Charger sac de draps et
trois robes, partir dans air tiède, aimable, en lassitude douce,
juste ce qu'il faut pour que ce soit un plaisir de la bousculer un
peu.
Un Avignon de touristes,
de passants, de quelques premiers errants en quête de off, un
Avignon nettement plus débordant de peuple que la première semaine
et dans le paseo un peu brutal de la rue Saint Agricol un pianiste
impassible (musique romantique que je n'ai pas reconnue)
et un habitué que j'aime
bien avec son acceptation-jeu du folklore tel que le veulent les
éventuels acheteurs
la caresse de l'ombre, le
sourire de la lumière sur les façades
des tracteurs en
tee-shirts assortis et banderoles, quelques costumés, un patron et
sa troupe (un peu désagréable, jusqu'à ce que je les entende : air
d'opéra et donc chef de choeur), des marionnettes plus travaillées
que le jeu un peu sommaire de leur jeunes manipulateurs
et m'accueillant, tombée
devant ma porte, une affiche pour un spectacle que voulais aller voir
dans l'après-midi (mais réservation impossible : complet)
ai rangé draps ramenés,
pendu pantalon, suis repartie vers le jardin de Mons pour une des
dernière lectures d'auteurs africains programmés par RFI (France
Culture prendra le relais dans quelques jours à Calvet mais ne
pourrais sans doute en profiter que fort peu)
rencontré brièvement une
blogueuse avignonnaise, ai trouvé pour une fois une chaise à
l'ombre
C'était façons
d'aimer d'Aristide Tarnagada
(Ouagadougou) interprété de belle façon (admiration - elle avait
pris connaissance du texte dimanche dans l'après-midi pour remplacer
impromptu l'actrice prévue rappelée à Paris) par Anne-Lise
Heimburger
Le monologue puissant
d'une femme mise au banc d'accusation pour un crime. De son flot de
paroles (qui s'échappe dans des
rêves d'ailleurs poétiques, dans un récit, comme pour elle, de son
passé, pour revenir au juge en interpellations sur un ton de dénis,
de défit - je parlerai mais je ne dirai pas la vérité
parce que je ne sais pas ce que c'est - et
la construction est fortement rythmée) surgissent des
souvenirs
des brides de dialogues
- surtout entre les parents, et
l'actrice rend vivantes comme des morceaux de vérité, même si
c'est celle de la fille, cette violence, et peu à peu la déclaration
un peu rétive d'amour que la mère adresse au père antagoniste,
dans la façon d'assumer d'avoir une fille gauchère – puisque une
fille gauchère est comme un nègre (pillage subi, sentiment
d'infériorité), un paria, et aussi un révolté .
Et
il y a l'homme choisi malgré la mère, parce qu'il lui a dit je
t'aime, l'acceptation d'être la quatrième femme, la peine furieuse
quand il annonce son départ – son retour avec une femme blanche au
bout de cinq ans - accepter de passer pour une cousine et de servir
jusqu'au moment où...
Une
violence qui s'exprime par la poésie plus que par des vociférations,
un flot fermement et discrètement construit, des let-motifs...
J'entendais
mal ce que disais l'auteur à la fin de la lecture, et je pensais :
cuisine, me suis échappée
à l'heure des gens attablés et des acteurs tendant leurs tracs en
évitant de se sentir humiliés..
découverte
d'un paquet-attention venu de Grignan, échange téléphonique, en
épluchant et détaillant courgettes et tomates, avec ma soeur en
récapitulant rapidement nos festivals (surtout le sien, où elle
joue un rôle actif, très)
piqué
du nez sur mon assiette, longue sieste, dont je suis sortie avec
l'idée baroque de repasser trois robes alors que la chaleur arrivait
à s'infiltrer un peu dans l'antre, ce qui n'était pas l'idée la
plus brillante pour sortir dans le fort reste de chaleur des cinq
heures pesant sur la ville
La
violence du soleil dans les rues que suivais
une
petite angoisse interne en abordant la rue Louis Pasteur, conjurée
en alternant brumisations et arrêts photos
arrivée
à l'ancienne Faculté des Sciences, une fausse entrée dans la
fraîcheur du jardin non ouvert au public
et
un peu plus loin l'entrée principale, l'achat d'une bouteille d'eau
(mais si fatiguée que c'est ma robe qui a bu), un vieil homme
ironique pour fouetter mon humeur, la fraîcheur de l'attente,
de
la pataugeoire, du coin où des étudiants faisaient une
démonstration du robot dessinateur qu'ils mettent au point...
et
l'arrivée tonitruante des jeunes, beaux, déchaînés jeunes acteurs
d'une troupe formée par les élèves de la scuola di teatro Paolo
Grassi di Milano et de l'Accademia d'arte drammatica Nino Peppe di
Udine
un
spectacle un peu foutraque, une suite de contes ironiques où ils
mêlent le français et le dialecte des Pouilles pour le premier, le
toscan pour le second... et puis une belle et très brune sarde qui,
elle, a joué son histoire de Vierge révoltée au pied de la croix,
en sarde, beau mais souvent totalement incompréhensible, y compris,
sans doute pour les italiens (un chant à un moment où ma naissance
corse s'est remuée en moi), une rieuse en français.... le soleil
avait tourné et j'étais aussi écrasée qu'eux, j'admirais leur
tonus mais... hum, je me sentais un peu au bord d'un trou, et comme
je voulais aller à Calvet me suis glissée discrètement au bas puis
derrière les gradins au 3/4 je pense du spectacle.
Retour
un peu tendu en longeant des théâtres hautement provisoires
le
noble tunnel en partie moribond de la rue du roi René
éviter
les passages trop fouleux, propulser ma lassitude entre des
lassitudes
arriver à Calvet pour la fin d'une émission avec DeLaVallet Bidiefono, Philippe Dorin...
vu
avec étonnement tout le monde se lever à la fin, avant la lecture
d'Introspection de
Peter Handke – et Daniel Labedan est venu m'expliquer qu'il fallait
se munir d'un casque stéréo...
L'ai
suivi, ai désespéré au coeur des corps et mains tendus, ai
renoncé, suis retournée m'asseoir et Daniel gentiment s'est chargé
de m'équiper.
L'émission
était produite par Alexandre Plank, dans un souci de recherche
radiophonique, de mélange de musique, de voix (deux anonymes, Sophie
Sernin et surtout André Wilms qui fait de sa voix un prodigieux
instrument de musique), et sons, en direct et préparés.
Un
texte poésie, fragments avançant, c'était beau, réussi, mais au
bout d'un moment la stéréo directement sentie m'a donné léger
vertige, ai voulu tenter l'écoute en direct (et j'avoue, navrée
pour le travail, que j'aimais ça) mais j'ai vu arriver presque
immédiatement une jeune femme que l'on envoyait m'expliquer le
fonctionnement du casque – ai expliqué que c'était un essai
provisoire d'oreilles nues et vite remis l'outil sur mes oreilles,
geste salué par un regard rassuré du réalisateur.
Savouré
la petite ironie qui voulait qu'à ce moment le texte parle d'un
refus des règles... et puis comme je croyais que c'était retransmis
en direct me suis évadée... pour découvrir qu'il n'en était
rien... , mais j'étais à ma limite.
Aujourd'hui
marché, théâtre des halles si je peux et nuit dans la cour du
Lycée Saint Joseph.
8 commentaires:
Avec ou sans casque, belle énergie indomptable lorsque vous parcourez l'offre du festival...
La gène pour certains d'avoir à se"vendre"mais au bout de quelques jours , l'ambiance efface tout
Ah!! les casques et leurs maléfices qui accentuent la chaleur
Cherche brumisation pour cause de canicule et retrouve ici fraîcheur et humour. Le bel été.
Le tunnel de la rue du Roi-René...
Je ne l'ai jamais vu aussi lumineux !
:D)
aveu j'ai triché, il était noir (d'où tunnel) ai mis un tout petit peu de lumière et puis j'ai pensé zut pour le réel et j'ai forcé un peu plus, parce que le trouvais beau ainsi
Pierre l'humour était nécessaire parce que promenais une gueule si lasse que j'ai eu propositions d'assistance, ce qui me fouettait
bon, là marché, et je crois rien sauf ménage repassage sieste avant cette nuit (première d'un truc qui me tente) plein de regrets hier - une leçon de Régy mais trop loin trop tôt, un débat culturo-politique avec Ddi Hubermann mais dito, la carte blanche aux pénitents blancs mais pas de place - et puis envie de jardins
Un peu fatiguée, J'ai lu au lieu de "à l'heure des gens attablés et des acteurs tendant leurs tracs en évitant de se sentir humiliés" > à l'heure des gens attablés et des acteurs tentant le trac en évitant de se sentir humiliés..
.... qui marche aussi ! ;-)
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