Ce
serait au dessus de nous, suspendue, laissant juste une petite marge
de liberté d'un bleu jaspé au dessus de l'horizon, une gigantesque
courtepointe, matelassée, brodée, douce aux yeux, comme d'un lit
d'aïeule dans une chambre de campagne, et je décidais que les
squelettes de lavande, entre Rhône et route, embaumaient encore,
comme les petits sachets glissés entre les piles de draps dans une
grande armoire. Et puis comme la chambre et l'armoire n'existaient
que dans un fugace caprice de mon imagination, comme ce confort était
finalement légèrement inquiétant, j'ai regagné mon antre.
Jambes
tendues devant moi, dos au mur, sous la casserole de cuivre et la
petite maternité, et au dessus du radiateur, n'ai rien fait - devient
loche (d'où le paragraphe céleste venant d'un convoi des
glossolales http://leconvoidesglossolales.blogspot.com/)
ai
regardé d'un oeil vague la tranche du muret de la cuisine, face à
moi, pensé, une fois de plus, que son état, piteux lors de mon
arrivée, ne s'améliorait vraiment pas et qu'un coup de peinture
serait utile.... terminé les retrouvailles légèrement jubilatoires
avec «le formidable évènement» de Maurice Leblanc
http://www.publie.net/fr/ebook/9782814505841/le-formidable-événement
(souvenir
de ce trajet Cholet/Paris pendant lequel j'avais tenté de le
raconter à mon père et chauffeur, aimablement et affectueusement
distrait, et oubli total de l'histoire sauf cette idée : la Manche
enfuie, la liaison terrestre entre Angleterre et France) et me suis
plongée dans «le vieil homme et la mer»
«Il
s’endormit très vite, et rêva d’Afrique, quand il n’était
qu’un garçon, avec les longues plages dorées et celles de sable
très blanc, si blanc que l’œil en faisait mal, et les falaises
des caps et au fond les hautes montagnes sombres. Il revenait se
promener sur ces côtes toutes les nuits désormais, et dans ses
rêves il entendait le grondement des vagues et voyait les bateaux
indigènes les traverser. Il sentait le bitume et l’étoupe du pont
quand il dormait, et il sentait cette odeur de l’Afrique que la
brise de terre apporte au matin.»
http://www.publie.net/fr/ebook/9782814505964 en plaisir (avec le très vague regret de ne plus avoir depuis
longues, longues années ce livre pour comparer ce premier contact et
cette nouvelle lecture dans la traduction de François Bon)
8 commentaires:
"les petits sachets glissés entre les piles de draps dans une grande armoire" : retrouvé il y a quelques jours, dans une boutique Naturalia (groupe Monoprix), du papier d'Arménie que l'on faisait brûler dans les chambres, et ce parfum d'enfance, madeleine de fumée.
Dominique m'a précédé et son commentaire également. Ces petits papiers d'Arménie diffusaient des parfums d'une enivrante puissance. J'ai vu chez mes grands-parents cette grande armoire ouvragée en pin dans laquelle se glissaient ces petits sachets sous les draps...
et dans nos grandes armoires nordiques
des tresses de lavande
dans de petits sachets de tissus brodés
Rêver de mer, d'Afrique, si fort qu'elle viennent à nous réchauffer nos jours. Pour l'instant le redoux promis n'est pas encore pour nous.
Belle abstraction la 2ème image ...
Rien n'empêche de se re faire ces petits sachets à cacher au fond des tiroirs
j'en ai des achetés, des offerts, des faits
Ton plaisir des mots, celui d'écrire tout en vivant, est contagieux. Je me demande s'il est bien raisonnable d'avoir un tel plaisir à te lire , à te l'avouer aussi. Tant pis, c'est fait.
Amitiés,
Roger
me suis plongée dans la mer.... et le vieil homme alors ?
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