et je crois que je l'avais
vexé, grognait avec vigueur au dessus de la ville au petit matin, ne
sais s'il était tonnant ou rugissant, sans doute pas, mais c'était
un choeur fourni, vocalisant à l'unisson, tourbillonnant,
s'éloignant, revenant, pendant que gémissait la porte fenêtre
calée comme pouvais, pendant que de vagues bruits de chute (pas vu
quoi) me parvenaient, que le lourd loquet de fer forgé de la chambre
criait des envies d'évasion.
En fait dans les rues,
dans lesquelles suis sortie parce qu'il se faisait patelin, chantant
en sourdine, on ne constatait rien, tout est dûment arrimé... n'y
avait que les brusques sursauts des branches, des claquements de
toiles, l'oscillation ample des cyprès saluant sa seigneurie.
Le ciel était d'un bleu
coupant, et l'air en mouvement se faisait gel.
Nous avancions,
trébuchant, si étions petite chose en mon genre, au débouché des
petites rues (je les préfère, de peur de m'envoler dans
l'impression de vide balayé que me donnent les principales), le
visage sculpté par une main rude, cramponnés sur notre énergie
intérieure, échangeant des sourires crispés, penchés en avant, se
campant parfois jambes écartées et solidement plantées pour
résister à un assaut.
Et c'était froid et gai, tonique, un temps... lassant un peu à la longue.
Suis rentrée, dûment
lestée par deux sacs pleins d'impedimenta pour me permettre de
soutenir un siège, pas trop long, me maudissant pour avoir oublié de
prendre des gants.
Les papes m'ont chargé de
saluer leur successeur, leur ai suggéré de communiquer d'esprit à
esprit, ne suis pas apte.
Ai vaqué, ai dormi dans
une rémission du mistral alangui en milieu de journée, ai nourri un
peu Babellio, essayé de comprendre les détails de l'accord qui
porte mal son nom et que le gouvernement veut imposer, faisant une
fois encore le travail demandé par le MEDEF, ce que la droite n'aurait
pas osé faire passer.
Me suis battue avec mon mac qui voulait faire grève ou prendre son indépendance.
Le chamboulement extérieur
a repris, achevant de m'abrutir comme si c'était nécessaire.
Le bambou balayait la
fenêtre, les petits pots de fusain et de cyclamen roulaient,
l'arrosoir lui-même a fait un vol plané (je les ai méchamment
coincés, privés de leur liberté).
Je ne sais si le mistral courait
à 130 km/h comme annoncé le matin, mais ça devait être de cet
ordre.
Le ciel était superbe, et la lumière.
Merci aux égarés sur ce
rien.
9 commentaires:
Juste pour dire que j aime bien vous lire;-) surtout quand vous décrivez gaiement vos petites aventures du jour. Merci continuez
notre seigneur le mistral ? tu parles comme un pape
Un pape chasse l'autre comme le mistral les nuages (mais l'un reste collé au mur comme à une certaine époque en Argentine).
Si les papes devaient quitter le Vatican par un coup de mistral à 130 km/h, il n'y aurait plus de stagnation et la Chapelle Sixtine serait bien occupée.
Ah oui, il ne faut pas se moquer de lui, sinon il devient terrible. Hier soir je regardais les grands platanes à Saint Louis et à les voir bouger sous l'effet du mistral, j'ai soudain eu peur.
oh j'imagine ! oui peur
le Mistral ne daignera jamais remonter aussi haut vers le nord mais nous avons eu moins 17,9 en notre point culminant, cette nuit...
Ne pas oublier de mettre des cailloux dans tes poches ... ou te retrouver d'un saut sur le port de Toulon
"Lestée de deux sacs pleins" tu pouvais lutter contre le mistral et renflouer ton placard de victuailles..
J'admire le mur des papes (je ne connaissais pas.)
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