regarder du sommet de ma
ville, petite, moyenne plutôt, ancienne, la campagne d'au delà du fleuve,
le territoire de France, et tourner autour du rocher pour voir
l'arrière pays – se dire que faute de savoir marcher comme le
savais un peu autrefois, comme cela se faisait en temps reculés,
faute de véhicule, faute même de savoir conduire – oui suis
diplodocus -, ne connaîtrai jamais la chair de ces noms : Tarascon,
Cavaillon, Morière, Cordes, les dentelles de Montmirail, Apt, Sault,
Caderousse, Grillon, la fontaine Vaucluse, Oppède, Robion et
Roussillon qui resteront objets de rêves vagues bellement sonores,
que n'aurai que souvenirs plus ou moins furtifs de Sylvacane,
Vaisons-la-Romaine (pas si furtif, là), Châteauneuf du Pape,
Entraigue et son charme discret...
penser ville, les villes
italiennes où ai tant marché il y a bien trop longtemps, qui ont
été peu nombreuses mais très aimées (figées par mon souvenir,
dans des printemps qui n'étaient pas encore envahis) Florence et
Sienne d'abord (Sienne retrouvée dans le
Condottière de
Suarès : On incline d'abord à croire
que Sienne est toute franciscaine... Non, elle est bien plutôt à
Dominique. Elle est trop amoureuse pour être sous la seule loi de
l'amour. Elle a besoin d'une règle plus ferme. "
"Blanc et Noir,
les deux couleurs de Sienne : blanc comme la Vierge ; noir comme la
pénitence. Et le champ de l'écu est rouge comme le sang des
passions et
puis mes lectures, sur le parvis de Santa Maria dei Servi de
l'Inferno de
Dante, enfin surtout de la traduction),
Venise, sauter tous mes regrets rêvés, arriver à mes séjours
romains, entre exaltation fatigue et nonchalance hors circuits, cet
accord moins immédiat qu'avec d'autres, ces petits coups de coeur,
les pizzas mangées en marchant, plus carnées et grasses qu'en
Toscane, comme l'architecture, une saveur plus agressivement
opulente, plus populaire, et ce moment où elle est devenue la plus
goûteuse, aimée, les jeux du baroque, ces habitudes prises, la
chambre d'une pension minable près de la gare, le sol inégal et la
fenêtre sur une friche romantique, le raffinement de celle du
Sofitel et la vue sur les arbres de la ville Médicis...
passer en petits sauts
rapides à la richesse plus violemment marchande de Barcelone, et au
parfum de la mer,
_hésiter
entre deux cafés perdus, celui avec carte coupée, chaises en
formica et azulejos près de la Plaça Sant Jaume ou l’autre avec
stores entrouverts et banquettes en sky dans la galerie marchande,
Carrer l’Argenteria (Christophe
Grossi http://deboitements.net/spip.php?article351)
on était venus là il
y a deux ans deux jours seulement comme cette fois deux jours pour
parcourir la ville voir comment la mer s'y cogne découvrir un peu
des gens en somme et sur la peau le vent alors on était partis tôt
ciel dégagé présage d'une belle journée l'autoroute d'un trait
comme un alcool fort ne pas trainer et reprenant souffle et couleurs
on s'était garés rue du centre juste à son bord il pleuvait
(Emmanuel Delabranche
http://apeineperdue.blogspot.fr/2013/04/a-en-tio.html
)
Tu
te souviens que tu sortais vers minuit, et que tu savourais,
distraite, concentrée sur ton plaisir simple, une crème catalane
dans un bar trop éclairé – un décor froid de moleskine et
formica – en regardant la nuit derrière les grandes vitres, et
cette rue que tu suivais, le matin, pour une pause dans le parc de la
Citadelle, près de l’amical squelette métallique de l’Umbracle.
(Brigitte Célérier
http://deboitements.net/spip.php?article350)
battre des ailes et se
retrouver sur la grande place ouverte sur le Tage à Lisbonne, s'y
attarder, grimper vers jardins suspendus, manger soupes dans la rue,
aller des azulejos décrépits aux belles façades restaurées,
dégringoler vers le musée, se griser avec étonnement des
exubérances de Belem, avoir tant envie de vivre là, prendre petit
train vers Sintra, descendre la petite route, voir les cônes blancs
dépasser des chênes et des pins, retrouver recul devant troupeau de
touristes français et petite complicité avec guide, des gâteaux
idéalement sucrés.... chercher les orangers de Séville dans les
patios à Noël
penser vite aux villes du
nord, aux kilomètres ravis dans Anvers, à l'amitié à Amsterdam,
et à Utrecht avec son quant-à-soi et ses petits recoins sales, à
Gand, à Bruges qui avait convoqué une douce brume vespérale sur le
grand béguinage et à la chambre meublée d'osier et de cretonnes
sur l'angle d'un canal, et au goût de dépaysement admiratif de la
petite latine à Strasbourg et Colmar... et bien entendu, mais là
c'est déjà un monde, à Londres.
penser ville, penser Lyon
et cette surprise chaque fois de s'y sentir tellement chez soi,
penser Lyon et ne presque pas avoir besoin d'y être pour la vivre un
peu, faire petit saut dans va t'en va t'en
c'est mieux pour tout le monde de
Christophe Grossi
http://www.publie.net/fr/ebook/9782814504936/va-t-en-va-t-en-c-est-mieux-pour-tout-le-monde
pour retrouver En face de moi une
fresque en trompe-l’œil : hommage aux écrivains de
Rhône-Alpes, bibliothécaires, imprimeurs. Une citation parmi des
dizaines : Lyon plus doux que cent pucelles...une
terrasse dans la nuit, des voix et rires jeunes, la saveur d'une
grosse coupe glacée
... laisser toutes villes
visitées, habitées brièvement, admirées, rentrer chez soi, un
chez soi qui s'efface qui devient regret plus que besoin, avec
Paris.. et ranger dans un panier, lu avec des retours, longuement et
lentement la phrase urbaine de
Bailly, les banlieues, les villes nouvelles, ce qu'il faudrait pour y
recréer un phrasé, ranger avec le livre l'idée des délaissés :
Ce suspens même dans lequel on le découvre, le délaissé
l'occupe en vérité avec des graines et des croissances, des
improvisations, exactement comme s'il y avait sous la ville, et avec
elle, tenue par elle, en retrait, toute une dormance prête à
s'éveiller à la moindre faute d'attention. Là encore, bien sûr,
c'est une question de temps et de dimensions,... Mais globalement,
c'est à peu près à toutes les échelles que s'insinue puis
s'impose la reprise végétale...
et
retrouver, par chance, facilement, ce merveilleux (un) livre blanc
de Philippe Vasset : Borné au nord par la zone industrielle
du Val-de-Seine, au sud par l'A86 et à l'est par les voies du RER C,
le site est très sauvage : les herbes montent jusqu'à l'épaule, il
y a des mares asséchées et des bouquets de roseaux. Lors de ma
première visite, je suis même tombé nez-à-nez avec un renard....
Et
voilà que Brigetoun relève le nez, un peu troublée, découragée,par
tout autre chose que ce billet, réalise l'importance assez
extravagante de cette dérive... arrête.
Avais
en tête Paris et des blogs, avais en tête les grandes villes
d'outre océan et les gigantesques villes contemporaines, des
textes.... on verra peut-être peu à peu, plus tard.
Me
déconnecte après avoir posé ceci, sans relire, sur Paumée.
6 commentaires:
Grimper sur le rocher des Doms donne des ailes et de villes en villes les souvenirs s'égrènent... ample moisson, à foison ils remontent en une méditation lamartinienne.
Chaque ville laisse un peu de soi sur ses pierres
Beau survol
Et les autocars !
Ne pas oublier les autocars !
:D)
me refuse à retwitter ce titre: "trop longue dérive..." non non je continuerais bien le voyage... et pour ce qui est de la chair des villes de l'arrière-pays, me propose de vous y conduire (sérieux, j'ai la voiture et les vacances) quand vous voulez...
alors là ! attention à vous , je risque de vous prendre au mot !
sérieusement c'est très gentil
Sault,, Vaucluse, , Vaisons-la-Romaine Châteauneuf du Pape, ...que j'ai découvert il y a une petite quinzaine sous le soleil.
Enregistrer un commentaire