C'était un mercredi de
détresse physique et morale, c'était le regard un peu flou, depuis
mon trou, sur ce qui s'écrivait.
C'était par delà des
moments d'admiration, quelques éclairs d'amusement, s'enfoncer dans ma conscience misérable, mon auto-mépris, et mon sentiment de
solitude
C'était rebondir dans
l'idée d'une coupure, pour ne pas être inutilement pénible, et
pour se protéger... C'était une envie de décapage, de recentrage,
de noyau scruté
C'était un jeudi en
tentatives de comprendre, un peu, sans illusion sur ce qui en
resterait, mais comme exercice, des résumés inévitablement, mais
pas tant, superficiels de plusieurs courants, plusieurs théories
économiques... avec intérêt, bouffées de colère, mais aussi
sensation délicieuse de la gratuité de l'exercice.
C'était un vendredi de
vases communicants, avec l'idée d'en rester là, quand, assez tôt,
ma petite recension, peut-être un peu bâclée, a été prête, de
laisser dormir ou fermer paumée, et une longue sieste en musique.
C'était un samedi de
grands vents sur la ville, une sensation de liberté, un accord avec
soi et le monde, et pas grand chose d'autre.
C'était un dimanche de
soins à carcasse et à l'antre, de repassage, de rien, d'écoute de
France Musique, de rêverie sur des photos, et de résignation
joyeuse à l'envie de ne pas me tenir parole et de réveiller paumée.
C'était une veille de
Noël à Séville, des torrents de pluie sur le Guadalquivir, c'était
avancer sur el puente de Isabel II sans voir l'autre rive ni même le
fleuve, c'était rebrousser chemin, c'était retour en chien trempé
et s'étaler en posant le pied sur le marbre du hall de l'hôtel..
c'était l'obscurité de la Cathédrale, c'était entendre, sans les
voir, un choeur triomphant, c'était un absurde tremblement intérieur
d'animal traqué par l'église triomphante... c'était le soleil sur
la place, et le charme de la façade chaulée du couvent de la
Encarnacion.. une flânerie, en fuyant les autres rares visiteurs,
dans les Alcazares, et le jeu des perspectives.
C'était donc Séville et
huit jours de dérive au gré des rues, une exposition sans grand
intérêt (ne sais plus de quoi) à l'hôpital des Vénérables, mais
le déchaînement calculé des fresques de la chapelle – un marché
– un coup de coeur pour la petite église de Santa Catalina, sa
Giralda miniature et l'arc en fer à cheval – le charme des patios
et du jardin de la Casa de Pilatos, des photos prises
consciencieusement et une flânerie en compagnie de canards le long
du grand bassin – la façade outrageusement chargée de l'hôtel de
ville allégée par les illuminations et une rue commerçante pleine
d'une foule joyeuse dans la nuit.
C'était Londres, une des
premières expositions au Barbican, des visites flâneuses du British
Muséum, des dessins, des miniatures, les sculptures du Parthénon...
Halikarnasse – le strand à pied le 25 décembre et un froid
pénétrant - le château de Steen de Rubens à la National Gallery
– une journée chez Victoria et Albert, des objets, des tapis, mon
plaisir chaque fois, et une exposition de robes – un concert dans
la galerie de Ste Mary-le Strand à moins que ce ne soit de St
Clément – regarder un ballet, assise sur des marches du dernier
balcon de Covent Garden – les meringues comme en France de Fortnum
and Masson pour mes dîners dans une chambre d'hôtel – les
assortiments de sauces pour les salades – un dîner du 25 décembre,
à une petite table près des cuisines, dans un restaurant chinois
délectable, bondé de familles asiatiques, le brouillard des fumées
de cigarettes et des plats, les enfants courant, les rires – un
vieil espagnol rencontré dans un café près de Covent Garden, avec
lequel refaire un monde étrange en se comprenant à moitié, ou
moins.
C'était Bruges, le petit
hôtel charmant, la grande chambre meublée de rotin et le jeune
ménage qui venait de l'ouvrir, le crépuscule sur le grand
béguinage, trois jours presque sans un sou en poche, volés aux
ennuis de mes immeubles parisiens.
C'était l'opulence
d'Anvers, l'éblouissement des deux grandes croix de Rubens à la
Cathédrale, sa maison, une errance ravie dans le musée
Plantin-Moretus, de vieilles crevettes calcinées dans un plat de
pâtes, une promenade sur l'Escault avec mes semblables, le Steen,
l'église Saint Paul et les statues dans un jardin. C'était une
journée, à côté de moi-même, à Gand, l'agneau mystique, des
frontons délicieux, une griserie de tableaux, trop de pierres et des
pieds souffreteux, mais une longue promenade solitaire, en arrivant,
dans le petit béguinage.
C'était... ça suffit
Brigetoun
13 commentaires:
Retrouver finalement la paix, la sérénité et un peu d'oxygène par la lecture, la musique, l'écriture. Si difficile de trouver l'équilibre entre les humeurs rédhibitoires et les bonheurs éphémères.
Bruges : ne peut être qu'un souvenir marquant.
Pour les lecteurs, il ne suffit pas puisque grâce à vous nous voyageons...
Merci bien pour cette virée européenne
merci à vous
Un voyage autour de ma chambre. Presque le tour du monde.
un monde très proche
Même retrait(e) pendant deux jours. (et sans concertation). Ne sais toujours pas si la peine et le plaisir étaient payants.
Paumée par contre semble se réveiller avec bonheur.
le retour, hier, d'analogos était très beau..
et aujourd'hui retour de Christine Jeanney - l'année repart et les chalets se démontent
C'était brigetoun (et zut pour ceux qui te reprendrait comme ça, oh !).
;-)
C'était toi, pas si loin que ça... Prends bien soin de toi. Je vaque dans le vague moi aussi...
Voyages en tête, en souvenirs et sensations quand tourbillonnent les images et Stop pour douce sieste méritée
Que de souvenirs, chère voyageuse
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