saluer les quelques olives
qui croient encore qu'elles auront vie complète, repasser un peu
avant que la chaleur monte, vêtements pour le jour, les pendre, en
sortir autres parce que l'humeur le veut...
partir à travers
terrasses préparées pour le déjeuner,
dans la lumière de la rue
Joseph Vernet
vers la cour de Calvet
pour la première des
lectures à 11 heures 30 programmées sous le titre de «Voix
d'Afrique» par France Culture.
un rêve d'au delà un
inédit de (et lu par) Dieudonné Niangouna
texte
prodigieux (vraiment, ou l'ai senti ainsi) que j'ai écouté et dont
je ne saurai parler, alors vous conseille de guetter dans la grille
d'été de France Culture quand sera programmée (comme prévu) cette
série de lecture, et vous le montre, ce qui ne vous dira rien
La
voix est parfois un peu assourdie (par les aigus des voix africaines
qui ne s'y trouvent pas ?) - débit, pulsion qui est celle du texte,
qui en rendent les noeuds, le rythme
On aurait dû mourir
tous à la fois...
et la peur de la mort a
pris tout son sens parce qu'on a compris qu'on ne mourrait pas tous à
la fois...
l'histoire que je vais
vous raconter mes enfants n'est pas l'histoire racontée, mais celle
que nous sommes en train de vivre...
mais
j'ai abandonné, parce qu'il est vain d'espérer noter les envolées
de cette langue qui se précipite, classique et populaire, qui
charrie une colère véhémente retravaillée par la poésie, une
maîtrise, une ironie.
Il y
avait une histoire de démon... et puis il s'est arrêté, est
retourné vers l'horrible cahute de France Culture et ses fausses
tuiles, que seul l'intérêt de ce qui est diffusé rend tolérable. Il
était midi, j'ai trouvé que c'était bref mais dense et puis au
moment de traverser le vestibule entre les deux cours ai entendu la
voix revenue..
revenu
avec un oiseau dans la géhenne, avec nous venus du ciel avec nos
sacoches de chair, avec la haine envoyée à la gueule des
biens-pensants, avec une cruauté imaginaire, des sévices soigneusement décrits..
Il
parle de son écriture, du rôle qui lui est imposé, d'homme noir,
de colère.. mais lui là dedans ? (bon c'est beaucoup mieux que ça)
Je parle.... J'ai peur
du silence.. parce que dans le silence c'est l'intérieur, et qu'à
l'intérieur je suis fragile (paraphrasé
maladroitement) etc..
regagner
l'antre, en slalomant entre les passants – cuisine, trois quart
d'heures de sieste, vaquer un peu,
partir
sourire accroché et petite angoisse, crâne lourd, joues brûlantes,
crainte de la climatisation de Benoît XII
le
calme revenant peu à peu, marche tranquille et brumisation
longeant
les murs, l'ombre, heurtant les affiches
avec
une envie de m'installer un moment à côté de cet homme, de la
gentillesse de son sourire, du charme des mélodies renaissance
faire
un détour pour aborder la rue des teinturiers et sa petite foule
maîtriser
l'attente, le premier contact avec la climatisation, s'installer en haut au milieu d'un
groupe de gens de théâtre (directeur d'un,je ne sais de quelle
ville, enfin des gens que l'on devrait connaître) – échanges
détendus et intelligents ou légers – gentillesse peut-être un
peu trop nette pour la petite vieille (juste le petit soupçon de
très légère condescendance nécessaire pour me doper)
et
puis quand la salle a été enfin pleine, Germinal d'Antoine
Defoort et Halaury Goerger, interprété par eux et Arnaud Boulogne
et Ondine Cloez – un spectacle «épatant»
une
photo prise sur le site comme cette partie de la présentation du
spectacle
Peut-on classer toutes
choses en deux catégories : celles qui font pocpoc et celles qui ne
font pas pocpoc ? Difficile de répondre sans essayer. Les
protagonistes de Germinal fabriquent un monde à partir du néant –
ici, un plateau de théâtre nu – et se heurtent à des problèmes
aussi absurdes que fondamentaux, provoquant rire et étonnement.
Eux-mêmes ne sont pas vraiment des humains, ni même des comédiens,
avant d'avoir découvert la pensée, le moyen de la communiquer et de
pouvoir ainsi former une communauté. Une micro-population dont les
membres tâtonnent et se cognent, trouvent et fanfaronnent, se
défient parfois, mais construisent ensemble, immanquablement.
Et les
rires fusent d'autant plus qu'ils expriment (par écrit au début
puisqu'ils découvrent que ce qu'ils pensent s'affichent sur des
panneaux... le son et les mots viendront ensuite) leur étonnement,
leur découverte, dans une langue d'une belle intellectualité, dans
une langue de salle des professeurs (j'imagine) ou de galeriste, ou
de centre culturel.
Seulement
là, fureur, parce que peu à peu se réveillait, réprimé
résolument, mon vieux petit problème (que l'on ne saurait dire) que
je refoulais sous mon rire sincère mais au bout d'une heure à peu
près j'ai dû abandonner...
pour
que cela se calme dès les premiers pas hors du théâtre –
furieuse étais, mais le plaisir de ce que j'avais vu primait.
Moi,
d'autres, la rue des teinturiers presque entière (j'exagère un peu)
regardions avec inquiétude le ciel
qui a
crevé en pluie d'orage quand suis arrivée place Pie.
Pluie
molle d'ailleurs dont les gens se protégeaient, qui mouillait à
peine les passants, Brigetoun, ne calmait pas la chaudière de mon
crâne.
Remettre
carcasse à peu près d'aplomb, regarder ciel, partir pour la cour
d'honneur voir la cour d'honneur de Jérôme Bel depuis ma
très mauvaise place (tant pis) tout en haut.... prendre parapluie
parce qu'une petite ondée marque mon départ
grimper
sur le côté du palais pour les entrées des deuxième catégorie
et
sermonner carcasse en admirant la beauté du ciel et des masses
sombres qui se déchiraient
grimper,
être impressionnée à la vue de cette dégringolade vers le plateau
(n'étais jamais montée aussi haut), voir se garnir les gradins,
blaguer un peu avec mes voisins
et
regarder
Jérôme Bel voulait
faire depuis longtemps un spectacle sur la mémoire d'un théâtre,
sur la mémoire des spectacles qui y auraient été présentés. On
sait que des spectacles, de la représentation spectaculaire
proprement dite, il ne reste rien, sinon dans la mémoire des
spectateurs qui ont assisté aux représentations. Car c'est
justement la nature même du spectacle vivant que de mourir, de
disparaître. Ce qui fait à la fois sa grandeur et sa faiblesse.
C'est en pensant à la Cour d'honneur du Palais des papes, sans doute
l'un des lieux les plus symboliques du théâtre en France, qu'il
imagina une solution : un spectacle mettant en scène des spectateurs
qui racontent eux-mêmes leurs souvenirs de ce lieu et des spectacles
qu'ils y ont vus. Les spectateurs invités à participer à ce projet
sont des amateurs de théâtre, ou pas. Ils ont entre onze et
soixante-dix ans ; ils sont étudiant, professeur, graphiste ou
infirmière ; ils habitent à Vichy, Avignon, Paris ou
Clermont-Ferrand
De là
où nous étions les acteurs (ou spectateurs-acteurs) étaient de
petites silhouettes écrasées de toute notre hauteur, cloués
presque contre le mur.
(photo du site du
festival)
L'idée
était séduisante, les spectateurs ont préparé leur texte (avec
soin et lyrisme pour un professeur en retraite, qui fait assez
merveilleusement passer son amour du théâtre à travers un texte
très travaillé, peut-être un peu trop mais d'autant plus sympathique – avec
soin et timidité pour un passionné de théâtre qui, plutôt que de
prendre la parole en détail, trop de souvenirs, a établi un texte
d'une dizaine de pages disponible pour qui le voulait et que j'ai
bien entendu pris) ils sont tous, ou presque attachants.
Pour
ponctuer ces petits monologues, certains des spectacles sont évoqués
– l'homme qui grimpait le long de la façade dans Inferno de
Castellucci réédite cet exploit (étant située plus haut j'avais
juste un peu moins peur pour lui), Isabelle Huppert qui est en
Australie a enregistré une scène de Médée, Agnès Sourdillon
joue, le professeur lui donnant la réplique, une scène de l'Ecole
des Femmes, une petite fille se souvient d'enfant de Charmatz
qui avait fait un petit scandale, des enfants étant manipulés comme
des objets, avec jubilation, reprend la course des enfants révoltés
derrière les parents, se souvient du traitement qu'ils leur
infligent etc...
Un
drôle d'objet, qui s'effiloche deux ou trois fois, qui sait pourtant
nous retenir, nous faire rire souvent (peu de départs), qui est
agréable, joue de notre connivence, que j'oublierai sans doute assez
vite.....
et une
belle idée. J'aime ces mots de Jérôme Bel
J’ai cette théorie
que le spectateur est un paramètre nécessaire à la représentation
théâtrale. La représentation spectaculaire ne peut avoir lieu que
si les trois fonctions suivantes sont activées: l’auteur,
l’interprète et… le spectateur. Il faut savoir que, même si je suis
identifié comme chorégraphe, la danse n’est pour moi qu’un
moyen, certainement pas un but. Je veux dire que ce qui m’intéresse
plus particulièrement, c’est le dispositif théâtral lui-même,
que je définis ainsi: des personnes assises dans le noir qui regardent
d’autres personnes agissant dans la lumière. Ce dispositif du
théâtre occidental, qui a subi de nombreuses modifications depuis
le théâtre grec jusqu’à celui que nous connaissons aujourd’hui,
est une de mes obsessions. J’essaie de comprendre comment à
travers ce dispositif fonctionne la représentation spectaculaire.
7 commentaires:
Je n'ai jamais visité si bellement une ville comme vous le proposez. Je crois avoir une idée de tous les beaux recoins d'Avignon. Et quel hommage vous avez rendu à l'Africain Dieudonné Niangouna.
Très heureux (grâce à vous) d'apprendre la présence à Avignon d'Halory Georger et d'Antoine Defoort, des amis lillois.
suis si furieuse de ma carcasse qui m'a chassée - et n'ose re-tenter
en plus j'espère bien que ce sera toujours plein - leur ai fait publicité insistante dans la nuit près de tous ceux qui voulaient m'écouter
ai beaucoup beaucoup aimé le un peu plus de demi spectacle qu'ai vu
"Le spectateur est un paramètre nécessaire à la représentation théâtrale" : vous en faites la démonstration quotidienne !
ce n'est plus un billet quotidien mais... un album
moins la carcasse semble coopérer spontanément, plus vous la dépassez...
Vertige du haut des gradins , encore
une journée bien remplie Quant à FC il faut espérer une programmation plus rapide !!
On reparlait hier soir des "Papesses" comme d'une nouveauté
Tout est relatif ( il est vrai que cela dure jusqu'en Novembre
et que pour rendre compte de tous les festivals, expositions etc... en France en ce moment...
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