Une journée - et pas de musique

Une journée claire dans le ciel

Une journée de mauvaise humeur

Une journée de pensées saumâtres et sottes, et de leur refus simultané

Une journée où sous idées ouvertes, petits élans, compassion, admiration ou joie partagée je soupçonnais leur revers égoïste ou complaisant, le début d'une satisfaction de se sentir généreuse

Une journée de lectures brouillées par le monde, de désir déchiré.

Une journée de petits départs et de stérilité

Une journée à chasser en secouant sa poussière de mes pieds

Avant qu'elle ne finisse, je devais aller, même en les traînant un peu ces pieds, écouter, affronter, un torrent de piano virtuose, ce que je n'aime guère, ou moins encore.

Un concert de Khatia Buniatishvili, belle jeune femme, belle pianiste, ancienne enfant prodige, avec en première partie Liszt, sonate en si mineur et Méphisto Waltz

et après l'entracte Chopin en toute sa brillance – scherzo en si mineur opus 20, scherzo en si bémol mineur opus 31 et scherzo en ut dièse mineur opus 39

suivi, pour finir, par Stravinsky – trois mouvements de Petrouchka.

J'entendais dans l'air de la cour un début de fureur sur la ville, le non à tout montait en moi, j'ai pensé finalement que mon désir appliqué de me faire réceptive à ce que le jeu de la pianiste aurait de beau ne tiendrait pas tout au long de ce feu d'artifice de difficultés affichées.. ai renoncé – please ne jugez pas.

J'ai trouvé une vidéo où elle joue la Méphisto Waltz

Me suis rencognée, méprisée un peu, avec un sourire satisfait.