Ce serait un jour de crâne
englué dans le corps, ce serait sortir le matin, dans le froid
lumineux. Ce serait l'esprit voulant s'échapper de ce corps,
s'engouffrer dans la brèche qui a remplacé la porte de l'Oulle,
attirée par la lumière, l'air qui vient de l'hors rempart, hors
ville, filer sur esplanade, tourner et suivre lou Rose (Michel m'a
appris le nom de notre fleuve, et je suis séduite), aller n'importe
où, ailleurs, loin de Brigetoun.
Ce serait les yeux
arrivant à acheminer jusqu'à ce crâne mort le plaisir d'une
caresse de la lumière sur le dôme de la chapelle de Brantes… les
pierres entre douceur de ce contact, et rétractation dans le
froid...
Ce serait un jour
ruminant, avec quelques brusques éclairs, les dernières pages de
Wild, un peu de Proust, un peu de cueillette sur blogs, beaucoup de
rien. Ce serait une lente reprise de pouvoir sur sacrée carcasse.
Ce fut, en fin de journée,
monter la petite côte vers l'opéra pour un moment d'agréable
légèreté. Ce fut regarder et écouter «l'amour masqué» de
Messager et Sacha Guitry en version de concert.
Ce fut être décidée au
plaisir, ce fut m'asseoir à côté de trois vieilles comme moi ou un
peu plus, simples et sympathiques, avec des souvenirs d'opérettes à
Marseille en leur jeunesse, ce furent quatre dames donc souriantes
parce qu'elles étaient bien, sorties, un peu, mais n'applaudissant
guère, parce que pas vraiment envie de sortir de notre réserve.
Ce dut une jolie mise en
espace (surtout pendant le début du 1er acte où ça avait, grâce à
un paravent et à l'éclairage, un côté coquille sertissant
l'orchestre et action stylisée autour) de Philippe Binot et Pascale
Bertrand, ce fut la musique simple et spirituelle de Messager très
agréablement donnée par l'orchestre, en formation réduite,
Mais elle Sophie
Mariley, jolie voix de mezzo (un peu mal de mer parfois dans les
passages d'aigu à grave) et articulation nulle, rendant le texte
totalement incompréhensible, sauf dans l'air le plus connu J'ai
deux amants , quelques chanteurs
qui par leur jeu et surtout leur façon de dire le texte semblaient
singer des représentations de province des temps anciens, telles
qu'en fait elles n'ont jamais, je l'espère, eu lieu, et les vers de
Sacha Guitry mal dits sont redoutables.
Mais
ce fut une certaine cohésion, un semblant d'allant, un très
honorable lui (rôle
parlé qui avait été créé par Sacha Guitry) Jean Manifacier, une
belle voix pour le maradjah Ivian
Tirion, et un interprète aussi
bon que le jeu des autres le lui permettait (et bon chanteur) Olivier
Dumait.
Ce
fut faire oeuvre d'imagination pour gommer ce qui m'était
insuffisant.
Ce
fut rentrer vite dans la froidure, en m'interdisant d'être déçue.
12 commentaires:
ce fut sortir par ce froid se divertir
Nous cherchons à nous rapprocher de Brigetoun et celle-ci cherche à s'éloigner de celle-là. Les paradoxes de la vie. Entre temps il y a Lou Rose et la légèreté de Messager. Un petit air de bonheur semble rôder.
Une jolie voix de mezzo mais qui n'ouvre pas la bouche. La langue française est difficile à chanter et devient souvent de la bouillie. Restent les notes.
Musique et pierre : que chante la minéralité ?
On aurait aimé y être avec vous...
l'imagination et la volonté n'étaient tout de même pas inutile pour apprécier
Sacha Guitry ? allez, mieux vaut refermer mon stylo...
J'ignorais que ce dôme fut celui d'une chapelle dite de Brantes. Il doit y avoir sans aucun doute un rapport avec l'hôtel de Brantes presque mitoyen.
c'est même certain
La légèreté, telle des bulles de champagne, cela ne peut pas faire de mal dans le contexte actuel et je ne parle pas que du climat.
J'aime bien l'idée de se défendre d'être déçue, il faut que j'apprenne à faire cela, moi itoute.
Bon public à son corps défendant !! j'aime beaucoup cette attitude des plus chevaleresque!!!
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