Presque réveillée et
fraîche, heureuse d'un coup de téléphone, navrée d'une nouvelle,
m'en suis allée, tout près, tout près, dans la gloire écrasante
de la lumière, par rues qui se vident légèrement, pour de petites
courses de première nécessité rue Saint Agricol
Rentrer, ranger, repartir,
avec un regard amoureux
pour une afffiche (ne sais ce que vaut le spectacle)
dernier passage, je pense,
à Calvet,
où les places sont un peu
plus facile à trouver, écouter la présentation du projet Voix
d'Afrique de Gabrielle Von
Brochowski – noté que le fond des choses de
Léonora Miano que j'avais manqué et dont on parlait l'autre jour à
la Chapelle du Verbe Incarné sera diffusé le 30 juillet à 20
heures (diffusion Coma bleu le
29, de la lecture du jour le 31 et des deux derniers textes les 1 et
2 août à la même heure)
Cigales
bruissent, crissent, régulières, avec juste de petites distorsion
de leur rythme et la chaleur s'installe sur ma nuque (deux
déplacements pour suivre l'ombre)
Silence,
une voix, je me demande si nous ne sommes pas là pour écouter une
émission pré-enregistrée, et puis Criss Niangouna arrive, à pas
lents et souples, depuis le fond, en disant les premiers mots du
monologue qu'avec son frère Dieudonné, ils ont tiré du livre de
Wilfried N'Sondé – le coeur des enfants léopards (édité
par Actes Sud)
présentation
sur le petit programme :
Un jeune homme a perdu
son premier amour. Mireille vient de le quitter, de brise le lien
ultime de l'enfance. Perdu, il sombre dans l'alcool et, das un état
second, commet l'irréparable. Du fond d'une cellule où il est en
garde à vue, sa mémoire s'enroule et se déroule, comme un chant
intérieur. Et c'est la voix des ancêtres qui résonne soudain,...
celle qui réinvente l'Afrique sublimée – mensonge des exilés -,
celle qui croit encore à la conscience du peuple noir. Mais cette
Afrique magnifiée n'existe pas pour ce jeune homme.
Monologue
donc, ce que j'entends, voix qui s'adresse directement, presque
familièrement au policier ou à la policière.. comme pour les
attirer sur son niveau.
Superpositions
de voix, très brièvement, deux ou trois fois, pour le discours
intérieur.
Brasse
trop pour qu'il y ait place ici (ai acheté le livre qui contient,
semble-t-il, encore beaucoup plus et introduit la distance de la
troisième personne)
Reviennent
des invocations lyriques à Mireille. Revient surtout cette
injonction qui leur est faite, à lui et ses amis, d'avoir souvenir
de leurs «origines» qui sont celles de leurs grands parents
à la
troisième parole du livre :
À
l'école, il était joyeux, les questions d'alors il ne les
comprenait pas du tout, elles le croisaient un instant, puis
repartaient sans lui, la maîtresse se fâchait, étonné, il pinçait
légèrement les lèvres puis attendait patiemment la
prochaine... elles ont fini par se glisser quelque part à
l'intérieur de sa peau pour aller se nicher en plein milieu de lui,
elles sont entrées pour s'installer et tout court-circuiter ! Tu
viens d'où ? Tu connais ta culture ? Qu'est-ce que tu fais dans la
vie ? T'as de l'argent ?..
Mais
le livre est trop long pour une lecture (131 pages) et la forme
adoptée par l'adaptation des frères Niangouna, portée par Criss,
retient la force de l'histoire et nous emporte à sa suite.
Il
s'interrompt comme découragé... vient vers la sortie (à côté de
mon fauteuil) et retourne, après une longue pause pendant laquelle
certains se levaient, vers l'estrade, marque un temps, reprend le
fil, introduisant les faits, ce qu'est Mireille, le mari etc...
Il m'a
en tout cas donné une irrésistible envie d'ajouter le livre à la
pile assez impressionnante dans laquelle j'ai trop tendance, ces
jours-ci, à grappiller sans plongée profonde.
Retour
sur jambes un peu molles après ce soupçon de semblant d'action...
je suis vexée de savoir de plus en plus mes limites grandes... en
rester à ce qui était prévu, en espérant en être capable
(surtout le dernier jour où j'ai trois rendez-vous avec des
spectacles qui me tentent hautement)
déjeuner,
sieste, un peu de ménage, préparer ces mots qui précèdent.. se
rafraîchir, se changer, repartir
vers
le gymnase du Lycée Mistral, et un spectacle, Wagons libres, de
Sandra Iché, qui m'intriguait, dont je ne voyais pas ce que ce
projet assez passionnant pouvait donner sur scène -
En 2000 Sandra
Iché, alors étudiante.... rédige une histoire de ce
journal (L'Orient-Express,
magazine francophone beyrouthin des années 1990), fondé
et dirigé par le journaliste Samir Kassir. Cinq années plus tard,
l'intellectuel militant meurt dans un attentat à la voiture piégée.
Émue à titre personnel, troublée par le contexte politique dans
lequel cet assassinat est survenu, Sandra Iché formule le souhait de
réinterroger les trajectoires politiques d'un homme, d'une ancienne
équipe, d'un pays. En 2010, elle retrouve les collaborateurs de
L'Orient-Express et leur propose le jeu des «archives du futur» :
évoquer aujourd'hui depuis demain et tenter ainsi de sonder le
constat trop figé du «malheur arabe» et d'éclairer de biais ce
qui le nourrit, l'entretient. Dans un double mouvement d'anticipation
et de regard rétrospectif, les acteurs de cette histoire prennent à
contre-pied la nostalgie susceptible, jusqu'alors de teinter leurs
souvenirs. Les perturbations chronologiques orchestrées dans Wagons
libres révèlent des angles morts, surlignent des correspondances et
remettent en jeu le présent. Sur le plateau, la conteuse manipule
les fragments qu'elle a récoltés – clichés, archives,
témoignages –, les projette et les surexpose, les confronte et les
recadre. Elle agit avec l'application méthodologique de
l'archéologue, l'humilité du voyageur, l'engagement de l'interprète
qui prête son corps au groupe rassemblé autour d'elle....
mais
je ne le saurai pas... Je trouvais la rue si chaude que puante, une
barre s'est installée entre mes yeux, une pique a appuyé dans le
petit creux en haut de ma nuque, l'eau du brumisateur séchait
instantanément au contact de ma peau, et faisait de jolies petites
constellations sans gravité sur ma tunique, mon sourire se
raidissait et, en arrivant presque au boulevard Raspail, presque au
but, sous la bigone, le quatrième vertige repoussé s'est imposé...
ai lâchement renoncé
m'en
suis retournée, presque soulagée de ma lâcheté, aussi fraîche
que la rue petite Lanterne, lentement, doucement... me répétant
qu'il faut renoncer avec grâce, quel que soit le sens de cette
phrase.
Sirop
d'orgeat. Vautrée comme une baleine échouée....un temps.... ai
repris un peu de tonus, juste assez pour faire une petite recherche
et trouver ce lien vers des vidéos du ou à propos du spectacle
que vous devriez regarder si avez le temps
WAGONS
LIBRES Montage Captation web
from iché
sandra on https://vimeo.com">Vimeo.
Wagons
Libres from iché
sandra on Vimeo.
Excerpt
of Part III.METAMORPHOSES Wagons Libres performance. Paris,
22-02-2012. from iché
sandra on https://vimeo.com">Vimeo
.
comme je l'ai
fait, avec le petit plaisir de la note comique finale.
Aujourd'hui me bornerai à
préparer valison pour vendredi, à m'occuper de carcasse, d'un peu
de repassage, de pas trop d'internet, avant la nuit et les Célestins,
et des trois spectacles de jeudi en sacrifierai peut-être un....
9 commentaires:
Encore une fois des rues foisonnantes et captivantes. J'ai fait une recherche par curiosité sur Iché Sandra et j'ai regardé la première vidéo. Difficile pour moi de porter un jugement sur une démarche aussi singulière qui oscille entre racines de l'Histoire et élans politiques.
ah magnifique chère Brigitte les couleurs des rues et la pierre enflammée par le soleil est merci pour la voix intérieur des lecteurs que tu apportes a nous-pour aller nicher en plein milieu de lui
belle journée magique.
quel voyage on aura fait avec vous tous ces jours, Brigitte...
merci !
dans la gloire écrasante de la lumière
brigetoun en sacrifiera peut-être un...
mais pour l'heure qu'il est bon de la suivre
;-)
Tu m'épates et je t'envie ! :D)
oh Michel que j'aimerais avoir ton âge... là vraiment suis loque
mais peut-être est-ce parce que vous avez son âge et le vôtre que ce que vous écrivez et montrez nous touche tant
Journée pleine et fortement séduite par Criss Niangouna
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