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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, mars 14, 2012

Jean a dit... et des Fausts


Jean a dit «il y a les cloches/ il y a les oignons, blancs, paille ou violets, il y a les échalotes grises, il y a les échalotes blondes, l'ail frais/ il y a les murs de pierre, il y a les maçons/ il y a la lumière/ il y a les violons, les violoncelles, les luthiers» et j'ai dit «il y a les bourdons, les petits oignons frais, la brique, la nuit et le doux hautbois» et nous nous sommes tus, sans parler des crevettes.
Un paragraphe d'un ancien convoi des glossolales http://leconvoidesglossolales.blogspot.com/ repris dans le vide désespérant de mon esprit ce mardi matin

Une image illustrant un article http://musictheatrart.blog.laprovence.com/a-l-opera-theatre-d-avignon-faust-de-gounod-les-11-et-13-mars-2012-a39220 que j'ai trouvée, lorsque me suis souvenue - lorsque j'ai vu sur mon agenda plutôt - que je découvrirai, le soir, à l'opéra, le «Faust» de Gounod que n'ai jamais écouté si ce n'est, mais sans lien entre eux, bon nombre des airs, surtout bien entendu celui de la Castasfiore – est-ce pour cela que je n'avais jamais été tentée (ou par ma tendance à ne penser, en refus du bel canto, en répugnance avouée à Wagner, l'opéra de son siècle que de Rossini, Beethoven, Verdi ou Berlioz, tiens ! C'est vrai, la damnation de..) ?
J'ai réalisé aussi que je n'avais jamais lu du «Faust» de Goethe que les quelques passages distribués scolairement, si grande est mon inculture (même si Laurent Margantin peu à peu me permet de la rogner par ses traductions, la curiosité, le plaisir qu'elles me procurent – semées notamment dans http://oeuvresouvertes.net/spip.php?rubrique61 )
Me suis re-promenée dans la jungle désordonnée, les passages splendides, ceux un peu plus plats, du «Faust» de Pessoa – petite idée sautillante quelque part dans une circonvolution de mon cerveau : la parenté avec celui de Jules Barbier et Michel Carré doit être relativement lâche.
Mais il y a grandes beautés en suivant rapidement ce flux lyrique et métaphysique, ce texte reconstitué après sa mort, qui avait renoncé, en route, à être dramatique, qui fait intervenir le Christ, des vertus, Shakespeare, Goethe etc...
«Vacillement et doute
L'âme me brûle, je sens dans mes yeux
Un feu étrange, énorme, tramé d'étude
Et d'ignorance.
Agonie, angoisse d'exister.
Horreur et douleur, agonie sans fin !»

une des photos du programme mal re-photographiées par moi
«La nudité (…) parenthèse et points sont de Pessoa
Il y a un abîme entre l'âme et l'âme. Savoir
Qu'une âme est en train de me voir à nu
Dans l'acte d'amour !
Et non pas la nudité des statues,
Mais la nudité vivante, pleine du regard qui me regarde
Jusqu'à ce que cela m'épouvante rien que d'y penser.»
...
«Je fais partie du lumineux brouillard
De l'orgie et du mensonge nommé plaisir,
En moi la fièvre et le vide
Me voient déjà mort... Je palpe autour
De mon âme les fragments de mon être
Avec cette éternelle habitude de m'observer
Sans savoir où je me trouve ni combien je suis..»
Pardon, j'en reste là, d'autant que ne peut donner idée du foisonnement, de la variété de ces 195 pages.

M'en suis donc allée au théâtre, avant huit heures, le spectacle étant avancé à cause de sa longueur, pour entendre
«Salut! demeure chaste et pure, où se devine

La présence d'une âme innocente et divine!...

Que de richesse en cette pauvreté!

En ce réduit, que de félicité!..
et le reste, comme : pa, pa, papa-pa «gloire immortelle de nos aïeux...»
Une fière musique que c'est tout de même ! Je plaisante, c'est souvent très beau.

Belle direction par Dominique Trottein (beau crâne, vraiment) - des décors entre stylisation et toiles peintes très 19èmes – costumes du même siècle dans les gris-bleu, noir, beige, violine, avec quelques touches de blanc et de couleur – mise en scène entre stylisation et agitation des choeurs, avec de jolies pointes de comique assumé
Musique que j'aime plus ou moins. Un Faust sans doute bon, Florian Laconi, mais j'ai toujours le même problème avec les ténors et je ne l'ai apprécié que dans quelques passages de douceur où la voix ne vibrait plus – un Méphistophélès, Nicolas Cavallier qui pour être désinvolte et un peu méprisant était parodique, avec une voix grave de grave – pour Valentin le bon ténor d'André Heyboer (et ses piètres capacités d'acteur)

une bonne dame Marthe, farcesque, un charmant Siébel, Blandine Staskiewicz, avec une tendance à crier tous ses airs et l'excellente surprise de la soirée, une Marguerite, Nathalie Manfrino, capable de faire de l'air des bijoux mon premier moment de vrai plaisir (après tout de même «le roi de Thulé»), jolie voix sensible, timbre qui reste toujours caresse, un très joli jeu – plaisir aussi, toujours, des choeurs.
J'ai un peu hésité à partir à l'entracte, après le troisième acte, j'ai persévéré, avec toujours les mêmes moments de plaisir et d'ennui. Pas vraiment faite pour cette musique, au fond, je pense.

Voilà, voilà.

10 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Gounod : je me demande si Angela Merkel ne se prend pas pour Marguerite...

Brigetoun a dit…

merci, heureusement que vous êtes là

Michel Benoit a dit…

Le niveau de fréquentation d'un blog n'attend pas le nombre des commentaires...

jeandler a dit…

Un beau crâne à l'orchestre et la soirée est sauve...

JEA a dit…

hacher 200gr de crevettes crues
du gingembre frais, haché lui aussi
deux gousses d'ail, toujours hachées
un jaune d'oeuf
deux cc de farine
des herbes que vous aimes
manipuler pour donner une cohérence
rectifier la composition si besoin
une demie-heure au frais
puis de petites boulettes plongées dans un bouillon de légumes
les boulettes remontent seules à la surface
un quart d'heure environ
et c'est bon

jeandler a dit…

Merci JEA pour la recette. En entrée ?
Bon appétit.

Brigetoun a dit…

bien entendu Michel - merci (c'est même parfois le contraire)

Pierre R. Chantelois a dit…

Et Gounod en lecture n'est pas sans rappeler Gounod en musique. Ces pêcheurs de perles qui nous ont tant ébloui en d'autres lieux. Et parfois une réponse à un beau blog peut s'effectuer ailleurs que dans le confort douillet de son salon parce que la fidélité n'a pas de géographie.

Brigetoun a dit…

soyez en remercié

Gérard Méry a dit…

bizarre, partagée entre le plaisir, l'ennui et l'envie de partir avant la fin...avant la faim peut-être.