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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

vendredi, mars 08, 2013

Jeudi entre marche à coups d'épaules, rêves d'ailleurs et la sorcière


sortir dans un matin au ciel indécis, dans la douceur qui s'en vient, s'arrêter devant la grande vitrine de Ducastel, se perdre dans les baies, les anses de Guy Toubon, juste un moment, pour que vienne un désir de moiteur, de murmure de la mer sur le sable, de bois craquant dans la chaleur...

continuer sur des jambes indociles, les faire avancer à grands coups d'épaules, les injurier silencieusement, avancer penchée un peu, bec légèrement ouvert dans lequel s'infiltre l'air encore un peu froid, saisir de l'oeil – et s'arrêter pour le garder – un rose fort et chaud qui parle d'été

retrouver, un peu plus tard sur son chemin, un rose doux et soyeux, regretter qu'il soit impossible de s'y blottir


et pour une note rouge un coquelicot qui garde le poids, la trace, de la dernière ondée de la nuit.

Faire marché, bien lourd – non, ce n'était pas le fromage qui l'était, les deux petits ne pesaient guère, les filets de poisson non plus, mais patates, légumes, bouteilles de sirop et pots de confiture – pour que les protestations des bras et des reins prennent le relais des jambes assouplies

et rentrer, coeur léger, sous un ciel empli d'un bleu qui joue avec quelques nuages légers, avec de multiples arrêts pour changer de main, et reprendre souffle, jouer à voir

d'évocations d'un orient proche (vertueusement, y résister, ne pas céder au plaisir des doigts et du bec poissés de miel, au retour à l'enfance) 

en évocations de savane, de jungle.. 

ou de forêt exubérante, avec dieux et perroquets...

jusqu'à voir des palmiers, finement soyeux, se mêler à la ville.
Trier la récolte, cuisiner, déjeuner, siester parce que cette fatigue surprenante est toujours là.

Regarder avec respect le tas de repassage.
Lire un peu pendant que le jour s'en va :
Ai fait une infidélité aux lectures en cours (suis entre plaisir des mots et idées et blocage-esprit-vagabond-dans-le-rien en ce moment) pour des petites incursions dans « la sorcière » de Michelet, nouvelle édition chez Publie.net http://www.publie.net/fr/ebook/9782814505445/la-sorciere (dont j'ai sans doute déjà parlé parce que c'est exactement ce que dit Hervé Jeanney dans la fin de sa préface :
Michelet, conscience hugolienne et scientiste à la fois, explose de colère, de sarcasme, d’inventivité et de fulgurances dans ce livre unique. Dénonciation de l’obscurantisme, de la misogynie, de l’exploitation des faibles, c’est comme si l’ennui profond qu’il devait ressentir en ces années dolentes de Napoléonisme (le III, pas le 1er) venait lui fouetter le sang. Souvent, on se demande si le sujet profond du livre n’est pas Satan lui-même, si souvent cité, et dont Michelet n’a pas décidé fermement s’il était l’ennemi absolu ou la providence de l’humanité. En cela, il sépare clairement ces inquisiteurs plus bornés et dégénérés les uns que les autres (pages horrifiques d’orgies en tous genres) du démon, conceptuel, ironique et presque attachant. Michelet pardonne au diable, pas aux hommes.
Vous n'êtes pas tentés ?

Et pour goûter Michelet, au hasard, ce passage du troisième chapitre (le petit démon du foyer), l'arrivée innocente de la sorcière au fond du moyen-âge, de la campagne, avant les flammes, les scandales, la haine
Monde singulier, délicat, des fées, des lutins, fait pour une âme de femme. Dès que la grande création de la légende des saints s’arrête et tarit, cette légende plus ancienne et bien autrement poétique vient partager avec eux, règne secrètement, doucement. Elle est le trésor de la femme qui la choie et la caresse. La fée est une femme aussi, le fantastique miroir où elle se regarde embellie.
Que furent les fées ? Ce qu’on en dit, c’est que, jadis, reines des Gaules, fières et fantasques, à l’arrivée du Christ et de ses apôtres, elles se montrèrent impertinentes, tournèrent le dos. En Bretagne, elles dansaient à ce moment, et ne cessèrent pas de danser. De là leur cruelle sentence. Elles sont condamnées à vivre jusqu’au jour du jugement...

8 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

Je viens de me procurer le Michelet avec préface de Hervé. Et je remarque que ce billet est en quelque sorte un éloge à la douceur... de ces fromages fins aux pâtisseries onctueuses. En passant par ces petites frivolités de la mode printanière et des duvets confortables.

tanette2 a dit…

Belles photos au cours de ton périple matinal. Comment as-tu pu résister à d'aussi belles pâtisseries ?
Bonne journée...de la femme.

Dominique Hasselmann a dit…

Sorcellerie des reflets dans les vitrines...

Ah oui, il faudrait relire ce Michelet et découvrir la préface d'Hervé Jeanney (je ne savais pas qu'elle était déjà parue).

arlette a dit…

Un parcours rêvé à travers la vitre des vitrines

JEA a dit…

Anne Sylvestre :
- "Ce n´est que moi
C´est elle ou moi
Et c´est l´ancêtre ou c´est l´enfant
Celle qui cède ou se défend
C´est Gabrielle ou bien Éva
Fille d´amour ou de combat
Et c´est mon cœur
Ou bien le leur
Celle qui est dans son printemps
Celle que personne n´attend
Et c´est la moche ou c´est la belle
Fille de brume ou de plein ciel
Et c´est ma mère
Ou la vôtre
Une sorcière
Comme les autres..."

Danielle a dit…

Respect au repassage !

Gérard Méry a dit…

..on dirait des gâteaux sucrés marocains

Brigetoun a dit…

ou tunisiens ou algériens (délices de mon enfance, sauf qu'à Alger ils ne sont pas ronds mais comme des trombones)