La température est,
parait-il, relativement modérée, mais Brigetoun, glacée jusque
dans les os, regardait, avec une pitié inquiète, ce matin, la
tendre fragilité de la fleur qui est arrivée à éclore et les gros
boutons qui exaspèrent sa patience..
et les petits bourgeons
semés sur des rameaux torturés.
Lecture, sieste, faubert,
poussière.. une journée un peu à côté de soi.
et départ le soir, pour,
en avais besoin, un concert piano/violoncelle avec Boris Berezovsky
(qui remplaçait Brigitte Engerer initialement prévue) et Henri
Demarquette – concert donné à la mémoire de Brigitte Engerer,
mais avec un programme totalement modifié (prévus initialement : la
sonate n°1 de Brahms, trois sonnets de Pétrarque de Liszt,
l'invitation au voyage de Duparc, Clair de lune, beau soir et
minstrels de Debussy, la pavane pour une infante défunte de Ravel et
la sonate en ut majeur de Prokofiev)
En fait ce fut (plaisir du jeu
des interprètes, amusement de la petite moue de Demarquette)
- la sonate n°2 de
Mendelssohn : premier mouvement allegretto assai vivace, plutôt
joyeux, houleux – l'allegretto scherzando, canon malicieux, chant –
le très bel addagio, méditation, éloquence du violoncelle et les
gambades du final
- pour mon plus grand
plaisir : la sonate en ut majeur de Britten, écrite, comme les
suites postérieures que je préfère peut-être, pour
Rostropovitch, en cinq mouvements brefs, denses – dialogo, deux
thèmes nerveux, noués en grande variété – scherzo, piano avec
pizzicato du violoncelle – elegia, lente, lyrique, passionnée –
marcia, écho ironique – molto perpetuo, joyeuse virtuosité
et puis, après un
entracte
- la vocalise de
Rachmaninov qui semble célèbre, que je ne connaissais pas, belle,
chanson douce répétée, doucement triste, s'approfondit, comme une
descente lente en spirale, avec des pauses
- et pour ma plus grande
crainte, même si je ne la connaissais pas, mais à cause de mon goût
très modéré pour Grieg, sa sonate en la mineur, opus 36 – ai
bien aimé le premier mouvement, à cause d'une certaine complexité,
à cause de belles phrases mélodieuses confiées au violoncelle,
mais peu à peu, malgré les clins d'oeil, le jeu des interprètes,
un semblant de diversité et d'animation, l'ennui s'est installé
(pour moi seule je crois) et s'est fait pesant, jusqu'à me rendre la
musique inaudible
J'allais sortir,
lentement, attendant de savoir ce que serait le bis, et me suis
rassise, ouvrant mon manteau, pour déguster la pavane pour une
enfance défunte, et ce fut merveilleux
me permettant de descendre
joyeusement, à grands pas, vers l'antre.
13 commentaires:
J'aime beaucoup Berezovski, qui me rappelle assez György Cziffra malgré quelques différences dans le jeu.
Entendu Demarquette bien des fois, à Sceaux notamment. Un violoncelle tout à la fois léger et grave.
Ravel ravit (Echenoz d'accord).
Curiosité, la vocalise au theremin, par Randy George http://www.youtube.com/watch?v=tgcMlEZ6NFw. Célèbre version aussi de Clara Rockmore, mais ici on voit le jeu de l'instrumentiste. Bonne journée !
Chez nous rien ne sort, rien ne bourgeonne encore. Alors, des fleurs, tu penses...
Nous sommes si loin du bourgeonnement des fleurs... et si près des goûts musicaux. Rien n'est parfait, n'est-ce pas?
page blanche, avant votre billet...
Vous lisant, je partage votre plaisir.
grand merci à vous tous
Bien souvent un bis est un dernier bonheur , comme une main tendue en au revoir
Rue déserte !! tout le monde était au concert ?
le matin : au travail ou au chaud chez soi
Je pense à la "folle journée" passée sur ARTE. Le concert cette musique écoutée avec les yeux.
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