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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, juillet 23, 2012

Dimanche : s'appliquer à tranquillité avec Disgrâce, expositions, et bon gros vent sur tout

s'éveiller vers deux heures : voir ciel très clair encore indécis sur sa couleur, voir le lent ballet du bambou qui disait éveil du vent, qui parfait de ciel bleu
émerger à nouveau un peu avant neuf heures : voir mouvement du vent, mais sans sa plainte, et ciel très bleu - renouer avec plaisir des échanges twitter, un moment, lavage de cheveux, faubert sur le carrelage, s'énerver des photos supprimées par erreur (de tous les emplacements), tenter petit classement, déjeuner avec un peu trop d'abondance, siester sur fond de France Musique, tenter d'émerger et de discipliner carcasse en veine d'imagination, enfiler parce que tant pis je l'ai, robe digne qui me fait vieille dame ronde (housse froncée autour du décolleté en lin gris si délicat qu'il n'existe presque pas) et que n'aime point parce que me vois épaisse.
Et partir dans le vent, qui cette fois rappelait sa seigneurie sur la ville.

Voir au passage, que finalement, un peu en retard, il y a bien une exposition à Saint Charles, dans la cour et pas dans la chapelle, de grandes ferrailles d'Etienne Viard

qui semblent ignorées, qui faisaient le bonheur d'enfants.

Le mistral donnait au sol du boulevard Raspail (comme à ma cour) un avant goût de l'automne
J'allais au gymnase du Lycée Mistral, mais avec une avance suffisante pour pousser jusqu'à ma chère chapelle des miracles (en face de petit toubib) ouverte pour abriter une exposition de vidéos et machines de William Kentridge, «Da Capo» qui malheureusement pour la chapelle nécessite une obscurité accrue – 


ai aimé ce que je voyais, ai tenté des photos en me disant qu'elles ne donneraient rien, que je choisirais les moins mauvaises, mais ma foi, tant pis, ai la flemme, les mets toutes (sauf une qui ne veut rien savoir)

suis repartie sous la houle bruyante des branches des platanes, quelques centaines de mètres plus loin, voir Disgrâce, d'après le roman de Coetzee, que point n'ai lu (le roman), mis en scène par Kornél Mundruczó, avec une dramaturgie de Viktória Petrányi

avec, comme de bien entendu (mon goût du premier rang près de la porte), une longue attente en compagnie des travailleurs de la mer pour changer un peu

S'installer au troisième rang, premier des chaises (mes abdominaux n'aiment plus trop les coussins ou bancs au ras du sol) constater que grâce au mistral la clim est moins redoutable que d'habitude.

N'avoir lu aucune critique, avoir vu avec perplexité les photos de Christophe Raynaud de Lage, sur le site de festival (en avoir gardé deux, celle)ci et la suivante) et lu avec une certaine gourmandise
«une radiographie de l'effondrement d'un monde qui est ici mise en jeu. Derrière l'Afrique du Sud, il y a bien sûr la Hongrie, mais aussi les pays européens soumis aux crises de toutes natures qui déstabilisent mentalement les populations et multiplient les angoisses : celle de perdre son travail, celle d'ouvrir sa porte aux inconnus, celle de connaître la solitude affective... Dans un reality show théâtral et musical, Kornél Mundruczó propose une galerie de personnages propres à questionner les certitudes, les habitudes et les conventions de l'ancien monde européen. Le politiquement incorrect et la déstabilisation sont des armes que ne refuse pas le metteur en scène, des armes d'autant plus efficaces qu'il les place dans les mains de comédiens incroyablement engagés, conscients des enjeux de la parole à faire entendre...»

Cela dure deux heures et quart, cela commence par un viol bien brutal (qui en fait, mais ne le savais pas, se situe plus loin dans l'action, et on voit les violeurs redevenus acteurs revenir, aider Lucy à se nettoyer, chanter – des chansons intervenant comme ponctuation dans tout le spectacle). Déroutée une minute me suis retrouvée propulsée dans l'histoire du père professeur, et les mêmes acteurs sont là des étudiants en complet trois pièces avec culotte courte, et vulgarité bien pesante – et il est vrai que ce qui est dit et montré pourrait peu ou prou, moins la ségrégation et les chiens dressés à chasser les noirs, se trouver un peu partout en Europe – la « faute » du professeur avec une élève, le procès, la disgrâce.
Le décor est voilé de draps blancs assez mal tendus pour rester dans le ton, qui servent à projeter vidéos, de Lucy, apparemment fragile - belle et bonne actrice - écrivant à son père qui veut s'installer, du père et de sa rencontre avec la femme qui s'occupe des chiens, y compris ceux pour les noirs, dont plus personne ne veut – personnage assez formidable - et puis le recommencement de la scène du viol, interrompue pour reprendre le fil.
Deux heures et quart d'une histoire relativement complexe, de scènes dures presque réalistes et de fausse réalité comme quand les chiens sont des acteurs, une construction implacable, des bouffées d'air et de chansons, la peur de ce monde qui change, le courage et la lucidité de Lucie, l'apprentissage du père, du sexe, de la violence, de l'intérêt, un côté un peu Cerisaie trash avec le personnage de Petrus, ancien maître chien, nouveau propriétaire, qui va épouser, pour la protéger et surtout prendre sa terre, Lucy, enceinte d'un des violeurs.... une troupe de bons acteurs.

Sortie un peu étourdie (je dois trop dormir), ayant aimé je crois, ayant eu parfois grande envie que ces chiens, ces brutalités s'arrêtent.

Ai emmené ma perplexité dans le vent, ai senti que j'étais bien trop soûle des deux pour faire autre chose, ai demandé ce que je pensais vraiment au ciel,

à la bigogne, aux papiers qui volaient vers moi, à mes cheveux qui baguenaudaient en tous sens – n'ai pas eu de réponse.
Ai enregistré les photos, poché de la morue, fait cuire des patates, arrosé en oubliant que l'avais déjà fait, sorti la poubelle, fait un tour sur internet, et j'ai péniblement jeté ces mots.

8 commentaires:

JEA a dit…

"la houle bruyante des branches de platanes"
ainsi que
la marée très haute de vos mots et de vos illustrations
voici deux ans au moins que se cultive cette incompréhension : pourquoi aucune "maison" d'édition ne publie-t-elle votre chronique des Festivals ???

jeandler a dit…

Cet amas de feuilles fait-il partie de l'exposition ? Très réussi.

Pierre R Chantelois a dit…

Du vent, encore du vent dans les rues d'Avignon jusqu'au Lycée Mistral. Après cette galerie de personnages propres à questionner les certitudes, les habitudes et les conventions de l'ancien monde européen, vivement une brise fraîche avant de s'interroger sur la météo qu'il fait et sur le grand monde qui nous entoure.

Brigetoun a dit…

n'appellerai pas le mistral, quand décide de s'amuser en grand, une brise

Unknown a dit…

bonjour chère Brigitte, ah une poste magnifique encore, les choses quotidiennes mélangées avec l'extase du ciel les fleurs le mistral les sculptures en fer et tes mots sur le disgrace qui sont la comme les pensées dures presque réaliste pour emprunter tes propres mots.

j'étais la encore et je t'embrasse chère Brigitte.Je suis la enveloppée par la folie, et convaincue une autre fois que tu devrais ecrire ta propre pièce,

belle continuation magique....
Madeleine

Anonyme a dit…

Pfioou !! Quelle énergie :-)
Grâce à vous j'ai découvert ce qu'était la bignogne, belle plante grimpante.
Merci Brigetoun, pour tout ces billets du festival, par procuration c'est vraiment chouette :-)
Dommage pour la photo de la robe ;-) j'aurais bien aimé vérifier vos dires :-)

Flore

arlette a dit…

Vrai!! une réussite de la nature , le tapis de feuilles mortes à l'entrée de l'exposition et belle harmonie de tons
Vent crispant pour les nerfs et les cheveux "baguenaudants!!

Danielle C. a dit…

"ayant eu parfois grande envie que ces chiens, ces brutalités s'arrêtent" je partage, je crois, votre perplexité.