départ, dès que me suis
sentie presque éveillée, vers la proximité, la place de l'horloge
qui, en ce milieu de matinée du premier dimanche de festival,
rentrait doucement dans le jour,
quelques groupes détendus,
la baraque à souvenirs estampillés festival fermée (mais j'ai bien
aimé sa nouvelle apparence)
et, après un moment de
perplexité devant tout ce qui entravait mon chemin,
la maison de Vilar, où se
déroulent au rez-de-chaussée l'exposition souvenir installée à
l'année, avec des costumes retrouvés, des vidéos,
et au premier étage une
exposition qui vient de s'ouvrir (payante celle là) «le monde de
Jean Vilar» avec des vidéos retraçant partie du parcours du père
de Vilar, de Gérard Philippe, de Maria Casarès (pas de Sorano, ni,
plus jeune, de Vaneck), de Varda etc.., une salle sombre avec des
caisses marquées TNP, la carriole de Mère Courage..
et une dernière (là me
suis fait le plaisir d'une photo furtive et transgressive) très
riche, où ne me suis pas attardée autant que l'aurais voulu, avec
les carnets de Vilar adolescent, étudiant déjà des personnages de
pièces célèbres, des lettres, le manuscrit d'un roman, des traces
de ses adaptations d'Aristophane et autres...
mais suis redescendue
pour, en musant dans la librairie installée dans la cour, écouter la présentation par
Jacques Lassale (metteur en scène – plaisir de le retrouver,
vieillissons ensemble), Rodolphe Fouano (éditeur), Murielle Mayette
(administrateur général de la Comédie Française) et une
universitaire Forence Naugrette de « Dans le plus beau pays du
monde » pièce retrouvée, écrite par Vilar en 41,
retravaillée semble-t-il à divers moments
et puis après une toute
petite moisson, me suis assise sur le côté, essayant de décider si
je tenterai d'avoir une place pour une des deux représentations qui
en seront données les 10 et 11, à travers leurs réserves devant
les maladresses, et le goût pour ce texte qu'ils laissaient aussi
deviner, un
Retour rapide, par
l'animation un peu plus grande de la rue Saint Agricol,
quelques hésitants devant
le théâtre de l'Oulle (mais ce n'était pas une heure adéquate),
des tracteurs
une équipe affichage
et un bonhomme tout seul
sur le parvis jouant avec une drôle de machîne.
Déjeuner, station dans le
soleil dardant à travers quelques nuages au dessus de ma cour,
douche pour se désensuquer et une sieste immense, profonde, lourde,
d'où j'ai émergé avec difficulté pour cuisine, petit tour
internet, endosser nouvelle tunique et pantalon kaki froissés de
Cotelac, d'un terne absolu,
et départ dans la
descente du jour qu'aimaient les pierres
vers les remparts côté
gare, en flânant parce que dans mon hésitation j'étais partie
dramatiquement en avance,
et le point d'arrêt des
navettes (au risque du trajet trop long pour la carcasse
désapprobatrice, plus d'une heure et quart - en fait un peu plus
d'une demi heure, mais ils nous font arriver assez tôt pour emplir
tranquillement la salle - plus le temps nécessaire pour prendre un
billet, des protestations, au risque d'être coincée si pas bien
dans ma peau jusqu'à la fin du spectacle) pour m'embarquer la salle
de Vedène parce que Christophe Marthaler dont j'ai aimé presque
tout ce que j'ai vu y monte «Meine faire Dame. Ein Sprachlabor (My
fair Lady. Un laboratoire de langues)» – et que l'idée me
séduisait.
La nuit montait, la
lumière se faisait rasante, l'eau que nous longions hésitait entre
argent et mordoré, et je m'abstrayais dans «l'homme qui rit», j'ai
retrouvé mon amie de l'opéra et nos piapias... tout allait bien
Un spectacle très
construit comme toujours, par toute une équipe (avec l'assistance
d'une scénographe, de deux dramaturges, d'un assistant à la
scénographie, de deux assistantes à la mise en scène, d'un
directeur musical, d'un vidéaste), et impeccablement mal construit,
jouant les imperfections (d'autant plus grandes que spectacle
populaire – faute de moyens – ne suis pas ironique, j'admire ce
soin et cet art), un spectacle conçu pour être joué comme une
musique de chambre au théâtre de Bâle pendant que dans la grande
salle se donnait la version fastueuse.
photo de Judith
Schlosser trouvée sur le site du Festival
Spectacle joyeux, fusant,
basé sur le thème central de cette comédie musicale : la
communication se voulant parfaite grâce au langage, le «bon» usage
des mots, sur un groupe de gens prenant des leçons de langue, troupe
de remplaçants éventuels pour la grande et belle production, et,
volontairement, rien ne fonctionne ou ne le semble.
Piètres chanteurs, qui, à
force d'imperfections, de petits ridicules, créent une certaine
beauté.
Et cela charrie tout ce
que sont ces gens, avec leurs angoisses, leurs souvenirs, leurs
rêves, la nécessité où se sont mis de se lancer, les exercices
plus ou moins curieux... de très jolis moments comme la crise de
larme qui se transforme en petit choeur guilleret par solidarité
instinctive, une paumée-clown qui avait toute ma sympathie
(descendre un escalier en tentant de s'appuyer sur l'ombre de la
rampe, le bras correspondant à la rampe étant indisponible)
Rires
sans honte, leurs petitesses et ridicules pouvant être les nôtres..
Pas un très grand spectacle (j'ai préféré, je crois, Papperlapapp
donné dans la cour d'honneur il y a deux ou trois ans, même s'il
avait été mal accueilli) mais un moment drôle et intelligent.
Retrouver la navette, et les piapias (et rendez-vous pris pour ce lundi matin au jardin de la Vierge, ou plutôt découverte que nous y allons toutes les deux) ce qui a écourté le trajet
jusqu'à la rue de la
République, presque ensommeillée.
Suivre la rue Joseph
Vernet, déserte à part deux poseurs d'affiches, la place Crillon
qui vivait ses derniers moments, avant l'endormissement, ces notes... et puis dîner et
dormir (blogger me joue des tours pour les caractères - tant pis)
6 commentaires:
Pas un coin de la ville qui aurait pu être ignoré par notre guide. Ces affiches, ces gens dans les rues, ces musiciens des rues, ces jeunes, ces moins jeunes, ces théâtres, ces musées, tout bat au rythme du Festival. Et vous nous le faites bien servir. Bis et rebis
Nostalgie... d'un souvenir de rencontres de proches de Jean Vilar et mon intégration dans ce "mythe" qui était alors normal en son temps
non-" muséifié"
Bon pia pia
Agnès Varda, qui commença comme photographe de Vilar, devrai sans doute faire un saut à cette expo (elle a dû garder son Rolleiflex).
Alors, tous les jours... ?
"devrait" (j'ai oublié la bonnette).
Un vrai parcours de combattante.
De piapas en piapas, la route moins ardue.
Et de deux !
Bon troisième !
(Jour né.)
Enregistrer un commentaire