Dans le froid venu, nous
avons échangé comme chaque mois, dans le froid et souvent dans la
pensée (qui est plus ou moins évidente, dans les textes souvent
élaborés et décidés avant le choc de son absence, et parfois pas
du tout, mais ça ne fait rien, elle est dans nos pensées) de
l'amie, la sorcière, la passeuse de merveilles, Maryse Hache
(ci-dessus un petit pillage/assemblage d'un de ses dessins-collages,
d'une forme, d'une photo)
Nous, c'est à dire :...
(mais plus que jamais ce qui suit est insuffisant et approximatif, et
le scoop.it de Pierre Ménard est indispensable et bien préférable
http://www.scoop.it/t/les-vases-communicants
et sera certainement mis à jour)
écrire sur une
photographie de l'autre
Mathilde Roux
http://www.fibrillations.net/Mathilde-Roux
tu es sur le pont de
corps
un
texte poème, rythmé par ces mots, et ohé, et en avant, un texte
avançant, nous sommant de le faire
Nous sommes sur le pont
de nos corps, en voyage, embarqués, exilés du néant.
Nous sommes sur le pont
de l’encore, nous relions les points minuscules d’une ligne
parsemée de noms.
et
Jean-Marc Undriener
http://www.mathilderoux.fr/2012/11/vasesco-jm-undriener.html
un poème en tâtonnement
– depuis le temps que je te cherche – sensible et beau
et depuis le temps que
je ne compte plus
que je ne tiens plus
compte, plus le compte
ils ne comptent plus,
ne se comptent plus
ces vides-là, là pour
combler le vide laissé derrière
toi, par toi, ce vide
sous la trace de toi
secret
précédé d'une belle
présentation par André Rougier, le linge sale :
un sacré texte qui débute
avec une enfant qui avait un secret, sous ses vêtements, son corset
– et la douleur – et les soins...
On lui passe des
sangles d’un côté, de l’autre, on tire au maximum. Les pieds.
La tête. Le dos. Quand sa colonne craque, elle est prête. Le plâtre
l’attend, tout chaud. Ils posent les bandes sur son torse. Elles
sont bouillantes. La première lui arrache un cri de douleur.
Et
puis, ce qu'est un secret.. les deux soeurs... le linge sale se lave
en famille.... la survivante – Embarquez vous (moi, j'avoue que
j'étais partagée, au petit jour, entre plaisir, envie de déguster
et temps stressant et qu'il me faudra y revenir en meilleure
disposition, que l'ai aimé sans trop être capable de le synthétiser
et que là je ne peux en parler, le format du billet ne s'y prêtant
d'ailleurs pas)
et
André Rougier
http://gadinsetboutsdeficelles.blogspot.fr/2012/11/andre-rougier-les-confins-invite-de.html
l'os de l'obscur (brève
autopsie des secrets)
descendre le long de
photos, déguster et méditer les mots qu'elles illustrent peu ou
prou, qui vont avec, qui sont comme un poème, qui aboutissent à
Il y a dans tout
secret – dans ses recoins où ne bruit plus la rage de l’heure,
dans ce qui vacille, détisse et dérobe comme dans la distance qui
nous en sépare, dans la trame de foulées et venins que cache la
violence du dire, dans
l’ordre celé qui de toujours en altère la donne, dans le sourd
devenir des formes enfin délivrées du souvenir et de
l’asservissement au Retour en ces lieux où le regard s’offre
sans te consumer – quelque chose d’indûment dévié,....
deux poètes
Euonimus Blue
http://www.ericdubois.net/article-texte-de-euonimus-blue-les-vases-communicants-de-novembre-2012-112004430.html
un phare sur un
calendrier, un poème
Épinglé
pressentiment,
Image de vies qui
déraillent
Étrange ressentiment.
Un phare accroché, qui
braille.
et
Éric Dubois
http://polymorphiesduquotidien.blogspot.fr/
qu'Euonimus accueille par
une petite bibliographie, donne un poème empli de calme
Le poème sait trouver
l'écho
si son choeur s'est
niché dans l'écorce
avec trois phrases de
trois auteurs
trois souvenirs
d'enfance ou d'aujourd'hui
charmants
petits textes un pour chacune des phrases,
comme
«C’est vrai, ce
n’était qu’un rêve.» de vouloir courir de nouveau dans le
jardin enchanté de mon enfance. Maintenant il y a du béton, il
paraît.
Très ou trop longtemps
que je n’ai pas foulé les artères de ma ville natale.
et
à nous de la rendre
intéressante, grand mère (le début étant la reprise de la
phrase de Nancy Huston, la grand mère venant d'Agata Kristoff)
étude de marché, de
probabilités pour : Grand-mère thésaurisait
Terrorisait Terrifiait. Terrorifiante Grand-Mère Fiente Elle se
baissait pour ramasser des sous égarés par d'autres et
joli tour de passe rêve.
son et souffle, souffle et
son
D'abord suivre le
souffle...
un texte qui, comme le
font souvent ceux d'Ana, progresse par bonds, par redites, par
légères modifications, et puis perdre souffle ou partie du son -
dire mon frère, dire mon
frère il écrit de la poésie
Il travaille pas. Trr
vayy pa. Mon frère il est solitaire. C'est un solitaire. Sss lll t
rrr. Il nous lit ce qu'il écrit. C'est bien ? Je sais pas. Il nous
lit toujours
et
son éclate d'un
souffle clair / Atareb la ville noire de feu
un
texte comme elle sait – son, souffle,
Daunik Lazro saxophoniste, Abou Abdou de la ville de Atareb – ne
chercherai pas à paraphraser, quelle horreur, mais c'est beau,
creusé, avançant comme le fait Abou Abdou entre frontières, comme
le fait la musique de Abou Abdou
(j'écoute ) - le
souffle le son - presque phrase et brisure le souffle le son -
presque phrase et brisure presque phrase et brisure presque phrase et
brisure presque phrase et brisure presque phrase et brisure presque
phrase et brisure presque phrase et brisure presque phrase et brisure
- presque
de chez toi à chez moi ou
le contraire en utilisant google street view
Anne Savelli
http://dreamlands-virtual-tour.blogspot.fr/2012/11/vases-communicants-anne-savelli.html
à l'oreille (jour et
nuit du quartier sensible)
dans
le quartier dire tous les endroits où c'est la nuit, où c'est le
cri, et puis montrer ce qui fait tourisme, et chez Fabien – et il y
a ce que l'on dit, et puis ce qu'on ajoute, les commentaires
Ce qui compte ce n'est
pas le marchand, ni sa roulotte ou ses bonbons (sachets rayés rose
et blanc cependant) mais l'homme qui se tient debout à côté.
Inutile de le chercher : il n'apparaît pas sur l'image. Mais c'est
ici son lieu, là où il n'attend rien et peut rester des heures,
entre le sens interdit et le groupe qui traverse.
Et
tourisme ou pas il faut la suivre, parce que c'est Paris, le vrai,
celui qu'on vit (y suis passée souvent dans ce coin, différent et
pas si différent du mien) et ce n'est peut être pas très loin ce
trajet mais c'est tout de même une bonne trotte.
et
Olivier Hodasava
http://fenetresopenspace.blogspot.fr/2012/11/pour-toujours-par-olivier-hodasava.html
Pour toujours
Il
dit, il dit... et c'est toujours la ville, les numéros de rues, les
trajets pour venir, les rencontres, les changements
Il
dit : C’est dingue. Je ne sais pas si tu as remarqué, c’est un
peu comme si on feuilletait un album de famille. Moi, souvent ça me
donne le vertige. On voit des images, des bâtiments, des paysages,
et on se dit : tout cela a changé – tout cela n’existe plus.
Pareil pour les visages : avec le temps, ils finissent par être
flous. Un peu comme un souvenir qui s’efface. Ça pourrait être
triste, c’est sûr, tous ces traits qui se gomment mais moi je
trouve ça assez beau. Assez doux. et
moi j'aime ça.
notre prochaine vie
antérieure
Anne-Charlotte
http://christopherselac.livreaucentre.fr/2012/11/02/887/
une méditation de
moraliste – penser à la mort, cerner cette vie antérieure, penser
à une autre vie que la sienne, penser à vivre toi
ne pas trouver les
mots, préférer les images, ne pas fuir l’existence, ne pas subir,
ne pas voir en les circonstances des obligations, avoir le choix,
assumer les possibilités, ne pas chercher d’excuses, m’apprendre
la sérénité, la douceur de vivre, la paix, la simplicité.
et
ma prochaine vie
antérieure
avoir
tout, être envié par tous, mais si peu par soi que vient la
dépression, la visite à un psychologue, la recherche, pour se
soigner, des vies antérieures – et ma foi la guérison n'est guère
rapide ni évidente, si le texte lui est «tout bon»
Aujourd’hui, je suis
sanglé à mon lit jour et nuit, avec des pastilles scotchées sur ma
tête, et des fils qui me relient à un ordinateur, attendant une
nouvelle séance au cours de laquelle j’irai à la rencontre de ma
prochaine vie antérieure. Je n’ai pas vu la lumière du soleil
depuis longtemps, trop longtemps.
à propos d'une toile de
Hopper Drug Store
L'expertise :
qu'elle fait faire par un
ami, à la demande d'un Nicolas Bleuxher, expertise d'un tableau, de
celui là justement, en s'attachant aux lettres qui y figurent
L’expert adoptait,
sauf exception, le style concis des examens extemporanés, pratiqués
au cours des exérèses chirurgicales.
Des illustrations
étaient annexées, elles montraient qu’il avait extirpé, non sans
dextérité, des preuves rassemblées par connexion Internet...
et
l'expertise est à lire, l'expertise et la réaction des
destinataires, et la discussion, la réponse de l'expert …. etc...
et on apprend une fultitude de choses, c'en est presque étourdissant.
et
Drug Store :
le réquisitoire d'un
procureur contre le propriétaire criminel du drug store, comme dans
un roman, ou peut être comme dans la réalité (elle je ne la
connais pas, du moins celle là) bien ferme et savoureux
Je parle d'une
organisation impeccable, d'une horreur méticuleuse, d'un sadisme en
gants blancs, d'un plaisir monstrueux. Je parle de Franky-la soude...
c'est parfois
domestique
lire
et écouter un court texte que j'ai beaucoup aimé – les petits
ennuis domestiques
Autant penser à autre
chose. Autant se fredonner un air. Autant superposer des strates.
C’est la mouche qui
se pose quelque part sur ton genou, que tu balaies du dos d’une
main, qui fait trois tours autour d’une lampe et qui revient au
même endroit.
et
distant fingers
deux
vies, une seule, depuis des années, aller jusqu'au bout ensemble –
un texte tendu, dense, beau
Elle a sa place à lui,
lui à sa place à elle. Ce sont les mêmes scènes, mais à
l'envers, de l'autre côté du miroir. Du côté où les formes sont
libérées de la pesanteur et de l'inertie de ce qui doit consister
pour exister sous sa forme unique. « Le monde ne se rappelle à nous
que par sa disparition. Qu'est-ce que nous aurions à faire ici, nous
les vivants, sinon, non de vivre, mais de mimer la résurrection ? »
affrontements
une réorganisation du
monde
une
explication par Arnaud Maïsetti du choix d'affrontements et
le texte de François Bon
le
monde, décrit au passé (est-il passé, présent ou futur ?) d'après
les affrontements, monde de zones strictement délimitées, chacun se
tenant à sa zone, ne faisant que traverser celles des autres mais le
pouvant, une liberté avec des limites strictes décidées pour les
éviter, les affrontements
Le grand affrontement
avait permis enfin la réorganisation territoriale, on avait refait
un monde qui autorisait l’humain, à condition de les séparer tous
et chacun.
On n’aimait pas ceux
qui tenaient désormais discours contre les routes trop droites, et
la porosité des lignes.
et
Arnaud Maïsetti
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php
affrontements
long,
beau bien entendu, grave, texte – c'était vivre, au temps des
affrontements avec le temps, soi, le réel – c'était être au
présent – c'était livrer bataille partout, sur la page –
c'était la colère contre mots insuffisants – c'était voir les
affrontements autour de soi, dans la ville
c’était désormais
le temps qui ne finirait plus, des affrontements qui conduiraient
plus loin que soi l’espace de nouveaux morts, des villes posées
contre le vent, des corps levés, des ruines intérieures, et des
joies d’appartenir à ces combats qu’on partagerait, des forces
en présence, et des veilles encore, qui feraient durer le temps pour
qu’il soit nôtre.
Christine Leininger
http://camillephi.blogspot.fr/2012/11/vase-communicant-de-novembre-christine.html
parle ou fait comme si à
une (ou un) – un texte délicat
Un souffle de ta
respiration dans la courbe du cou, et c'est le son qui vibre hélas.
Plus de bruit, pluie de
bruts, les mèches du vent décoiffées ravagent le geste de deux
mains qui sèment.
et
Camille
Philibert-Rossignol
http://les-embrasses.blogspot.fr/2012/11/vases-communicants-camille-philibert.html
Ballade pour Maryse
Hache :
une longue et belle
ballade que vous invite à faire et qui, inclue, par des liens, des
participations de Maryse Hache, des histoires de vladje, au blog 807
comme (Maryse) : vladje
moissonnait lavandes sur macadam, pissait debout derrière haies
d'aubépine sans même relever robe rouge au fond des impasses,
mâchait blés en épis dans de blancs cabriolets, mordait dans les
fleurs d'acacias sur des fauteuils coton imprimé, faisait liste des
trous d'égout...
et
Camille : Vif, le vert d'herbe, il
s'étend au delà du décrochage bétonné qui traverse tout l'espace
en contre-bas. Sur toute sa longueur, un fin filet d'eau s'y traine,
y flaque d'ici à au delà. Contigue, l'étendue herbeuse jusqu'à un
promontoire où elle se plie en trois haute marches. Pour aboutir sur
un grillage et derrière j'imagine un chemin qui y passe, puisque
deux petits marcheurs et un chien minuscule avancent en ligne
les nouilles (joli
échange, qui valait mieux que m'envoyer en cuisine ce qu'il a
pourtant fait)
Michel Brosseau
http://www.fuirestunepulsion.net/spip.php?article1688
les nouilles aussi sont
des portes
très
jolie façon de tourner autour des nouilles, des colliers de, des
nouilles crues, de ce mot rond qui ne se mâche pas, du renvoi par
Wikipedia à propos de collier de nouilles à modeste... et des
nouilles aux pâtes, au voyage de l'Italie à la Chine... je tue le
plaisir là avec mes mots
Qu’importe, plutôt
curieux de savoir ce qu’écrivait chacun en bord d’assiette,
pâtes alphabet sorties bouillon de légumes. Et quels prénoms,
quels mots, et comment on les a de nouveau noyés au bouillon, ou
lettre à lettre se les être magiquement incorporés, et quelles
histoires ont ainsi démarré en bordure d’assiette creuse…
et
Guillaume Vissac
http://www.xn--chatperch-p1a2i.net/spip/spip.php?article380
Nudel
une voix raconte, parle
d'un homme assis là chaque jour dans le restaurant, un
thanatopracteur, et qui mange toujours la même chose, à la même
place, sans rien dire, sans penser, du moins il semble, qui ne lit,
qui ne regarde pas la télévision,
Le jour où on le fera,
où on préparera d’avance sa commande, tu sais ce qui va se passer
: il viendra plus, c’est sûr, il viendra plus et on le reverra
plus non plus, c’est le genre de trucs qu’on sait (ou bien, je
sais pas, qu’on croit savoir), une espèce de superstition, tu vois
ce que je veux dire ? Des fois je le regarde manger, je crois qu’il
sait que je le regarde car il fait surtout bien attention de surtout
jamais tourner la tête vers moi, tu comprends, pour pas que nos yeux
télescopiques, non, respectifs, ils se télescopent...
mais chaque fois il vient,
il parle juste pour commander après avoir fait comme s'il
choisissait, ou peut être après avoir cru qu'il choisissait – et
la voix tourne autour des interrogations, de l'étrangeté de cette
présence absente que l'on ne peut ignorer parce qu'il est toujours
là avec son silence, son mutisme plutôt puisqu'il fait du bruit en
mangeant ses nouilles, et puis de cette profession. Et du coup toutes
ses manies sont scrutées, décortiquées, et il énerve mais il est
habitude presque nécessaire.
un très bel échange pour
Maryse
Christine Jeanney
http://www.pendantleweekend.net/2012/11/vases-communicants-31/
une lettre à P parlant
de M
imaginer
P et sa façon de dire les souvenirs, ne pas pouvoir, sortir et voir
la nuit, regarder, se placer soi et sa peine, penser M, pencher la
tête
rien ne ressemble à
rien qui soit connu en fin de compte, et puis ils arrivent tous, la
nuit, les gens, ceux que l’on aime, ils sont là où on ne peut pas
être, barrières d’atomes, la peau jamais ne se traverse, ne
peuvent se joindre (heureusement que là on n’entend pas ma voix,
quelle chance) – c’était une autre nuit qu’elle est partie,
ils sont partis, ils s’en vont juste ou vont juste dormir, un
soupir mince
un texte qui avance,
lentement, comme peut, dans cela – et c'est beau même si ce n'est
pas cela qui est cherché - même si cette tristesse de cette lettre
aurait impatienté M, l'écrire et se tenir la main – et de très
belles photos
et
Piero
Cohen-Hadria http://www.christinejeanney.fr/#vases_communicants.C
Ce sont des mots qu’on
lance (la nuit)
ses
photos et un texte méditatif, beau, toujours, simple et profond –
l'hiver, la nuit, le cinéma, se pencher, une femme – aucun de mes
mots ne peut dire cela que devez aller lire
il y avait la nuit, à
présent l’heure d’hiver est revenue, ma journée de dimanche,
ces jours entiers, je ne crois pas que j’irai, c’est où reposent
les miens, tu comprends, ça va comme ça, j’aime toujours sans les
avoir vus les tilleuls, le chat roux, pas vu, les «quelqu’un dit»,
non, je ne l’avais vue que quatre fois, mais entendue à deux
reprises lire ce qu’elle écrivait, j’adorai ça, j’avais avec
elle quelque chose qui me faisait l’adorer comme on aime les
mandarines, les fraises, les cerises, les fruits d’été,
Tarot-Eros
d'idée
de neige en interrogation sur la neige, se lancer, se perdre en trois
tarots
Tenir à la main le
bâton rouge et les yeux plantés dans l’étoile. Que mes grelots
résonnent, qu’ils fassent le bruit qu’il faut. Je ne veux
m’aveugler que la tête haute et que chaque pas fraye avec les
bêtes et les chiens. À ma taille des yeux et des perles. Je me sens
porter la cartouchière du bonheur et des lueurs
et
un poème – refaire,
revivre, prendre ses souvenirs, les écrire, boucher les trous – de
courtes strophes
Les gens
autour de moi
des scènes
des portraits
en pieds
il s’agit
de refaire tout ce que j’ai vécu
l’écrire
le
réécrire
barbouiller
le tableau
les impatients
une
femme sur une tombe et ces impatients plantés là et leur soif,
toujours – comme un marmonnement intérieur
Il est petit, celui-là
d’impatient. Pourtant c’est pas Dieu que je l’arrose pas, que
je le soigne pas. Faudra voir à ce qu’y crève pas lui aussi.
Pourquoi le Bon Dieu y m’a fait comme ça. Y crèvent tous, les
vieux, les jeunes, les riches les pauvres, à côté de moi. Faut
croire qu’y m’aime bien parce que qu’il me veut pour lui tout
seul.
et
Hallowen, un tocsin
pour la pluie et les vents de tempête
un poème pour la saison
Voici venir le temps
des pluies et des tempêtes
C’est le temps des
marées soulevées par le vent
Tempo des coeurs givrés
battant un soir de fête
Temps glacé du tocsin
le temps du mauvais temps
deux poèmes – morts
d'animaux
FrédériqueMartin
http://maplumesurlacommode.blogspot.fr/2012/11/un-matin.html
un matin
une
chatte écrasée, bon ça ce sont trois mots, allez lire les siens
qui disent beaucoup plus
Sans doute pour
m’épargner
– les bêtes sont
pudiques –
l’offrande qu’elle
avait faite
sur l’herbe encore
humide
de son œil
exorbité.
et
Les fêtes révolues
debout contre un mur, il
serre une patte de poule, odeur de chair morte, bruit des bouleaux,
chats noyés, oiseaux dans la main et vent dans le ciel pommelé
Des fourmis lâchées
Par poignées
Des moineaux blessés
Qui tremblaient dans le
creux
De la main avec un
Cœur frémissant
comme
Une goutte d’eau.....
légèreté
Elisabeth Legros-Chapuis
http://lesmainsdanslespoches.tumblr.com/post/34788738521/novembre-vases-communicants-avec-elizabeth#disqus_thread
légèreté
corps
légers sur la planche, sur la page – corps léger le long des
allées, esprit léger devant un film, corps léger
Comme la poussière des
fleurs mortes, lui reviennent par vagues les pièces du puzzle et il
s’élance sans retenue dans l’azur pour procéder à leur
anastylose. Vienne la nuit, sonne l’heure, et il sera au
rendez-vous fixé par les nonchalantes, prêt à tout pour les suivre
dans leurs méandres.
et
Amélie Charcosset
http://2012fragmentaire.wordpress.com/2012/11/02/sencorporer/
s'encor-porer
un
sonnet
un corps vivant, s'évade
léger, au détour des saisons
Quotidien mélangé,
habitudes motivent
Ma langue disséquée,
clés approximatives
Mais mon corps fait des
bonds, de plus en plus légers.
lire
Martine Horovitz-Silver
http://encrebleunuit.blogspot.fr/2012/11/pathologie-de-la-lecture.html
Pathologie de la
lecture
elle a
un grand défaut, elle lit, lisait trop enfant, part en vacances avec
gros sac de livres, hésite dans le choix du suivant... a été un
peu sauvée de l'envahissement par la liseuse mais ne peut s'empêcher
d'acheter aussi des livres papiers (en somme est normale)
Mais j'en prête. Ou du
moins, j'en achète en double pour pouvoir les prêter. J'en achète
aussi en double parce que j'ai oublié que je les avais déjà
achetés. Plus étrange, j'ai beaucoup de mal à me décider à lire
ceux que l'on m'offre, qui attendent parfois des mois, des années...
et
donc est devenue critique littéraire avant d'abandonner devant
l'afflux des mauvais livres – en reste à ceux qu'elle désire
lire, et tient un blog théâtre (m'y suis promenée)
et
lire ou marcher pas
besoin de choisir
aimer
marcher et aimer lire – trouver grâce à Martine le livre qui en
parle bien Marcher une philosophie de Frédéric Gros, livre
sur grands marcheurs écrivains – en parler et de tous les livres
aimés qui en parlent
Au terme de cette
longue énumération, il me semble qu’une conclusion s’impose :
peu importe pourquoi on marche, calmer ses angoisses, vivre la nature
ou découvrir d’autres peuples, l’important c’est de marcher.
Pour se (re)découvrir, pour être vrai avec soi-même.
textes et photos, un
échange délicat
Déborah Heissler
http://www.fut-il.net/2012/11/ou-rien-plus-rien-ne-pese-vasesco.html
où rien plus rien ne
pèse
je
n'ai pas pris la photo parce que Déborah, prudente, avait annoncé
qu'elle serait très en retard, ce qui finalement ne fut pas le cas
son
texte, très fin, sur la poésie ne supporterait pas la dissection –
vous laisse découvrir ces quelques lignes
quittez sans doute,
mais quittez en laissant vibrer — un visage approché ou bien une
rue, un jardin traversés le temps au moins d’une lecture où rien,
plus rien ne pèse
et
Christophe Sanchez
http://deborahheissler.blogspot.fr/2012/11/vasesco-christophe-sanchez.html
sac et ressac
une
réussite – un homme le front contre la vitre regarde la pluie
tomber, entend un cri d'oiseau, émerge
Ressac
Trouver une nouvelle
dimension pour percer, et le vague, et les vagues, et le blanc du
ciel qui se confondent. Lui et sa dimension de la fuite immobile. Lui
obligé d’être en accord avec le décor, sans s’éloigner des
pensées claires mais en acceptant le gris qui abat les saisons, les
« trop » et les « pas assez » qui vont et
viennent
Le papier (nous aimons le
papier)
Catherine Désormière
http://doha75.wordpress.com/2012/11/02/papier-de-brouillon/
papier de brouillon
un
texte sensible - une petite fille commence le brouillon de sa
rédaction et puis griffonne dans la marge en pensant à ce qu'elle
aurait voulu et ne sait pas écrire, veut recommencer, efface sous
l'oeil et la remarque désagréable de la maîtresse
– Mais pourquoi tu as
gommé ? C’est très sale. Je vous ai appris à barrer proprement
en diagonale. Pourquoi tu n’obéis pas ?
– … Je voulais
économiser le papier, Madame.»...
et
Dominique Hasselmann
http://desormiere.blog.lemonde.fr/2012/11/02/cylindres-de-papier-2/
cylindres de papier
cylindres
pour plus noble usage que ceux qu'ai connus à l'usine de cahiers de
mon père – cylindres alimentant les rotatives, le souvenir presque
épique (au moins dans le style) qu'en a un ancien prote (je crois).
Rotatives, comme si
Galilée orchestrait encore leur valse, crépitements, sifflements,
bruits compressés, bielles comme celles des locomotives, giclées
d’huile et mains luisantes, les exemplaires sortent à la file,
emboîtés au centimètre près sur la cascade d’un escalator
tournant comme dans les génériques des films noirs américains, une
usine à produire de l’écrit, tous les jours, le grand feuilleton
des faits divers, des meurtres, des catastrophes, des renversements
politiques...
mais
lui, comme tant d'autres, lit maintenant le journal sur son téléphone
ou autre écran, avec petite nostalgie parfois, mais il
aime penser qu’importe le support pourvu qu’on ait la drogue.
écrire sur photos de
l'autre
Madame de Keravel
http://dom-a.blogspot.fr/2012/11/paul-emploi.html
Paul Emploi
véhémente
apostrophe à Paul, prédateur tel un crocodile, profiteur de
vieilles dames et habitué des endroits luxueux, le gigolo qui est
venu s'installer dans l'appartement voisin, qui est mauvais exemple
pour Kevin
Mon môme, le Kévin,
il a jamais rien su faire de ses dix doigts, il passait son temps à
zoner assis sur le dossier du banc du bac à sable, ou dans la cage
d’escalier l’hiver. Mou comme une chique, même pas capable
d’aider sa daronne à monter le panier des commissions. Et depuis
un bout de temps, il s’absentait de plus en plus dans la journée.
Moi je me demandais bien ce qu’il pouvait faire… Puis j’ai vu
qu’il s’achetait de nouveaux habits, un peu trop chics pour lui,
on aurait dit qu’il était déguisé –
une belle verve
et
Dominique Autrou
http://depluspres.blogspot.fr/2012/11/vases-communicants.html
la trace
un
récit – un vraquier, une avarie près de l'arbre de transmission
succédant à une série d'erreurs humaines – faire escale à Brest
pour réparer et se reprendre... un zeste de malice de l'auteur... le
nouveau Brest maintenant que la Bretagne a son autonomie, le dernier
refusant Adam E repris de justice.. lisez
Il passe à Coataudon
devant les terres de ses ancêtres, honteusement spoliés par un
magasin Ikea. Il faudra se plaindre auprès du géant suédois en
temps utile mais ce n’est vraiment pas le moment. D’ailleurs où
sont passés les titres de propriété ? Filer le long de l’ancienne
route, celle qui passe par Châteaulin (la buvette auprès de
l’arrivée du criterium cycliste est devenue un bar gay au nom en
rapport avec l’appareil moteur du vélo, on appréciera l’humour
au passage, passage effectué au reste à l’envers du parcours)
écrire à partir d'une
photo de l'autre
précédé d'un hommage à
Maryse Hache avec la citation d'un de ses poèmes
narcissus
pseudonarcissus
enjonquille-moi
l’univers
mange-moi à fleurs
visage
le
texte de Maïa ou i_trema_ impact
après
le choc, la commotion de la rencontre, l'hébétude et le froid, et
puis partir, construire, même du vent
Ce heurt qui nous a vu
trembler, ce bruit qui claque et fouette nos sens.
Nous partons en étoile
maintenant, nous nous propageons hors de ces murs.
Après le choc nous
avons laissé parler la poudre.
et
Louise Imagine
http://intermittences.tumblr.com/post/34817904339/lombre-des-ronces-avec-louise-imagine
l'ombre des ronces
toi,
cachée, n'osant pas, regardant jouer les cousins, leur tranquille
violence (bombarder voitures) et ton refus que tu n'oses pas
exprimer, que tu ne peux pas dire, puisque depuis toujours ta
sensibilité t'est reprochée
Tu ne peux pas parler.
Mais tu sors, seule, tremblante, de derrière la haie, avance vers
l’automobiliste qui, furieuse, vient juste de brutalement freiner
et s’approche, poings serrés, appelant les coupables à sortir de
leur cachette. Rouge de honte, tu baisses les yeux alors qu’elle te
traite d’inconsciente, alors qu’elle te menace de tout dire à
tes parents. Rouge de honte, tu te tais.
Et les
cachés font silence, et on t'aime pour ce désarroi et ce courage.
antiques - un échange
imprévu entre
Danièle Carlès
http://2yeux.blog.lemonde.fr/2012/11/01/virgile-leneide-danielle-carles-vases-communicants-nov-2012
ce qui est devant la
porte : traduction d'un passage de l'Énéide
Chaos, Phlégéthon,
vastes lieux de silence et de nuit,
qu’il me soit permis
de dire ce que j’ai entendu, que votre volonté m’accorde
de déployer le monde
enfoui dans les ténèbres du fond de la terre.
Ils allaient invisibles
dans la nuit déserte parmi l’ombre
et
les palais inhabités d’Orcus au royaume du néant...
et
Jacques
d'Anglejan
http://fonsbandusiae.over-blog.com/article-trois-chants-vases-communicants-avec-j-w-chan-112013077.html
trois chants
trois
chants comme ceux des aédes ou de Virgile, trois chants à ton de
légende, trois chant pour se souvenir, d'un grutier sur le port de
Rotterdam – une belle réussite et du rêve pour lecteur ou
auditeur puisqu'on croirait les entendre proférés, ces vers
Et Ulysse est désormais
sponsorisé par les Télécom
Moulinant l’encre
noire des houles pacifiques, il
Cingle vers la ligne
d’arrivée du Vendée Globe
Il est seul au milieu
de la mer, chante pour avoir
Moins peur & bien
sûr l’aurore a des doigts de rose
Mais aussi nous savons
périls et monstres marins
Sommeil, tentations
féminines parfumées et puis
Encore les ruses des
ennemis ou le temps qui passe
Maryse Hache,
http://semenoir.typepad.fr/semenoir/2012/10/cut-up-12-promenade-chez-lmorali-invitée-vasesco-nov-2012.html
qui avant que la maladie
ne la ressaisisse cruellement avait évoqué son futur échange avec
Laure Morali, dans un de ces beaux billets comme elle savait en
dédier à certains d'entre nous, évocation par un beau cut-up dans
le corps des forêts de Laure
S'approcher en silence
du lac, les pieds dans la mousse, et sentir l'émotion des choses.
Une intime confidence te pénètre, la joie d'un présent. un animal.
Un vent. La chute d'un fruit. Et vouloir crier tout l'amour que te
fait porter la terre avec sa beauté périlleuse
et
lui répond «À
Maryse, fleur de taïga» par un non moins beau cut up dans les
mesmoires, la dernière série des billets de Maryse
elle marche elle marche
fait "trotter ses petites bottines" / couleurs des rêves /
de nos belles vies en joie bonheur,
reprenant les mêmes caractères (ce que je ne fais pas) et les vers
justifiés – et y ajoute des jardins, avant de parler de ce qu'elle
savait ou ne savait pas (comme moi), de ce qu'elle aimait de Maryse,
du texte qu'elle avait d'abord envoyé à Maryse en prévision de cet
échange qui n'a pas lieu tel qu'elles l'avaient voulu
Dans un brouillon, cet
après-midi là, à Montréal, je notais sans me comprendre : "fille
de la lumière bleue dans les coutures du soleil, enveloppant ses
mains de soie, mais qu'elle est cette terre dans laquelle tu glisses
à l'envers...
et
puis Est-cela que l'on appelle
"l'amitié virtuelle", comme on dirait dans un autre
contexte, sur un ton de feinte légèreté : "c'est
juste platonique" ? Les mots de quelqu'un font partie de son
corps. Ils ont le pouvoir de nous faire sympathiser
et puis, sur un coin de
table, de deux tables assez différentes
Eve de Laudec ci-dessous,
pose sa main sur la sienne, retrouve souvenirs familiaux, qui
remontent avec belle force et que verrez, et puis :
Remonte dans mes doigts
sa sève nourricière qui répand furtivement la magie de sa mémoire,
hydrate les bourgeons en éclosion, délie l’inspir engourdi. Dans
une dernière poussée déferlent soudainement flots de vers, ressac
de triolets, houle de lyrisme, nébuleux sonnets, vagues de rimes,
ondulantes lexies, lames de sentences, adages en rouleaux, remous
d’expressions, ruée d’écrits, le spleen du terme, à terme.
et
moi ou Brigetoun
http://evedelaudec.fr/cooperations/les-vases-communicants/index.php
instinctivement, comme
souvent, m'y suis assise sur ma table, ou presque
Sur un coin de table,
j'ai posé une fesse
L'était à la limite
d'une terrasse, et la rue et sa vie devant elle – regardais sans
voir, comme un long bâillement refréné, blottie dans une
indifférence rêveuse – et la rue et sa vie devant elle,
insistant, avec de furtifs éclats, une couleur, une drôlerie, un
chatouillement qui sollicitait.
et puis savais pas trop,
alors... un peu n'importe quoi (et l'accueil me l'a confirmé, ma faute).
Je pensais que c'était
fini mais à 16 heures j'ai découvert un échange si résolument
discret que j'ai hésité à en parler (et prévenir comme pouvais)
je crois d'ailleurs que, tant pis, suis trop lente et sotte, je
n'essaierai plus de relever le petit défi d'être à jour dans ces
conditions.
C'était entre
voyage en écriture sur
la ligne des hirondelles
souriant
tch tch avec l'autorail Picasso
tchtch tch tch et le
rythme s’accèlérait et nos coeurs et nos corps s’assouplissaient
pour se laisser porter d’un point à un autre – silencieux
contemplatif pour mieux revenir dans l’espèce et le tumulte.
Et
Maryse
Vuillermet
http://www.babelibellus.fr/chezjeanne/vasescommunicants/2012/11/02/louise-bramante
Louise Bramante
Son
histoire à elle qui est venue en France au moment de la construction
de la ligne Saint-Claude/Moretz et des tunnels
Moi,
je ne crains ni la fatigue ni la misère. Je suis devant mon fourneau
et je fais
à manger tous les jours que Dieu fait. J’aime le
tabac à chiquer, même si j’ai les
dents toutes noires depuis
longtemps.
J'espère
que n'ai pas dit trop de bêtises, et pas fait trop de fautes. Suis
paresseuse là maintenant.
8 commentaires:
Ce commentaire à deux volets. Encore une belle discipline à rassembler autour du thème des vases communicants ces extraits qui montrent la vitalité de l'exercice. Deuxième volet, je constate la présence de beaucoup de poésie ce mois-ci. Et un beau texte sur Maryse Hache.
Belles et Bonnes lectures
Merci
Vous dire merci et merci encore, Brigitte pour vos lectures attentives, pour lier plus étroitement encore ces vases les uns avec les autres.
Un énorme travail de recension pour lequel on vous encense, sincèrement.
merci Brigitte... PCH
merci de ce texte...
toujours aussi passionnant à lire...
cette récolte de mots... et ces photos...
un grand merci pour ce travail digne des travaux d'Hercule
Merci Brigitte ! Je suis les Vases pas d'aussi près que je le voudrais ces derniers mois (cadavres exquis laissés en friche, par exemple), mais je ne manque jamais rien de vous, et je fais bien.
Vers 16 heures, dites-vous ? Seulement ?
Dire les images.
Il n'y a qu'à ce prix
qu'elles prennent vie
et cela parfois prend un temps fou.
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