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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, mars 12, 2012

Inapte à la chaîne Avignon/Lyon – rester avec Jean a dit deux fois


Jean a dit «il y a la lumière» – et ce fut un sourire, et ce fut, par la fente des persiennes, un rayon qui s'est posé sur le carrelage, qui a lavé le rouge terne, qui a fait chanter le rose, les défauts, et les taches de vieillesse étaient parures, et, vers le milieu, un rapetessage se baignait d'ocre, de jaune soufré, et la terre cuite murmurait des contes de grand mère, sous la caresse du rayon où dansaient des grains de poussière.

Jean a dit «il y a les violons, les violoncelles, les luthiers», il y a le choix des bois, il y a la forme qui a perdu au fil des siècles l'angle du manche, il y a le vernis, le chatoiement veiné, il y a les grands luthiers italiens Antonius Stradivarius, Paolo Maggini, il y a un violon de Louis Mangenot de 1830 au courbes pleines, un violon presque noir de Marchal un peu plus vieux, et un blond très clair de Claude Chevrier, aux lignes un peu raides, et ils sont tous les trois de Mirecourt, un brun sombre presque mort au timbre chaud, de Hopf, un classique de Charles Gaillard à Mirecourt de 1867, restauré, un beige doré foncé de François-Hippolyte Causse de Neufchâteau, un H. Clotelle de Mirecourt, presque rose, un caramel sombre de Franz Petz ou son entourage, qui date de 1764 et dont les ouïes sont contournées avec charme, il y a le galbe des voûtes, il y a les filets en ébène, en poirier, en baleine, il y a si l'on veut les parties blanches en houx, en charme ou en buis, il y a la barre d'harmonie, la caisse de résonance, les éclisses, les tasseaux, les coins, il y a la taille de la volute, le chevillier, le sillet, les chevilles et la touche, il y a la colle et puis l'encollage de gélatine ou blanc d'oeuf sous le vernis, il y a le bouton et puis il y a l'âme, et il y a les cordes. Il y a ceux qui fabriquent l'archet, et celui qui le choisit. Il y a aussi les mains toutes les mains, jusqu'à celles de l'instrumentiste, il y a l'apprentissage, l'amitié entre l'homme et l'instrument, il y a moi qui essaie d'écouter.

depuis deux jours (depuis un peu plus tôt d'ailleurs, inconsciemment, puisque ne m'étais pas inscrite) étais dans la mauvaise humeur, mauvaise conscience, mais pas tant – le côté futile de ces manifestations, entraînement, bonne conscience – mais tout de même si... parce que balancée entre évidence du témoignage-participation-à-la-chaîne-entre-Avignon-et-Lyon, et, en petits assauts constants, des bonnes et mauvaises raisons de ne pas tenter : pied cogné et vaguement douloureux, carcans fictifs mais ressentis autour des chevilles, mal au bide, équilibre et forces sujets à caution bien que presque « grosse » en ces jours, pas de voiture, et les encore plus piètres : point de départ éloigné d'une grosse demi-heure, rendez-vous à l'heure où je finis de préparer déjeuner, nécessité de digestion avant de se lancer... bon, c'est pas bien suis restée dans l'antre.
Pour ne pas m'éterniser dans ma maussaderie stupide, assumer ce choix, ai entrepris des regroupements de livres, soit une longue évolution de la pagaille, sans résultat notable mais avec plein de petits plaisirs ou plus de lectures.
On continue ? Oui, monsieur de Montaigne, on continue.. un temps du moins

11 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Il y avait bien ici et là quelques trous, ai-je lu quelque part. Mais 230 kilomètres ce n'est pas rien. 60.000 à former cette chaîne humaine. Ce n'est pas rien, non plus. Un Louis Mangenot de 1830 est également un grand cru. Difficile partage, si je comprends bien.

D. Hasselmann a dit…

L'âme du violon, celle des poètes... instrumenter la musique.

jeandler a dit…

Il y a cette note et valeur de participation. Un maillon de plus.

Michel Benoit a dit…

Ça va pas changer le monde !

Fardoise a dit…

Certes cela ne changera peut-être pas le monde, mais c'est un peu la seule manière que nous avons pour donner notre avis. J'ai bien regretté de ne pas avoir la force de me joindre à cette chaîne humaine.

mémoire du silence a dit…

Il y a tout ce que vous dites/écrivez ici... et j'aime ceci

Brigetoun a dit…

un drômois qui a vu carcasse en vrai m'a consolée en me disant que le vent m'aurait emportée et puis, acte gratuit e m'étais méchamment cognée un pied, plus les ennuis habituels.. m'en veux un peu - comme de n'être pas allée me faire tirer du sang ce matin, l'envie du café et du miel s'étant ruée sur moi
J'ai du perdre ma volonté quelque part dans la douceur d'Avignon

versus a dit…

une simple corde musicalefait vibrer un son comme un fil continu.

joye a dit…

Jean a dit que c'était bon.

Moi itoute.

arlette a dit…

Et mettre des cailloux dans tes poches le grand vent t'aurait emportée...

Gérard Méry a dit…

Monsieur de Montaigne n'en était pas à son premier essai