Jean
a dit «il y a les cloches/ il y a les oignons, blancs, paille ou
violets, il y a les échalotes grises, il y a les échalotes blondes,
l'ail frais/ il y a les murs de pierre, il y a les maçons/ il y a
la lumière/ il y a les violons, les violoncelles, les luthiers» et
j'ai dit «il y a les bourdons, les petits oignons frais, la brique,
la nuit et le doux hautbois» et nous nous sommes tus, sans parler
des crevettes.
Un
paragraphe d'un ancien convoi des glossolales
http://leconvoidesglossolales.blogspot.com/
repris dans le vide désespérant de mon esprit ce mardi matin
Une
image illustrant un article
http://musictheatrart.blog.laprovence.com/a-l-opera-theatre-d-avignon-faust-de-gounod-les-11-et-13-mars-2012-a39220
que j'ai trouvée, lorsque me suis souvenue - lorsque j'ai vu sur
mon agenda plutôt - que je découvrirai, le soir, à l'opéra, le
«Faust» de Gounod que n'ai jamais écouté si ce n'est, mais sans
lien entre eux, bon nombre des airs, surtout bien entendu celui de la
Castasfiore – est-ce pour cela que je n'avais jamais été tentée
(ou par ma tendance à ne penser, en refus du bel canto, en
répugnance avouée à Wagner, l'opéra de son siècle que de
Rossini, Beethoven, Verdi ou Berlioz, tiens ! C'est vrai, la
damnation de..) ?
J'ai
réalisé aussi que je n'avais jamais lu du «Faust» de Goethe que
les quelques passages distribués scolairement, si grande est mon
inculture (même si Laurent Margantin peu à peu me permet de la
rogner par ses traductions, la curiosité, le plaisir qu'elles me
procurent – semées notamment dans
http://oeuvresouvertes.net/spip.php?rubrique61
)
Me
suis re-promenée dans la jungle désordonnée, les passages
splendides, ceux un peu plus plats, du «Faust» de Pessoa – petite
idée sautillante quelque part dans une circonvolution de mon cerveau
: la parenté avec celui de Jules Barbier et Michel Carré doit être
relativement lâche.
Mais
il y a grandes beautés en suivant rapidement ce flux lyrique et
métaphysique, ce texte reconstitué après sa mort, qui avait
renoncé, en route, à être dramatique, qui fait intervenir le
Christ, des vertus, Shakespeare, Goethe etc...
«Vacillement
et doute
L'âme
me brûle, je sens dans mes yeux
Un
feu étrange, énorme, tramé d'étude
Et
d'ignorance.
Agonie,
angoisse d'exister.
Horreur
et douleur, agonie sans fin !»
une
des photos du programme mal re-photographiées par moi
«La
nudité (…) parenthèse et points sont de Pessoa
Il
y a un abîme entre l'âme et l'âme. Savoir
Qu'une
âme est en train de me voir à nu
Dans
l'acte d'amour !
Et
non pas la nudité des statues,
Mais
la nudité vivante, pleine du regard qui me regarde
Jusqu'à
ce que cela m'épouvante rien que d'y penser.»
…...
«Je
fais partie du lumineux brouillard
De
l'orgie et du mensonge nommé plaisir,
En
moi la fièvre et le vide
Me
voient déjà mort... Je palpe autour
De
mon âme les fragments de mon être
Avec
cette éternelle habitude de m'observer
Sans
savoir où je me trouve ni combien je suis..»
Pardon,
j'en reste là, d'autant que ne peut donner idée du foisonnement, de
la variété de ces 195 pages.
M'en
suis donc allée au théâtre, avant huit heures, le spectacle étant
avancé à cause de sa longueur, pour entendre
«Salut!
demeure chaste et pure, où se devine
La
présence d'une âme innocente et divine!...
Que
de richesse en cette pauvreté!
En
ce réduit, que de félicité!...»
et
le reste, comme : pa, pa, papa-pa «gloire immortelle de nos
aïeux...»
Une
fière musique que c'est tout de même ! Je plaisante, c'est souvent
très beau.
Belle
direction par Dominique Trottein (beau crâne, vraiment) - des
décors entre stylisation et toiles peintes très 19èmes –
costumes du même siècle dans les gris-bleu, noir, beige, violine,
avec quelques touches de blanc et de couleur – mise en scène entre
stylisation et agitation des choeurs, avec de jolies pointes de
comique assumé
Musique
que j'aime plus ou moins. Un Faust sans doute bon, Florian Laconi,
mais j'ai toujours le même problème avec les ténors et je ne l'ai
apprécié que dans quelques passages de douceur où la voix ne
vibrait plus – un Méphistophélès, Nicolas Cavallier qui pour
être désinvolte et un peu méprisant était parodique, avec une
voix grave de grave – pour Valentin le bon ténor d'André Heyboer
(et ses piètres capacités d'acteur)
une
bonne dame Marthe, farcesque, un charmant Siébel, Blandine
Staskiewicz, avec une tendance à crier tous ses airs et l'excellente
surprise de la soirée, une Marguerite, Nathalie Manfrino, capable de
faire de l'air des bijoux mon premier moment de vrai plaisir (après
tout de même «le roi de Thulé»), jolie voix sensible, timbre qui
reste toujours caresse, un très joli jeu – plaisir aussi,
toujours, des choeurs.
J'ai
un peu hésité à partir à l'entracte, après le troisième acte,
j'ai persévéré, avec toujours les mêmes moments de plaisir et
d'ennui. Pas vraiment faite pour cette musique, au fond, je pense.
Voilà,
voilà.
10 commentaires:
Gounod : je me demande si Angela Merkel ne se prend pas pour Marguerite...
merci, heureusement que vous êtes là
Le niveau de fréquentation d'un blog n'attend pas le nombre des commentaires...
Un beau crâne à l'orchestre et la soirée est sauve...
hacher 200gr de crevettes crues
du gingembre frais, haché lui aussi
deux gousses d'ail, toujours hachées
un jaune d'oeuf
deux cc de farine
des herbes que vous aimes
manipuler pour donner une cohérence
rectifier la composition si besoin
une demie-heure au frais
puis de petites boulettes plongées dans un bouillon de légumes
les boulettes remontent seules à la surface
un quart d'heure environ
et c'est bon
Merci JEA pour la recette. En entrée ?
Bon appétit.
bien entendu Michel - merci (c'est même parfois le contraire)
Et Gounod en lecture n'est pas sans rappeler Gounod en musique. Ces pêcheurs de perles qui nous ont tant ébloui en d'autres lieux. Et parfois une réponse à un beau blog peut s'effectuer ailleurs que dans le confort douillet de son salon parce que la fidélité n'a pas de géographie.
soyez en remercié
bizarre, partagée entre le plaisir, l'ennui et l'envie de partir avant la fin...avant la faim peut-être.
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