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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, avril 20, 2012

Jean a dit deux fois – mais pas la prison ni le bureau de vote, ça c'était en plus


Jean a dit «il y a le soleil, il y a la pluie, il y a le printemps, il y a les fleurs nées des trois, il y a les ruisseaux au centre des vieilles rues, il y a les caniveaux», il y a les glycines, l'obélia, les cerisiers et prunus et il y a les fleurs des chapeaux, il y a les fleurs à coudre, les fleurs voyantes, les matières minables qui tentent de se transfigurer, il y a des merveilles faîtes sur commande, il y a encore quelques mains abîmées, des yeux tirés, des brodeuses, des tulles épais, des passementiers, des rubans, il y a un petit oiseau bleu sur mon chapeau vert.

Jean a dit «il y a les sources cachées, il y a l'herbe, il y a un verre d'eau fraîche, il y a les ceps torturées en sage rangées, il y a le pressoir, il y a un verre de rosé sur la plage en sortant de l'eau», Jean avait soif, il y a aussi les boites de fer qui s'ouvrent sur des parfums, il y a les crus de thé, il y a les mélanges pour chaque humeur, il y a le thé ambré à l'orange et puis il y a les sacs de grains de café d'Ethiopie, du Guatémala, du Pérou, le robusta et l'arabica, l'arabusta, le cahouah, le qahvé, le caffè et le café, et il y a les chèvres amatrices, il y a Moka, et il y a eu Leonhard Rauwolf, les bateaux et les négociants, il y a les plantations, il y a les cultivateurs et le gigantisme, il y a les îles atlantiques et le Bourbon pointu de la Réunion, il y a la torréfaction, il y a la civilisation des cafés, il y a Vienne, il y a l'Italie mais il y a Paris, il y a les lavasses et le caffè streto, il y a le café moulu, il y a les moulins électriques, il y a les merveilleux et fatigants moulins en bois et il y en a eu un peint en bleu clair que je regrette tant, il y a les machines à café pour couper le travail et le café lyophilisé, il y a le parfum merveilleux qui remplit la bouche et y demeure, mais c'est rare

Deux paragraphes repris de convois des glossolales http://leconvoidesglossolales.blogspot.fr/, parce que, malgré la petite joie qui persistait à roder en moi, l'humeur était batailleuse, mais batailleuse contre le mauvais jour, un de ceux où dis un mot pour un autre, où casse tout ce que touche, où ne vois que rudesse (un peu tempérée et non sans beauté)
Renoncé à tout ou presque, ai passé mon temps en prison, exploitant le beau site de carceropolis que je vous invite à visiter http://www.carceropolis.fr/, continué à travailler mon embonpoint, diverses autres petites choses,

suis allée, en fin d'après-midi, à petite distance après les remparts, à l'opposé de chez moi, prendre une leçon pour tenir un bureau de vote, chose relativement inutile, mais surtout prendre ma lettre de mission, pour découvrir que pour la dite lettre il faut revenir vendredi soir (enfin, par faveur spéciale elle viendra se déposer, veux pas savoir comment, chez moi samedi)

et suis rentrée d'un bon pas, de moins en moins bon, parce que tout de même ce n'est pas si près que ça,


à travers les divers visages de la ville, en maugréant parce que j'aurai bien un bureau à la mairie, mais pas le mien, sans mes vieux copains, et avec une ambiance plus agressive et affairée (si mes souvenirs sont bons).

Et ponds ceci, à la va comme je te pousse.. tant pis.

6 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Jean est-il un être sage : rester serein en temps de soleil ou de pluie, en temps ordinaire ou en temps d'élections. Le temps fuit et l'âge aussi.

Dominique Hasselmann a dit…

"Scruter" la vie, oui, et pas seulement tous les cinq ans - s'y incruster.

Vous aviez vu, pour le site Carceropolis, ma photo de la prison à Paris, rue du Faubourg-du-Temple ("Inter-dictions" sur Twitter) ?

Danielle Carlès a dit…

Diffraction du temps dans la juxtaposition des expériences, intimes et sociales, la belle et difficile liberté, jusqu'aux fleurs sur les chapeaux, la prison et le bureau de vote.
Merci pour le lien vers Carceropolis dont le nom hybride recèle en lui-même une tension quasi insupportable.

Fardoise a dit…

Bon courage pour le bureau de vote, j'avoue que cela fait bien longtemps que je ne le fais plus.

arlette a dit…

les fleurs "porcelaine"entrevues dans la pierre sont fragiles mais si résistantes
Pensées du soleil retrouvé

Gérard a dit…

Voter utile ou avec son cœur ,?