Vendredi

vendredi, le ciel évoquait, par place, par moment, la possibilité du bleu, mais bof...

vendredi, ai fait moisson assez grande, lourde, triviale, à Carrefour pour rendre impossible un passage chez Ventilo pour l'avant-dernier jour des ventes privées, et c'était fort bonne chose pour ma bourse et mon manque de réel besoin – même le petit plaisir pervers de poser un pied, un autre, de pénétrer dans ce qui se veut temple, avec ce chargement et ma vieille parka de jeune des quartiers ne m'amusait pas suffisamment... et puis rien ne sentait ni ne coulait..

vendredi, l'allée centrale de la place de l'horloge était embouteillée par un début de tranquille activité – et la fantaisie des cartons marqués de bananes contenant des écharpes de lainage m'a souri.  

vendredi, ai rencontré une nature morte ou vanité sans gravité, et l'histoire qu'elle me contait m'a traversée si vite que l'ai oubliée – elle veut se redessiner, la laisse cheminer, la garderai tue si elle s'en vient. 

vendredi, des mains créaient une fausse poésie appliquée qui n'était pas sans charme.

vendredi, ai pensé qu'il devenait urgent que je regarnisse mon compte pour que deux santons d'Isoline Fontanille viennent rejoindre mon petit peuple – éviter doublon – accueillir, si le peux, la petite vieille distraite qui laisse sa chèvre brouter sa récolte verte, la belle et riche fermière, avec son chapeau, son mantelet, son gracieux panier contenant des bidules blancs, et sa grosse poule noire – peut-être trop tard, les banquiers sont si languides..

vendredi, il ne se passait rien.