Sous
une lumière voilée, dans le frais d'un air qui ne jetait plus mes
plantes à terre, mais remuait, chargé de froidures, très haut
au dessus de la ville, avec des mini bourrasques s'échappant pour se
rappeler à nous... après avoir constaté qu'une ordonnance
arrivait à sa fin, avoir pris un rendez-vous - et pendant deux jours
mon humeur ne sera pas corrigée - avoir estimé les distances, mes
forces, l'intensité de mes désirs de voir, et ce qui me restait de
chevance surtout,
m'en
suis allée au théâtre, qui est fermé le lundi pour confirmer une
venue et prendre une place de théâtre, ce que n'ai pu faire, bien entendu, et, à
côté, à l'espace Vaucluse, à la billetterie des Hivernales,
acheter trois billets, pour ne pas passer totalement à côté de
notre petit festival de danse.
Gentillesse...
quelques écrans posés au sol, pour animer, plus que pour voir la
vidéo de Martine Derain (une performance Trajets de vie tournée
à Valladolid, Paris et Séoul, images attirantes mais pas
suffisamment pour que je m'arrête, me penche ou m'accroupisse, et
reste pour suivre ces mouvements autour de bancs, terrasses, etc...,
plantée seule au milieu de l'espace, en fin de de matinée, à côté
d'un groupe jeune, qui leur tournait le dos mais me semblait plus à
sa place que moi)
et
une exposition de quatre ou cinq grands panneaux
de
Jean-Antoine Bigot, chorégraphe et danseur de la compagnie
Ex-Nihilo, et ma foi peintre non sans intérêt (aimé la force de ce
visage)
et,
là, je me suis attardée, de longs instants, devant eux et les
petits tableaux.
La
place de l'horloge était désertique, ou presque, on finissait de
dépiauter le manège...
suis
rentrée sous ce blanc léger percé de bleu, dans ce début de
tiédeur aigre, avec cigares, journal, patates et morue de
supermarché.
Et,
pour le reste du jour, suis restée entre projets vagues, trop de
désirs de lecture qui se bousculaient et s'anéantissaient, la
certitude de mon inutilité incapable, et la contemplation, forcément
floue, de la monture des lunettes posées sur mon nez, pendant
qu'ondoyait le vide de mon crâne...
Repris,
tout de même, en petites incursions, mon errance dans Shanghaï,
l'idée de Sanghaï, les images du passé, des légendes, le présent,
le futur, l'urbanisme, la sémiologie, l'anthropologie, la cuisine,
toute la richesse du No City Guide, monde fabuleux à se procurer chez
Urbain trop urbain
http://www.urbain-trop-urbain.fr/avis-de-parution-du-shanghai-nø-city-guide/ :
picorant au hasard (en commençant par ce qui est indiqué comme
bref), dans les différentes parties : Mythologies, épreuves,
allures, seuils, contrefaçons, dérives...
En
rêver avec Pierre Ménard, à travers la Dame de Shanghaï, faute de
connaître la ville et puisque
«Les
concessions de Shanghai sont gravées dans les fantasmes occidentaux
depuis les années 1930. Le cinéma, la littérature, la bande
dessinée, ont forgé la mythologie de cette ville fabuleuse et
décadente.» l'atteindre à travers « un univers
d’images et de formes à la limite de l’onirisme»
regarder
les photos d'Alain Delorme
(chargements-amoncellements-sur-cycles) et autres,
découvrir
le 1933 «espace en attente de désenvoutement» avec Matthieu
Duperrex :
«Le bâtiment maître concilie l’inquiétante
étrangeté du panopticon au jeu de piste des allées, des escaliers
ou des rampes qui n’étaient autrefois qu’à l’usage des
cochons…», et circuler dans le beau, le passionnant texte
d'Andrea Palmioli «micropolarités» «Alors que l'architecture
se renouvelle constamment de machines singulières, le foncier est
porteur d'une lenteur. Cette vertu de résistance, il faut la
dénicher par-delà les trames de la modernité, jusque dans les
usages du lieu.» -
lire
l'histoire de la tour calcinée en regardant les photos de Thierry
Girard (retrouvées
après sur http://www.urbain-trop-urbain.fr/tour-calcinee-stele-du-temps-present/,
aimer les croquis de Félicia Révay ou Maria Garcia Méndez, les
photos anciennes, découvrir le Shanghaï rural, goûter l'éloge du
fade, la déclinaison des cinq sens ou les portraits de gens de
Claude Dutrait etc...
Il
y a tant à voir, comme les très belles photos de Yang Hui Bahai
(j'ai trouvé celle-ci, qui est dans le guide, sur son site
http://www.yang-hui.net/FR/3-photo
« Je ne suis
pas un reporter de la Chine, de l’Afrique ou de la France, mais un
photographe qui fixe la réalité qui l’entoure. Mes photos ne sont
ni tristes, ni chinoises, ni étrangères ; elles représentent
simplement le monde tel que je le perçois à travers mon objectif.
Après vingt ans de peinture abstraite, la photographie dans les rues
de Shanghai m’a ramené à la réalité et m’a forcé à une
réflexion sur l’humain, le vivant, le réel, et moi-même.» et
à lire, comme «le promeneur du Bund» de Chen Danyan (traduction
Emmanuelle Péchenard, à la recherche du passé et du présent de la
ville et de ses habitants:
«Ce ne sont pas des gens simples, leur vision du monde est à la
fois vaste et fermée, ils ont une énorme capacité à accepter les
changements et pourtant ils font la fine bouche devant n’importe
lequel d’entre eux. Dans leur cœur alternent motifs de fierté et
tourments de l’humiliation, la soif de miracles et l’opportunisme
instinctif.»
etc...
sur 677 pages plus les tables thématiques
10 commentaires:
(...) trop de désirs de lecture qui se bousculaient et s'anéantissaient (...)
Une table de chevet bien garnie. Il vaut mieux une attente de lecture qu'une absence réelle d'intérêt de lecture.
Shangaï ne serait donc qu'un miroir avec sa fameuse scène à répétition dans l'image : et la tour Eiffel, une idée du pointu (une barque ?).
ne prend aucune place sur la table de nuit ce fichier - posé c'est le jubilatoire "vice caché"de Pynchon
J'ai appris "chevance".
Il fallait aller le chercher celui-là...
Confort de pensées en lisant tes notes sur Shanghai et retrouver des photos prises simplement qui des années après restent fortes de sensations j'aime "réflexion sur l'humain ,le vivant, le réel et moi-même"
Merci en ce matin givré de blanc dans cette campagne solitaire
Une belle note dans le monde de Shanghaï, un monde obscur et grouillant de vie
Je connais le Japon pour y avoir vécu, mais il me reste encore la Chine à découvrir... mais en commençant plutôt par Pékin...
Je reconnais Orson Wells sur la photo, mais pas la femme, qui nous en dit long sur le rôle des femmes au cinéma.
D'Avignon à Shangaï, deux idées de ville, des histoires en plus ou en moins. Mégapole, micropole, nécropole, tout dit de même.
les photos d'Alain Delorme et de Yang Hui Bahai à creuser sur le net, merci du tuyau
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