le premier vendredi du
mois c'est se vouer au plaisir – plaisir des mots – plaisir de
les saisir, tenter de se les assimiler – plaisir des efforts avec ou
sans succès pour vraiment les comprendre – et plaisir des images
aussi, souvent – et plaisir de ce qui est ainsi donné du réel,
doux, drôle, dur, poétique, philosophique (en tentant de ne pas
faire détour respectueux),
ce premier vendredi du
mois je me suis bagarrée avec ma machine, ma sottise, les photos
qui ne voulaient pas, et leur stockage qui était bloqué..
le premier vendredi c'est
frémir en se disant que c'est tricoter une image piètre ou
personnelle ou fausse de ces billets échangés pour les vases
communicants (qui peuvent être suivis sur le regroupement qu'en fait
Pierre Ménard sur http://www.scoop.it/t/les-vases-communicants
qui sera peut être légèrement en retard ce mois-ci), dans une assez
grande indifférence me semble-t-il ce mois-ci
le premier vendredi de
juin, qui était le premier juin, j'ai lu (quand ne dormais pas, une
mouche té-tsé semblait s'être égarée dans mon limas, ce qui est
une excuse pour mes incompréhensions et m'incite à vous conseiller de vous fier à cotre propre lecture)
dépaysement
François Bon
http://mahigan.ca/spip.php?article261
«Karamouska rien,
Karamouska pas»
un nom qui fait rêver,
dans le rêve duquel on est, mais comment parler du voyage à
Karamouska puisqu'on n'y a rien vu, ou peut-être parce que venant de
notre vieux continent vieux pays on ne sait pas voir et comprendre
Karamouska (mais il faut lire le voyage...)
«J’aime cette
Amérique-là. J’étais perdu à Moncton tant Moncton est au milieu
de rien, et le dit jusque dans sa main street : oubliez votre idée
de la ville, bonnes gens, ici la ville est pays et réciproquement,
et le rien se franchit d’une demi-journée de voiture, d’une
journée pleine c’est égal, ou dormez au motel et continuez»
et
Mahigan Lepage
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2961
«une chambre à Poitiers»
le séjour dans une
chambre à Poitiers et sa façon, toujours, de dérouler à partir de
la description en phrases qui rebondissent, ce qu'il pensait, ce qui
l'avait amené là etc.. et un petit jugement sur le monde, ou plutôt
la France, ou peut être l'Europe
«Sur le plancher de ma
chambre il y avait du tapis, du tapis vert, laid, et qui devait
retenir l’humidité, parce que ça sentait le moisi dans ma chambre
de Poitiers. Et sur les murs il y avait de la tapisseries, une
tapisserie bleue, pas belle, et qui devait elle aussi être toute
mangée de moisissures. L’impression que j’ai quand je pense à
la France, à la Belgique aussi un peu, c’est que c’est humide,
sur les façades, à l’intérieur, dans les cours, dans les rues,
sur les toits, c’est humide, la France.»
et les colocs qui sont
gentils et veulent faire la fête, et les projets, et les efforts, et
les difficultés, et la fac, et les gens et... lisez
couple, toucher
Nolwenn Euzen
http://lafilledesastres.com/2012/06/01/nolwenn-euzen-la-peau-est-longue-a-moins-que-tu-lepelles-longtemps/
«la peau est longue à
moins que tu l'épelles longtemps»
les yeux d'abord qui ne
savent où s'arrêter sur toi, la peau, la question.. un beau texte
«Il faudrait arracher ce
qui se passe, te le flanquer sur la peau. Tu sauras que la voix
baisse, que les larmes poussent au bord. Tu auras honte d’avoir
parlé si haut, le murmure douloureux.»
et
Céline Renoux
http://nolwenn.euzen.over-blog.com/article-i-demand-reality-i-m-going-mad-par-celine-renoux-106166451.html
«I demand reality, I'm
going mad»
un texte dense comme une
douleur, une séparation, un besoin de se reconstruire
«Donc toi aveuglément tu
chercheras les surfaces tangibles, ce qui se touche avec les doigts,
ne se dérobe sous les pas. Je vais lâcher ta main, ne m'enfoncerai
pas plus loin avec toi, ne te regarderai plus tomber ni surtout te
jeter dans la gueule du loup. Animal mort sort de ce corps, la cage
est restée ouverte. Parce-que tu es pire qu'une fumerie d'opium à
toi toute seule»
Home is where one starts
from : chez soi, c'est d'où l'on part (T.S. Eliot)
Sabine Huynh
http://www.xn—chatperch-p1a2i.nt/spip/spip.php?article259
(n'arrive pas à faire le lien – passer par le texte de Michel)
prendre le mot home, le
décomposer, se demander ce que veut dire «chez soi»... selon Eliot
c'est d'où l'on part et de jolis paragraphes disent ce que c'est
«Home is where the heart
is (proverbe) : chez soi, c’est où le cœur demeure... avec
quelqu’un d’autre s’entend, quelqu’un avec qui filer son thé,
suçoter ses bas, siroter ses derniers quarts d’heure. Un animal de
compagnie peut faire l’affaire»
et
Michel Brosseau
https://www.sabinehuynh.com/id38.html
«notes sur le départ» -
bref, net, ce que l'on quitte, se mettre en marche... et renvoie en
lien au texte de Sabine
«Faire l’inventaire,
décrire toutes ces cloisons où ont glissé tes mains. Idem pour les
fenêtres. Ta surprise parfois, détourner le regard de l’écran,
ce paysage que tu crois découvrir. Difficile d’habiter quand
habité d’ailleurs.»
sur le même triptyque,
lisière
«le chaos des choses» et
la marche difficile en un passage vers la forêt
la poésie d'Ana, des
phrases comme des strophes, en reprises avec variations, progression,
rythmées par le retour de «what happened ? What is going to happen
? what happened ? What is going to happen ?», arriver à la maison,
ouvrir
«il faut rendre vivante
la maison – elle ouvre les fenêtres du haut – elle écarte les
bras et la lumière étire ses traits dans le ciel – sur la pointe
des pieds elle claque les volets – elle entre dans la grande pièce»
et
«nous guettions des
lueurs de lisière» - un beau texte encore sur une marche dans la
forêt en quête de la lisière, entre Rhin et Forêt noire (et voilà
que, là, on rencontre le grand Meaulnes)
«Augustin étions,
recherchant notre Yvonne / la nuit était notre plus fidèle compagne
/ nous lisions, capteurs de la plus fine lumière, si proche de cette
frontière – cette lisière...»
échange entre poètes
Florence Noël
http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2012/06/florence-noël-donnez-nous-des-pierres-vases-communicants.html
«donnez-nous des pierres»
pour le repos – demander peu – j'aime
«qu’on puisse mourir de
la longueur d'un arbre
ou de son vêt d’ombre
jetés bas par le midi
trop plein
par la touffeur trop dense
et quoi ?»
et
Angèle Paoli
http://pantarei.hautetfort.com/archive/2012/06/01/le-brame-de-la-minotaure-angele-paoli-vases-communicants.html
«le brame de la
minotaure»
le brame, le meuglement,
la plainte de la minotaure .. et la nature et les sens et la mer et
la perte d'elle
« je suis la
Minotaure affamée de sexe de chaleur de ventre mon corps appelle
crie famine geint meugle
sa douleur il rue sabots
de feu dans les viscères de la terre le labyrinthe du maquis
m'accueille mille
voix fouies dans la roche
je roule déroule ma croupe sombre au creux de l'énigme je suis mâle
et
femelle livrée en pâture
à l'incompréhension des hommes mon destin est obscur et mes maux
sans appel.»
sur photos échangées
Catherine Desormière
http://doha75.wordpress.com/2012/06/01/fugitif/
«fugitif»
un fugitif qui se
retrouve, ne sait comment, dans une cuisine devant une femme qui le
regarde sans surprise, et leur dialogue – et c'est doucement
vertigineux
«Maintenant, il voulait
partir. Elle ne le retint pas. Mais quand il ouvrit la porte il n’y
avait plus de route, plus d’horizon, plus de paysage. Rien qu’une
brume vide. Tremblant, il revint vers la femme qui devant son
désarroi lui dit : « Ne sentez-vous pas que vous êtes encerclé,
lieux et temps confondus ? Et qu’en même temps, vous échappez à
l’infini ? »»
la chute rassure-t-elle ?
et
Dominique Hasselmann
http://desormiere.blog.lemonde.fr/2012/06/01/beckett-derriere-la-porte-rouge/#xtor=RSS-32280322
«Beckett derrière la
porte rouge» devant la photo prise par Catherine Desormière de la
porte rouge d'une école maternelle sous l'égide de Beckett, pense à
la dalle lisse de la tombe de ce dernier, et puis revient à la porte
«On devine même comme
l’esprit théâtral de Beckett caché dans les deux petits
projecteurs (de scène) qui surplombent la porte qui mène à tous
les savoirs, et à la liberté qui leur est dévolue. Car le genre
«absurde» décrit par Wikipédia n’est pas ce qui caractérise,
de manière aussi sommaire, l’écrivain-résistant.» et bien sûr
à Beckett
métamorphose, trac
Camille
Philibert-Rossignol
http://christopherselac.livreaucentre.fr/2012/06/01/la-bascule-par-camille-philibert-rossignol/
«la bascule» : il a le
trac, comme avant chaque concert, et la longue et minutieuse
description de la chose est une réussite qui, lue au réveil, se
mariait à ma difficulté à émerger, d'autant que le il devient je
au troisième long paragraphe, à la faveur d'un changement :
«Moi, c’est devant, et
pendant j’écrase les cordes de ma Fender, je me penche encore pour
chopper la lumière. C’est parti ! Trembler de la tête aux pieds,
une transe électrique qui contamine le public le plus proche, et
tous ces yeux lumineux qui s’accrochent à moi, moi, celui qui d’un
accord lourd les entraîne en plein dans une danse, un magma, au cœur
d’un volcan, immense, invisible.»
et
Christopher Sélac
http://camillephi.blogspot.fr/2012/06/fatalite-un-vase-communicant-de-juin-de.html
une chenille qui
s'interroge sur son avenir, qui n'est pas certaine de vouloir passer
des feuilles et herbes aux fleurs, de voler – sais que doit
accepter, que c'est fatalité
«Que deviendrai-je ? Se
poser la question, c’est accepter déjà d’avoir passé et
présent… Accepter l’hypothèse d’un futur différent. Mais la
fatalité de la métamorphose m’enferme. Là, en mastiquant sur
cette tige les dernières bouchées d’une feuille, je me plais à
penser à tout ce que je ne deviendrai pas, façon bien plus agréable
de passer le temps qui me sépare de ce destin écrit d’avance.»
rue, Montreuil, Paris
Christophe Grossi
http://www.pendantleweekend.net/2012/05/vases-communicants-26-juin-12/
la rue de Montreuil à
Paris
qui se prolonge par la rue
d'Avron à Paris (et non de Montreuil), et une description de ces
deux rues qui se ressemblent, une réflexion sur ce qui les sépare
et les réunit, des souvenirs etc...
«Tu marches rue de Paris
à Montreuil sans savoir où ni ce que
ralentir stop
signifie pour celui qui se souvient du jour où
les chevaux se sont mis à parler aux morts. Tu penses que toi aussi
tu pourrais tomber, disparaître, te replier comme on retourne les
gants en laine des gosses l’hiver, tu le sais bien, feu rouge / feu
vert, peu importe,
pause c’est fini c’est fini,
et tes allées et venues n’y changeront rien :
tu n’es pas plus vivant qu’un autre et tes obsessions ridicules
ne t’épargneront pas,
cheval mouvement
dans les oreilles ou pas.»
et
Piero Cohen-Hadria http://deboitements.net/la-chambre-d-amis/les-vases-communicants/article/piero-cohen-hadria-rue-de
la rue de Montreuil à
Paris (et à moi aussi elle est familière, surtout dans la partie
qui traverse le boulevard Voltaire)
se souvenir, et comme
toujours avec lui les photos, les mots tranquillement posés, disent
beaucoup, et à partir de la rue remonte la famille en simplicité
tendre
«espérer encore
peut-être un peu, la chance qui ne frappe qu’une fois à la porte
de la jeunesse, quelle fadaise, se souvenir de «Manhattan Transfert»
de ce héros qui regarde dans le métro où s’asseoir années vingt
années trente, cette tante et cet oncle, ces images de Tunis, de
Paris, le monde et le faubourg Saint-Antoine, la Commune et la
Révolution, les meubles et non loin de là, la Nation, quand on en
part, quand on y aboutit, le monde tel qu’il est et tel qu’on le
voit, se battre et regarder des images, changer de focale, distinguer
ici ou là, là-bas plus loin, de l’autre côté de la ville, au
loin derrière nous à présent, les Pyrénées et les Maréchaux,
plus encore les murs à pèches et les romanichels, non loin de là,
se retourner et descendre encore, repasser par Faidherbe» et
j'aurais bien tout pris
à partie d'une photo
François Bonneau
http://www.fut-il.net/2012/06/degonfle-de-francoisbonneau.html
«dégonfle» - superbe
déclaration de soumission masochiste, un peu provocatrice
«Me haïr te berce et
t’aide à mieux dormir. Me haïr te picote et fait luire ton
orgueil, j’aime à voir ta fierté que je lèche et suçote.
Frotte-moi contre tes plis.» mais il en repoussera toujours des
champignons
et
Christophe Sanchez
http://irregulier.blogspot.fr/2012/06/quoique-vase-communicant-avec.html
quoique# litanie,
harangue, adressée au masque de carton ou ce qu'il représente
alternant : une apostrophe
directe, un repli réflexif quoique, une mise au point, et cela
avance en dure jubilation
«- Ne nous pousse pas
plus loin, ne réprime plus nos rêves, solitaire dictateur.
Ce n’est pas toi qui
nous révoltes, nous démontes ou nous sors de nos gonds.
Quoique. On
t’engoncerait bien dans ton palais, serré dans tes dorures en
poignards acérés.
C’est de l’oppression
sous nos masques qui nous ronge dans le dedans du dedans.»
l'échange qui a été entravé, mais qui est finalement et heureusement paru dimanche,
autour du mot de l'année
selon le Festival du mot de La Charité sur Loire : changement
un poème, un joli texte,
un refus
«Avant il y avait la vie
rangée comme la lumière dans des cubes de couleurs et de
sentiments. Le meuble de ma mémoire, de mon ressenti, a basculé en
chiffonnades de souvenirs et pêle-mêle je vois mon passé tendre
les bras vers les possibles rompus.
Les membres aussi, foulés,
tordus, et leurs sourires brisés de la joyeuse ballade de l'avant
s'arrachent des êtres et tout l'amont retombe dans un magma de
non-devenance.»
et
Danièle Masson
http://les-embrasses.blogspot.fr/2012/06/danielle-masson-dans-le-cades-des-vases.html
«une vie, des
changements»
fait tenir dans des
strophes les changements d'une vie, l'âge, les lieux de vie, les
métiers...
« Le gris d’une
basilique altière
Le bleu d’une mer sans y
tremper les pieds
Le fond d’un gouffre
malgré les oliviers et les lavandes
Le bris d’une vie rêvée
sur une pierre
Des étoiles dans des yeux
verts sur un banc»
échange entre thésards,
utilitaire
En thèse
http://infusoir.hypotheses.org/3069
de la présence, de la
notoriété sur internet, des méthodes (les vases communicants comme
un de leurs outils)
«Le but visé est qu’une
machine comme un moteur de recherche puisse (en théorie) déterminer
aisément quels sites sont définis comme faisant partie de la
nébuleuse et quels autres en sont exclus. Les liens mutuels entre
les différents sites peuvent également suffire, ils ont en tout cas
pour effet de faire monter la nébuleuse comme un ballon dans la
hiérarchie des résultats donnés par les moteurs de recherche (qui
sont en bonne partie fonction de la quantité et de la qualité des
liens dits «entrants»).»
et
L'infusoir
http://enthese.hypotheses.org/453
«la vie réelle d'une
doctorante» - un témoignage
«Face à la nécessité
d’organiser et de gérer les flux d’informations (bibliographie,
nouvelles publications, annonces de colloques, appels à
communication, etc.), ces formations m’ont permis d’identifier un
certain nombre d’outils, ou, lorsque je les connaissais, d’en
comprendre les contextes de mise en place, de fonctionnement et
d’articulation (Zotero, Refworks, EndNote, Mendeley ; Revues.Org,
MLA, Persée, Cairn, Factiva, Isidore, Lectures ; Calenda ;
Hypotheses.org, etc.).»
marche, recherche
«elle rêvait qu'elle
rêvait et la voilà qui rêve encore»
elle le cherche avec
angoisse, trouve des pistes, rien de sûr- et vient le calme
«Elle cherchait l’en-soi,
en lui, or leurs champs étaient distants, quoi que leurs désirs
d’amour étaient identiques et réels. Elle songe maintenant à
d’autres signes. Le souffle dans son cou, le parfum de sa chair.
Cette joie dans les yeux. Elle parle, elle lui parle, et ça c’est
bien réel quand le cadre s’anime.. Maintenant que le Silence est
total elle le comprend enfin. Image d’elle même à ses yeux
propres, elle était figée, argentique immobile, hors du temps,
parfois au centre, hors-cadre le plus souvent.»
et
«je m'étais perdu»
marche dans une ville
devenue inconnue, des paragraphes comme des strophes, quête d'une
qui a été perdue
«je marchais sans
m’arrêter, le danger grignotait avec délice toutes les certitudes
qui essayaient de passer, quand ma dernière heure semblait venue, je
m’imaginais nuage, libre, léger et au-dessus de la ville et de nos
batailles quotidiennes si futiles, si bêtes, si insensées, qu’il
aurait suffit d’un espace libre pour pouvoir souffler, se poser»
deux poèmes avec temps
(et autres) dedans
L. Sarah-Dubas
http://www.babelibellus.fr/chezjeanne/vasescommunicants/2012/06/01/la-folie-est-une-mer-elle-tobserve-lorsque-tu-dors/
«la folie est une mer
elle t'observe lorsque tu
dors»
un beau et long poème qui
dérive au fil du temps, du rêve, de la folie
«Notre nuit déesse
furtive
Mozart y prends part
Une étoire pour chaque
coeur
Là où rien ne se passe
ni ne presse
Tout»
«à temps» - un joli
poème sur le temps qui s'oubliait, s'arrêtait...
«s'essouflait. là.
dans une poussière de
pluie nocturne qui ne viendrait pas.
s'estomperait.
s'effacerait la pluie.
viendraient larmes de
solaire.
viendrait se poser sur le
vent.
le temps ne ferait plus.
figé. Pris en flagrant
délire photographique.
n'écrirait plus l'heure
qu'il est.
n'écrirait plus. le
jour.»
à partir de tableaux
«anges et bêtes en trois
triptyques – Bacon chez vous ou moi»
l'obsession de Bacon pour
le 3, pour les triptyques, pour la reprise de tableaux anciens –
essai de Littel sur Bacon etc.. - un texte charpenté, construit, à
lire
et puis elle : «Comme
elle le savait, elle n'était pas un ange (pour avoir survécu à la
petite enfance), mais peut-être, malgré tout, gardait-elle une
attirance pour les limbes et, pour conserver les pieds sur terre, se
reconnaissait-elle volontiers dans le monde animal, avec une
attirance pour la placidité des ruminants (un côté terrien sans
doute, à moins que le zodiaque n'ait quelque chose à voir avec
cela) éloignée des chairs sanglantes de Bacon ou Rembrandt,
quoique.»
et
devant une photo de la
falaise d'Etretat décrit le calme ressenti
«Un calme inquiet
pourtant, pourquoi ? Suspendus, comme la lumière entre deux grains,
nous sommes hors saison. Une larme de sel a séché. La marée s’en
est allée, les vagues dans ses poches. Elle a laissé trois barques
cachaléchouées, patientes, entre deux mouettes d’albâtre. Seule,
susurre la vaguelette qui rissole ses galets, goulûment»
mais en fait la photo est
l'exacte «reproduction»du tableau de Courbet et Quotirien n'est
jamais allé à Etretat... par contre nous parle, et bien, de
Courbet, du réalisme, de l'ennui de vivre, de Roquentin etc..
les mots, la politique –
un des plus beaux
Joachim Séné
http://2yeux.blog.lemonde.fr/2012/05/31/changer-les-rideaux-vases-communicants-juin-2012/
«changez les rideaux»
à partir d'une photo que
la machine a bouffée, que n'ai pu qu'imaginer à partir du texte qui
la décrit minutieusement, un frigo et un slogan collé dessus, un
slogan beaucoup lu ces temps ci, qui dit changement et maintenant –
et une analyse, une interrogation sur le sens de ce slogan, une
décortication (ne se dit pas je sais, j'aime)
«Pour résumer, dans
cette courte phrase, tout tourne sur lui-même, tout fait référence
à tout comme le rien au rien, dans un instant à jamais immuable,
contraire du changement, le présent est en fait ce qui ne change
pas, au contraire du passé où tout change, déjà les dates, les
révolutions, les êtres, et au contraire du futur avec ses projets,
rêves changeants, rêves de changements, possibles chemins, reportés
toujours à demain et à plus loin, alors que le présent qui se
prolonge n’est jamais reporté, il est bien la réponse, la seule
réponse, d’autant plus intéressante qu’elle est déjà là,
maintenant, précisément»
et
«Icare»
d'où partir pour dire et
pourquoi et à qui s'adresser ? - j'ai trouvé cela superbe,
vraiment, mais ne peux que conseiller la lecture, tout commentaire
serait mauvaise paraphrase
«Avec ce gravier de
parole, avec ces mauvais outils, retenir, endiguer le ruissellement
du monde, révoltes et royaume, et mille choses dans ces mots qu’on
trace pour les relire dans longtemps, après l’effacement des
visages, après leur condamnation au rien, quand leurs reflets
s’effaceront et qu’il restera seulement le voisinage du vent, des
mots perdus dans les replis du cœur, feuilles crissantes dans les
automnes sans cesse…»
mais se jeter, se risquer
et un joli rajout en début de
journée - isochronie
un homme, «les nouvelles
du monde dans le flux des infos en voiture.... il superpose à la
carte des images de villes déchirées» les zones rouge, des zones
de sécurité en vert – les villes remodelées, découpées, les
marques.. les cartes mais les visages qui se superposent dans la
pensée de l'homme – texte construit, important, sensible
«Mercredi 9h, après une
nuit en sirènes, le quartier, les rues, les télés. L’homme est —
Il prend un visage. Cerné. Un nom, un visage de quartier familier.
Côte pavée loin des plages sans nom»
et
Cécile Portier
http://www.urbain-trop-urbain.fr/expansion/
«expension»
une personne a disparu
gare de l'Est, comment ? Pourquoi ?
Alternance de propositions
à l'indicatif ou au conditionnel - et l'importance, seule, du
déplacement, même inconnu, cherché, dans la ville ou vers
l'extérieur, la vitesse de l'extension des positions possibles dans
toutes les directions... comme du sang, de l'huile ou autre liquide
versé sur un drap blanc
«Ce qui compte c’est la
fluidité de ce qui est versé. C’est de savoir aussi si le drap,
la nappe, est en viscose ou coton : comment le tissu boit.»
et puis un échange au
bord des antres, échange d'images, de quelques mots picorés,
d'univers un peu aussi,
entre
Maryse Hache, «antre
lumière d'encre»ci-dessous, l'évolution, les reprises des cinq
poèmes, le bloc final, la puissance, l'insolite, la malice parfois
de ses images.. son écriture tout simplement
«antre lumière d'encre
entre nous antre donc
paumées sommes entremises
envasées fleurs et
frondaisons
premières vénus
conques et printemps..»
et
Brigetoun «un rêve au
bord de l'antre» chez Maryse
http://semenoir.typepad.fr/semenoir/2012/05/un-rêve-au-bord-de-lantre-brigitte-célerier-vaseco.html
cherchait à ne pas s'y
sentir paumée, petiote, s'armait des mots de Maryse pour imaginer
l'extension de la cour, au bord de son antre, y installait une
baleine, des plantes, des oiseaux de Maryse, les mêlait aux siens
«l'accueillir,
elle la baleine échouée au bord de l'antre - s'approcher, chercher
à voir le petit oeil bleu, à toucher ses épaules
éblouissantes, leur blancheur
nacrée et humide, mais trop elle est, trop grande, trop haute - se
sentir si petite que diminuée encore, se voir en girelle royale un
peu délavée par les ans, une drôle de girelle survivant dans le
cagna de l'air – mais c'est ainsi, ne pas comprendre – girelle
éperdue, égarée devant cette masse, cherche sarengs, soeurs
girelles, même des bogues, ses minuscules compaings, proies lestes
comme elle, pour s'en grandir,»
14 commentaires:
Puissent tous ces vases communicants rester dans la mémoire de la blogosphère pour longtemps pour que les générations futures puissent les relire avec autant de plaisirs que nous les avons parcourus.
l'Académie ne sait pas ce qu'elle perd à ne point vous élire comme Secrétaire perpétuelle...
une orthographe anarchique ?
Et l'on dit que rien ne doit se faire un vendredi !!!
Belle échappée Belle
Faut-il vous lancer encore des fleurs en plus ?
pourquoi Dominique ?
certainement pas alors que là je cannibalise, avec un peu de honte
t'assures, Brigitte.... !!! (on y met du tutoiement parce qu'on aime le vôtre sur nos textes et photos) (Eh oui, on rajoute des fleurs... Merci) PCH
Chez soi est aussi l'endroit où l'on reste.
@ brigetoun : je vous signale (l'envoi de fleurs était sincère) que la version de "Beckett derrière la porte rouge", sur le blog de Catherine Désormière, est complètement tronquée (voir le "Londre" sans "s" du quatrième paragraphe) et ne correspond pas du tout à l'original : il en manque plus de la moitié).
Sans doute est-ce dû à un nouvel "incident technique" qui affecte ce blog (la possibilité des commentaires avait disparu dès hier de manière incompréhensible) et dont le monde.fr est coutumier.
Je l'ai signalé à Catherine Désormière, pour qu'elle puisse remettre en ligne la bonne version, mais le mal est fait (même si ce n'est pas une grande perte), car peu de lecteurs retournent en arrière dans leurs lectures, me semble-t-il.
moi je m'en vais y aller et je vais ajouter un NB en espérant que cela incitera à relire (en fait je crois que lectures il y a surtout pendant le week-end)
@ Brigitte
pour paraphraser Amos Oz, vous êtes soupçonnée d'être anar jusqu'au plus profond de vos nuits aux rêves les plus secrets
pour décorer votre épée d'Anarcadémicienne, je vous offrirais un chiffon rouge
ça me dit quelque chose, des lectures pendant le week end tiens...
Je ne lis que les noms des auteurs. Ils me font sourire.
@brigetoun : Beckett, dans l'échange avec Catherine Désormière, est à nouveau lisible normalement.
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