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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, mars 14, 2013

Se dire que notre vent n'est pas tant fort


Matin tout bleu, petits projets de courses ménagères chez Carrefour.
Après café et toast à la confiture de pastèque, colère sourde de carcasse... décide d'attendre l'après-midi.. belle grande colère de carcasse

Suis partie, dans le calme intérieur revenu après le déjeuner, pour trouver fortes rafales qui secouaient mes petits kilos, ai renoncé à aller jusqu'au coeur de la ville, ai trouvé des trucs approchant vaguement de ce que désirais dans le petit magasin de la rue Saint Agricol, suis rentrée – ai vu le cyclamen décoller et se précipiter vers le sol à mi-chemin du mur du fond – me suis installée, narguant ce vent (qui semble nous avoir amené nuages), le traitant de faiblard en comparaison de celui qui se déchaîne sur les terres australes, pour recopier, lentement parce que j'étais dans un jour maladroit, longuement parce que le texte l'était, les deux pages centrales du Monde diplomatique du mois Les Kerguelen, une vue de l'esprit..
Jours heureux sur l'île de la Désolation article accompagnant de belles photos assez obscures (et entre le traitement par le journal et celui, pire, par mon appareil, les trois raptées par moi sont trahison) de Klavdij Sluban, photographe qui a été en résidence aux Kerguelen, pour l'envoyer à l'ami réunionnais (Laurent Margantin) parce que les marchands de journaux ne sont pas légion au Port-aux-Français, où il est actuellement, d'où il publie chaque jour un billet et des photos savoureuses http://auxileskerguelen.blogspot.fr

Pour ne pas outrepasser ce qui est raisonnable comme citations, je reprends quelques passages, mais vous incite plutôt à découvrir, à déguster ce qu'écrit Laurent Margantin, qui est vivant, qui colore d'un peu d'humour, de sensibilité, ce qu'est la vie tout de même passablement rude (mais que je trouve passionnante, ah les manchots, la manchotière et la vidéo du couple se relayant sur l'oeuf..) dans la base et sur les îles, qui amène Klavdij Sluban à terminer ainsi :
Et le voyageur aux pieds endoloris se retrouve avec lui-même dans sa résidence en préfabriqué qu'un vent particulièrement déchaîné veut arracher de la surface de la Terre. Seul un goéland à contre-courant s'immobilise un instant dans le cadre de la fenêtre avant de décrocher et de disparaître dans les nuages. On peut comprendre qu'en attendant de rencontrer des hommes nouveaux il ait aimé les séjours prolongés dans sa chambre, unique lieu de solitude, à lire Blanchot en cet espace tendant vers l'infini.

Et chez Laurent vous aurez plus de détails sur les sorties avec les scientifiques, (et verrez un éléphant de mer avec une balise GPS comme un coquet chapeau) évoquées par l'article
Aucune sortie hors de la base ne se fait en solitaire : elle exige au minimum trois personnes, le premier opus se blesser, le deuxième pour lui porter assistance, le troisième pour aller chercher du secours, comme il sera expliqué au fugitif ayant décidé un matin de quitter la zone sans autorisation préalable.
Au cours de ces sorties encadrées sur le terrain, les «manipeurs» dénombrent les otaries, baguent les cormorans, posent un GPS sur le dos d'un éléphant de mer, capturent des chats revenus à l'état sauvage et mesurent le stress du chou de Kerguelen.

Il y a aussi l'ambiance de la base, de ce groupe d'hommes (et femmes) forcés de vivre ensemble, l'isolement, la lecture et l'écriture, et de plus en plus l'intérêt à ce qui se fait là et l'envie de s'échapper pour ces expéditions dans ce paysage aussi beau je crois (seulement aucune photo extérieure de l'article ne passait mon filtre – vous pouvez trouver le travail, en d'autres terres, de Sluban sur son beau site http://www.sluban.com/)
Les cabanes et refuges se gagnent à marches forcées. Le vent buté a tant et si bien aiguisé le moindre recoin du paysage traversé qu'il n'a plus rien à emporter sur son passage. Tout ce qui pouvait être soufflé l'a été bien avant que l'homme ne se décide à venir y greffer ses ambitions. De temps autre, une cascade retroussée coule à l'envers.

PS Outre l'article dont viennent toutes les citations ci-dessus, j'ai découvert, au dernier moment, que Klavdij Sluban tient aussi un blog, ou une chronique plutôt, sur Libération http://www.liberation.fr/chroniques/01012389247-jours-heureux-aux-iles-de-la-desolation (mais j'insiste, j'aime la découverte journalière du billet de L. Margantin, et son écriture)

7 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Une magnifique découverte. Des mots que je ne connaissais pas. Et j'ai fait les détours que la curiosité me commandaient pour me mettre au diapason. Beaucoup de musique dans ces phrases ciselées.

mémoire du silence a dit…

Merci.

tanette2 a dit…

Sur la première les nuages étaient absents mais le vent a eu raison du cyclamen qui avait résisté jusque là..
Bonne journée à toi en souhaitant que carcasse ne soit plus en colère.

Dominique Hasselmann a dit…

A l'intérieur de ses remparts, Avignon est aussi une île, avec une énorme colonie de pingouins en juillet-août !

Brigetoun a dit…

mais c'était idiot de ma part de défier notre seigneur vent, il gueule là, veut entrer et on annonce 130 km/h pour cet après midi

arlette a dit…

Me souviens avoir été émue et intéressée par Sluban qui exposait un reportage en demi-teinte sur des paysages et attitudes dans les pays de l'est (Hôtel des Arts à Toulon )
Grand fou vent ici aussi

DUSZKA a dit…

Avec,ici,en Berry, un vent modéré mes sinus crient grâce en me labourant la tête... alors par chez toi ce serait du supplice. MERCI pour cette balade/ballade étonnante et superbe. Bon courage et leste tes petits kilos !