Décidément je devrai
aller prendre une leçon pour le nouvel appareil, incapable de
trouver comment ouvrir l'objectif, ce qui limite les possibilités. Mais,
avec scotch et pression ongle, le vieux m'a donné ce salut au jour.
Matinée un rien brumeuse,
doucement, mais brumeuse, pour carcasse s'entend, qui refusait de se
réveiller. Lavage cheveux, ménage mini, internet amis, déjeuner, coup de fer aux
tenues du jour, grosse sieste
Et départ, avec crainte
de la clim, avec tripes en révolte, comme naturel mais ne m'y fais
pas, avec aussi la résolution de ne pas renoncer dès le début et,
ne sais pourquoi, une impression, grande attente espérance de ce que pouvait
être «Refuse the hours - La négation du temps» de William
Kentridge (j'avais tout de même pisté les photos de ce spectacle
qui a déjà été donné en Hollande et à Johannesburg je crois, et
j'en ai gardé deux, ci-dessous)
Me suis assise à côté
d'une intelligente et amusante contemporaine et, pendant que cela
s'agitait doucement sur la scène pour tuer le temps et que les gens
s'installaient, nous avons piapaté d'abondance (à propos de
l'Ircam, du 9ème arrondissement, de tout) ce qui m'a aidé.
Et l'enthousiasme est
venu, a faibli un peu par moments, mais juste un peu, a rebondi... et
je trouve que j'ai bien commencé le festival. Ceci dit c'est un
spectacle «atypique» très personnel dont je ne sais vraiment pas
comment parler.
(photo Arnaud Chapuis)
dans
l'entretien avec Kentridge sur le site du festival, entre autres,
ceci, sur le thème, le fil
«Au début de mes
conversations avec Peter Galison, nous avons parlé du temps, mais,
très vite, le temps a laissé place au destin et est devenu une
métaphore pour parler de ce qui se passe à l’intérieur du corps
humain. En fait, à travers ce spectacle, on abordera le temps de
différentes façons. On s’inscrira dans le temps universel, celui
de l’école newtonienne, que l’on comparera au temps tel que nous
pouvons le concevoir aujourd’hui, après les travaux d’Albert
Einstein, ainsiqu’à une autre forme de temps, le « trou noir ».
Nous envisagerons aussi toutes les tentatives qui nous sont offertes
pour échapper à la pression que le temps exerce sur nous. Je suis
très sensible aux horloges qui se trouvent dans les rues des villes,
en particulier celles de Paris. Il y a à Paris un système central
qui permet de mettre les pendules à l’heure à partir d’une
horloge unique. C’est le fameux réseau pneumatique qui date de
1859. Je ne veux pas oublier aussi le temps colonial, qui séparait
les métropoles colonisatrices et les territoires colonisés, cette
distance temporelle entre Paris et Dakar ou entre Londres et Le Cap
par exemple. Ce qui m’intéresse, c’est aussi la confrontation
entre deux perceptions du temps : mettre en rapport une perception
subjective avec une perception politique. Je cherche à proposer une
réflexion complexe et riche sur la façon dont on peut visualiser un
temps élastique et déchiffrer ce rébus qu’est le temps»
(photo John Hodgkiss )
sujet
important, et repris, avec images pleines d'humour, dans la
conférence qui court dans tout le spectacle, mais éclaté,
euphorisé, imagé, par les machines extraordinaires, les musiques,
les trois chanteuses sublime, gospel, contemporaine, la belle
danseuse, la grâce dynamique et le comique de ses interventions, de son jeu
avec les appareils et Kentridge, le traitement des vidéos, des
lumières, la fantaisie de l'ensemble, et l'armature toujours
présente, tous les intervenants, le beauté, presque l'esthétisme, de tout ce qui se déroule devant nos yeux, et des sons.
Bon,
je pense que des articles plus pertinents seront publiés.
Sortie
sur la place qui a trouvé son aspect festivalier, avec les courants
de badauds, touristes, spectateurs qui se frôlent, les parades et
tracteurs, et les petits spectacles de rue.
Rentrée
rapide, en notant que, zut, on restaure mon bout de rempart, pour
noter ceci, faire cuisine, arroser, me retaper un peu, résister en
partie à l'envie de twitter, me changer,
et repartir dans la nuit vers la cour d'honneur, le spectacle de l'artiste invité, Simon McBurney : «le Maître et Marguerite».
Commencé
à lire le début de l'entretien qu'il a donné au site du Festival
et aimé
«Oui, je suis venu à
Paris pour étudier à l’École Jacques Lecoq et je n’ai jamais
oublié une des premières phrases que m’a dites l’un de mes
professeurs: «Si tu oublies un jour de jouer comme un enfant, c’est
que tu ne seras jamais un acteur. » Cet enseignement, ce travail
quotidien du «muscle de l’imagination», a été déterminant pour
moi...» ne suis pas allée plus
loin, faute de temps et pour rester page blanche, juste prélevé les
deux photos disponibles (de Robbie Jack) et noté la durée estimée
: trois heures.
Et
puis ceci, tout de même, au moment de fermer le fichier : «Quelque
part, pour moi, le théâtre est une forme d’archéologie vivante.
Je souhaite que mon travail soit stratifié, c’est-à-dire qu’il
présente différents niveaux de lecture, d’interprétation...»
installée
au deuxième rang, sur le côté, ce qui me mettait face à l'un des
grands panneaux de traduction, mais donnait une vision de biais et
rendait très lointain tout ce qui se passait à l'autre bout du
plateau.
un
spectacle qui a déjà pas mal circulé, évoluant peu à peu et dont
McBurney disait qu'il l'avait revu pour la cour – ce qui se révèle
vrai en bonne partie en constatant l'utilisation qu'il fait du mur :
quelques présences derrière fenêtres, et surtout des projections
assez merveilleuses qui créent certains des plus beaux moments –
mur qui se fracture peu à peu jusqu'à s'effondrer en chute de
pierres, tournoiements de lucioles, ces moments où les acteurs se
retrouvent en gigantesques gros plans sur le mur (très belle scène
entre Pilate et Jésus) ou quand Marguerite rampant sur la scène est
debout, gigantesque, sur le mur prête à se jeter.
Comme
dans le livre, les histoires qui s'emboîtent, les différentes actions à Moscou (grandes
projections du plan également qui nous amènent en chute rapide dans
le quartier de l'action, avant de s'éteindre et de laisser le mur
tel qu'en lui-même) et Jérusalem – des enchaînements très
rapides, des éléments de décor mobiles et réduits au strict
nécessaire.
Mais
faire tenir tout le livre même en trois heures rend l'ensemble très
dense, si dense que, fatigue ?, parfois mon attention se
relâchait, et j'ai eu des moments d'absence ennuyée, avant d'être
brusquement émerveillée.
Sortie
dans les premières, comme toujours (et les trépignements du public
au dessus de ma tête en traversant le dessous des gradins étaient
très glorieuse fin du monde), un peu perplexe,
mes chevilles ne
retrouvant que lentement leur fermeté, me suis arrêtée pour
remettre chaussures en place, regarder descendre ceux qui comme moi
ne s'étaient pas attardés dans la communion (honte à nous) et
réaliser que mes petites notes (avec d'autres) et mon crayon sont
restés sur mon siège.
Alors
ceci, à la va comme je peux, et maintenant dîner et dodo.
Finalement pas si mal (les flous étant de ma responsabilité) les
photos de l'appareil mort..
10 commentaires:
Voilà, c'est parti et la cour d'honneur tient son rôle annuel. Boulgakof en anglais, et surtitré, plutôt longuet, on dirait ?
Enfin, vous avez pris vos marques et vos photos (c'est quoi, votre nouvel appareil ?), et tout va se dérouler selon votre programme.
Beau! Bien! départ en beauté il me semble
Les effets sur le mur en suggestion devaient être impressionnants
Belle suite en douceur demande "carcasse"
Super journée ! Et les photos, même floues, remplissent leur rôle.
Au troisième top, le temps du festival, c'est parti. Un autre temps pour la ville, un autre temps pour Paumée, ma désirade.
Nous voici au coeur du Festival d'Avignon. Pour ma part, ce sera je crois mon troisième Festival sous l'égide de l'excellent guide que vous êtes. Et puis, cette citation : « Si tu oublies un jour de jouer comme un enfant, c’est que tu ne seras jamais un acteur ». Je parcours ces reportages avec l'esprit de l'enfant qui ne cesse de découvrir et de s'enrichir avec ce grand album d'images.
frais et frémissant, cet envol dans le festival... me languis d'y être (peux pas pour l'instant) en tout cas merci toujours de partager avec nous, en toute simplicité et sincérité, ce que vous vivez là où vous vivez dans ce temps festif
Pas étonnant que tu ai mal aux chevilles
Finalement, il vaut mieux que ce soit vous qui y alliez! Vous nous donnez à voir ce que nous ne verrions pas! Merci du partage...
Merci pour ce reportage, tout pareil pour Kentridge, nous avons commencé par lui et ce fut une belle entrée en matière.
Le flou n'est-il pas la première leçon en photographie ?
Amicalement,
Boubékeur
http://boubekeur.wordpress.com/2012/07/10/camera-oscura
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