Jean a dit «il y a le
soleil, il y a la pluie, il y a le printemps, il y a les fleurs nées
des trois, il y a les ruisseaux au centre des vieilles rues, il y a
les caniveaux», il y a les glycines, l'obélia, les cerisiers et
prunus et il y a les fleurs des chapeaux, il y a les fleurs à
coudre, les fleurs voyantes, les matières minables qui tentent de se
transfigurer, il y a des merveilles faîtes sur commande, il y a
encore quelques mains abîmées, des yeux tirés, des brodeuses, des
tulles épais, des passementiers, des rubans, il y a un petit oiseau
bleu sur mon chapeau vert.
Jean a dit «il y a les
sources cachées, il y a l'herbe, il y a un verre d'eau fraîche, il
y a les ceps torturées en sage rangées, il y a le pressoir, il y a
un verre de rosé sur la plage en sortant de l'eau», Jean avait
soif, il y a aussi les boites de fer qui s'ouvrent sur des parfums,
il y a les crus de thé, il y a les mélanges pour chaque humeur, il
y a le thé ambré à l'orange et puis il y a les sacs de grains de
café d'Ethiopie, du Guatémala, du Pérou, le robusta et l'arabica,
l'arabusta, le cahouah, le qahvé, le caffè et le café, et il y a
les chèvres amatrices, il y a Moka, et il y a eu Leonhard Rauwolf,
les bateaux et les négociants, il y a les plantations, il y a les
cultivateurs et le gigantisme, il y a les îles atlantiques et le
Bourbon pointu de la Réunion, il y a la torréfaction, il y a la
civilisation des cafés, il y a Vienne, il y a l'Italie mais il y a
Paris, il y a les lavasses et le caffè streto, il y a le café
moulu, il y a les moulins électriques, il y a les merveilleux et
fatigants moulins en bois et il y en a eu un peint en bleu clair que
je regrette tant, il y a les machines à café pour couper le travail
et le café lyophilisé, il y a le parfum merveilleux qui remplit la
bouche et y demeure, mais c'est rare
Deux paragraphes repris de
convois des glossolales http://leconvoidesglossolales.blogspot.fr/,
parce que, malgré la petite joie qui persistait à roder en moi,
l'humeur était batailleuse, mais batailleuse contre le mauvais jour,
un de ceux où dis un mot pour un autre, où casse tout ce que
touche, où ne vois que rudesse (un peu tempérée et non sans
beauté)
Renoncé à tout ou
presque, ai passé mon temps en prison, exploitant le beau site de
carceropolis que je vous invite à visiter
http://www.carceropolis.fr/,
continué à travailler mon embonpoint, diverses autres petites
choses,
suis allée, en fin
d'après-midi, à petite distance après les remparts, à l'opposé
de chez moi, prendre une leçon pour tenir un bureau de vote, chose
relativement inutile, mais surtout prendre ma lettre de mission, pour
découvrir que pour la dite lettre il faut revenir vendredi soir
(enfin, par faveur spéciale elle viendra se déposer, veux pas
savoir comment, chez moi samedi)
et suis rentrée d'un bon
pas, de moins en moins bon, parce que tout de même ce n'est pas si
près que ça,
à travers les divers
visages de la ville, en maugréant parce que j'aurai bien un bureau à
la mairie, mais pas le mien, sans mes vieux copains, et avec une
ambiance plus agressive et affairée (si mes souvenirs sont bons).
Et ponds ceci, à la va
comme je te pousse.. tant pis.
6 commentaires:
Jean est-il un être sage : rester serein en temps de soleil ou de pluie, en temps ordinaire ou en temps d'élections. Le temps fuit et l'âge aussi.
"Scruter" la vie, oui, et pas seulement tous les cinq ans - s'y incruster.
Vous aviez vu, pour le site Carceropolis, ma photo de la prison à Paris, rue du Faubourg-du-Temple ("Inter-dictions" sur Twitter) ?
Diffraction du temps dans la juxtaposition des expériences, intimes et sociales, la belle et difficile liberté, jusqu'aux fleurs sur les chapeaux, la prison et le bureau de vote.
Merci pour le lien vers Carceropolis dont le nom hybride recèle en lui-même une tension quasi insupportable.
Bon courage pour le bureau de vote, j'avoue que cela fait bien longtemps que je ne le fais plus.
les fleurs "porcelaine"entrevues dans la pierre sont fragiles mais si résistantes
Pensées du soleil retrouvé
Voter utile ou avec son cœur ,?
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