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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, juin 24, 2013

Calme dimanche au bord de la ville

Quelques pas dimanche matin dans la gloire de la lumière, et puis allers et retours entre tâches matérielles ou sieston dans l'antre et jouissance de ce que le soleil offrait à ma cour...

entre l'antre rafraîchissant - regards rapides sur l'ordinateur, billets, petite réserve de photos de ces jours - et lecture, dos contre le mur sur lequel ricoche la chaleur, chapeau de toile molle sur crâne, yeux baissés sur livre, dans l'odeur légère et vague des plantes chauffées, de la phrase urbaine de Jean-Christophe Bailly, ce merveilleux recueil d'articles autour de la ville, où je picore peu à peu – justesse du regard, creusement, intelligence et poésie – mais, au lieu de reprendre le fil, suis revenue sur deux textes Passé simple et Le propre des villes, et vais, pilleuse paresseuse mais heureuse, en reprendre des bribes pour les intercaler entre des façades ou tours dressées contre le ciel et les nuages qui nous visitaient sans s'attarder vendredi, et une cour suspendue au dessus de la place, face au palais, qui me fait rêver

Toute ville est comme une mémoire d'elle-même qui s'offre à être pénétrée et qui s'infiltre dans la mémoire de qui la traverse, y déposant un film discontinu de flocons. Or ce tissu friable d'émotions a ses lois,... comme tout langage, il n'existe véritablement qu'en acte, comme parole : phrase ou récit, ligne cursive inventée ou reprise par celui qui marche (Passé simple, page 87)
et
La ville rassemble aujourd'hui dans son être ce qui la type et ce qui, sans type, demeure anonyme... La capture du type qu'est le typique sert d'alibi culturel et touristique à l'atypie proliférante du n'importe comment fonctionnel, et c'est pour ainsi dire automatiquement que l'on passe de la zone délaissée à la zone embellie. (Le propre..., page 117)

Ainsi, on le sait, dans les villes que le tourisme à grande échelle plie à ses lois, peinera-t-on, sauf à certaines heures et hors saison, à éprouver leur être propre là où pourtant les guides le signalent, tandis qu'il sera à disposition dans tel faubourg ou tel recoin oubliés... Chaque ville parle son propre argot secret et contient en elle une ville clandestine qui la transperce en des mailles disséminées dont le flâneur reconstitue la trame (Le propre..., page 118)

Mais le dégagement volontaire et volontariste du signe (ce qui ne s'applique pas à cette place – au moins le dégagement, reste peut-être le très chic «aménagement» - place creusée il y a tant de siècles qu'elle est devenue elle même signe),.... la plupart du temps n'a pour effet que de l'effacer en le ravalant à la mesure d'un simple bien de consommation culturelle. C'est ce qui arrive aux monuments, aux sites et aux zones classés... entrés de force dans la «communication» qui sépare, ils sortent du plan d'immanence où le temps les avait versés. (Passé simple, page 88)

seulement dans les meilleurs cas, la ville n'est pas morte, elle a refermée sa vie autour de ces signes, elle ne les a pas totalement abandonnés au tourisme, elle a vécu avec eux, y a ajouté traces de sa voix, sa vie propre, spontanée, évoluant au cours des siècles
Il va de soi qu'architectes ou paysagistes (ou édiles, «décideurs») n'ont pas... à imiter cette culture spontanée, mais ce qu'on peut leur demander, c'est d'en tenir compte,de l'inclure comme étant à venir dans leurs projets, et plus encore de la respecter quand elle est là, quand, grâce à elle et aux pores infimes qu'elle multiplie dans le tissu, le passé devient «passé simple», simplement ce qui est là encore, à côté de quoi l'on vit.. en vieillissant comme lui. Là où la ville s'enfonce en nous... (passé simple, page 96)
en espérant que me sera pardonné ce pillage, vais reprendre le fil de la lecture dans la nuit, cueillir une autre facette..

Et puis, à propos d'architecture, lire le monologue d'un qui serait Franck Llyod Whright sous la plume de Marc-Antoine Durand chez Nerval http://nerval.fr/spip.php?article39
dessiner un embarcadère sur le Delavan lake

voir comment il compose avec les autres systèmes

pontons, cales et cabanes sur l’eau

c’est refabriquer le lac en entier
mais aussi
aujourd’hui je reconstruis 
prairie

la prairie
 la vie dans la prairie

les architectures de la prairie 
et bellement (tant admiré en ma jeunesse, comme tous) mais c'est autre chose.. l'utopie hors de la ville comme il le dit

8 commentaires:

Pierre R. Chantelois a dit…

« Toute ville est comme une mémoire d'elle-même qui s'offre à être pénétrée et qui s'infiltre dans la mémoire de qui la traverse »

___

Quel magnifique accompagnement à travers Avignon que ces mots et des images d'une grande poésie. Cela me fait rêver davantage de cette ville bien mystérieuse que je visite au quotidien, à travers votre album.

fb a dit…

merci pour cette belle passerelle de Bailly à M-A Durand

tonique, ce matin, la lecture...

jeandler a dit…

Au bord de la ville, au bord du temps.Le prendre, le distiller, le retrouver.

Michel Benoit a dit…

Bien vu la seconde vierge place du Palais !!!

Dominique Hasselmann a dit…

Architecture ordonnée des photos d'Avignon et des mots choisis chez Jean-Christophe Bailly...

arlette a dit…

Ce qui est remarquable ce sont les mots qui s'appliquent aussi à notre ville , à nos monuments et cette atmosphère particulière qui surgit du passé par un simple détail
Aime cette vierge cachée

tanette2 a dit…

Je t'envie encore le soleil dans ta cour...ici il fait 13° ce matin...Vais-je résister à l'envie d'un petit feu de bois ?

Gérard Méry a dit…

J'ai quitté ta région samedi en y laissant son soleil et retrouvé ma grisaille.