
Nocturne
opus 27, les deux parties, grands morceaux qui m'ont presque vaincue
et
la ballade n°4 en fa mineur , la belle hésitation du début.. mon
ennui léger ensuite devant tant de beauté déchaînée.
Un
entracte en flânant devant les oeuvres (quelques dessins que j'ai
vraiment aimés mais impossible à photographier) de Lenka Hornakova
Civade, et Listz
le
romantisme de la vallée d'Obermann,
le
très joli, recueilli et souriant Sposalizio
les
jets d'eau à la Villa d'Este, virtuosité, mais harmonie,
mouvement...
et
pour finir, ce qui me motivait le plus les études pour exécution
transcendante n°12 (chasse-neige)
et la terrible n°10 en fa mineur
(j'ai
trouvé la vidéo en faisant un tour sur you-tube au moment de
m'arnacher pour tenter de me mettre en attente)
10 commentaires:
La canadienne fera plaisir à l'un de vos visiteurs assidus !
Et bravo pour le choix du "Chasse-neige" de Chopin.
Dominique
Vous avez bien raison. rien de mieux qu'une canadienne pour garder pour soi une bonne chaleur en ces temps de dangereuses engelures.
Brigetoun
Textos pendant le concert, singulièrement déplaisant. Et le bonheur est d'avoir assisté au concert jusqu'à la fin :-)
suggestion
pour que le vent ne cherche plus à effacer le feutre
le garnir intérieurement d'une bande en liège
(malaisé de vous l'envoyer par la pote, un colis sur deux n'arrivant jamais chez vous)
J'aime bien tes critiques musicales...
Canadienne ? croyais que ce nom n'existait plus .... un must
Piano ? toujours mais mon attention ne dure pas toujours aussi longtemps savoure par petit espace
Merci aussi pour "tes critiques musicales"
Pour le froid dans le corps, la canadienne était tout indiquée mais pour le froid dans le coeur, le concert a t'il été efficace ?
Vous avez des jolis riens, on dirait des silences, ou des soupirs.
Texto = paire de claques ? Non; daté, vieilli...
Bienheureux les temps des textos: plus de sonnerie de téléphone pendant les concerts!
la sonnerie les gens l'éteignaient - la lumière de leur écran ils n'en ont pas conscience
Il est en transe le pianiste ! !
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