Un
ciel d'une beauté charmante pour démarrer ce mercredi.. pendant
lequel ai pris beaucoup trop de photos - ai essayé d'en jeter
(réussi très partiellement) - ai vu des spectacles qui me
plaisaient à titres divers – j'aurais des choses à dire mais qui
demanderaient trop de temps pour moi et serait vraiment trop demander
aux éventuels lecteurs (tenterai de mettre mes idées au net pour
moi ensuite) et mots rétifs, survoler, espérer imagination, user du
copier/coller, fatigue (mais les jours les plus durs sont les deux
prochains... sans doute billets brefs par contre, d'autant que ce
seront retours aux petites heures du lendemain)
début
de chaleur, une rue qui offre rêve de cascade et de nature en fleurs
s'en
emparer et tracer la route au long des rues Joseph Vernet et des
Lices pour retrouver le Lycée Saint Joseph et le programme A des
sujets à vif
avec
créatures conçu et joué/dansé par Dr de Kabal, venu du
rap, qu'il élargit et Émeline Pubert (formidable danseuse qui
parfois fait sentir sa danse intérieure a de légers frémissements)
sous l'oeil (quelle que soit la signification de cette mention) de
Farid Berki
….Je vois une
exploration dans le son, le verbe et le geste.
Je vois un puits sans
fond dont on ne pourrait distinguer que les parois.
Je vois des muscles
tendus.
Des gorges serrées.
Je vois des corps qui
font des noeuds.
Je vois en fait un
chant millénaire, un de ces chants qu'on chante avec la voix et
l'âme. Avec l'esprit et le corps.
Je vois un concerto
pour bêtes en sommeil au seuil d'un réveil imminent
…..
Je vois la rencontre
inopinée de deux créatures sur
le programme
lui,
son dos tatoué immense dans une cage en verre ou plexi, elle petit
tas collé à terre en survêtement bleu gris... rampe vers nous, se
redresse pour enlever sa veste, reste en soutien gorge gris beige
comme son pantalon, danse au sol,
ils se
dansent mutuellement à travers la paroi, il fait musique de sa voix,
avec ou sans mots, avec transformation par micro ou non, avec corps
etc...
c'est
beau... j'ai une page de notes plutôt lisibles mais tant pis je
saute,
elle
le lave à travers le verre ou plexi... elle rampe par une trappe
pour le rejoindre, danse lente qui les rapproche, brusque frénésie...
retour calme
et
démontage de la cage avec aides et amis, elle lavant le sol...
pendant
que je regarde avec une familière amitié l'arbre qui, depuis des
années, tente de nous protéger du soleil ou de la pluie, et où je
niche mon ennui parfois.. mais pas aujourd'hui parce que j'ai aimé
aussi la seconde oeuvre
19 borns – rebels
conçue par Mamela Nyamsa
(refusée par le ballet classique dès son enfance pour corps trop
athlétique, hors normes, ce qui l'a amenée à interroger les enjeux
de ce corps, à déconstruire les exigences du ballet classique, à
baser son travail sur son expérience.. celle d'une enfant noire, née
d'une mère violée puis assassinée, élevée par sa grand-mère qui
était domestique, scolarisée dans une école réservée aux noirs
et les destinant à servir), joué et chanté par elle et Faniswa
Yisa (fine, belle, marquée par sa recherche pour approfondir les
cicatrices de l'apartheid) – spectacle tonique et beau.
Résumé
de notes : un énorme livre ou classeur ancien dressé contre la
scène devant moi - toutes les deux en tenues élégantes Faniswa
jupe large et longue rouge devant, bleu derrière, petite veste
serrée rouge, bustier bleu sur chemise blanche avec noeud papillon
aux couleurs de l'Union Jack, élégante capeline pèche, gants
blancs, Mamela jupe jaune, retroussée pour vaquer au début, bustier
vert avec bretelles, plus simple, sur chemise à manches bouffantes
noires, minuscule chapeau vert accroché presque au coin de l'oeil,
gants noirs. Toutes les deux juchées sur des boites de conserve de
belle taille, aluminium nu pour Faniswa, grand modèle de Nescafé ou
similaire pour Mamela – rudement bel exploit
Elles
s'approchent, se toisent, se serrent la main pour finir en bras
d'honneur sans appui... elles se reconnaissent comme semblables,
chantent révolte de leur enfance, se débarrassent de leur tenue
pour se retrouver en petites jupes plissées très courtes mais
toujours sur leurs boites, dansent.
Arrive,
et là Brigetoun idiotement ne pouvait s'empêcher de trembler sans
raison, parce que mes jambes n'étaient pas très éloignées d'eux,
deux chiens loups de ceux qui étaient dressés contre les noirs, tenus par leur maître... elles s'agenouillent etc... puis peu à peu les défient (avec
réactions évidentes, et c'est là que je me sentais gibier)
Elles
attrapent le livre, s'éloignent un peu des chiens (qui à vrai dire
étaient en laisse et sous l'estrade) et lisent les statistiques,
année par année de la scolarisation des enfants des quatre ou cinq
couleurs, je ne sais plus, reconnues par l'apartheid et défient
derechef les chiens... etc...
Ce que
je ne peux rendre c'est la vigueur, l'humour, l'esprit de leur jeu.
Retour
vers l'antre, pour cuisine rapide, par petites rues, saluant quelques
théâtres où n'aurai pas le temps, peut-être pas le désir
d'aller, en passant au large des acrobates, baladins et autres de la
place de l'horloge... déjeuner avec un demi canard-enchaîné,
embryon de sieste presque virtuelle
et
nouveau départ, en belle forte chaleur
vers
la rue des Teinturiers, vivante, très, mais qui cette année (la
crise?) n'est pas démente de corps évitant de se bousculer
et
découverte que, comme le spectacle que j'allais voir au gymnase du
Lycée Saint Joseph est le second d'une série de trois (pas vraiment
une trilogie, même si la plupart des acteurs et les deux concepteurs
sont les mêmes) le jardin était ouvert, et qu'au lieu de la foule
et de la chaleur nous avions le droit de nous installer, de boire
(café infect que j'ai jeté, mais ce n'est pas grave, la possibilité
était là) ou non, sous les arbres ou sur la petite esplanade.
C'était
donc la fin du western, spectacle
conçu et
monté par Monika Gintersdorfer (ex
metteur en scène de grands théâtres allemands) et Knut Klassen,
plasticien, qui depuis 2004 gravitent autour
du centre énergétique et solaire qu'est le milieu du showbiz de la
Côte d'Ivoire et de sa diaspora parisienne et allemande – et
joué par cinq africains : Jean-Claude
Dagbo alias DJ Meko, Yao Joseph Koko alias Shaggy Sharoof, Eric
Francis Parfait Taregue alias SKelly, Franck Edmond Yao alias
Gadoukou la Star,
et
deux européens dont un meneur de jeu, conteur de l'histoire, en
anglais et français, et danseur.
Les cinq protagonistes
ivoiriens et leurs deux comparses allemands font le récit de la
crise qui a ébranlé la Côte d'Ivoire il y a deux ans, alors que
Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara inventaient la double démocratie
en revendiquant chacun la victoire à l'élection présidentielle.
Portrait d'un État schizophrénique, La Fin du western met en scène
des corps qui reflètent les rapports changeants de leadership et
s'épuisent dans des paroles et des mouvements contradictoires. Dans
cette expérience de la démocratie menée jusqu'à l'absurde, c'est
également l'égoïsme des puissances occidentales qui est appelé à
la barre.
Un
espace, face aux gradins du public, où est dite l'histoire, où a
lieu un débat pour lequel l'un prend le rôle de Gbagbo, l'autre de
Ouattara, les autres de Wade, ou du président de la commission des
élections, où se danse aussi le dédain résigné de la politique
et du vote (dans ces conditions) et, derrière le très grand
paravent-mur, un autre espace où nous sommes invités à aller voir,
debout, des scènes, comme celles où l'un des danseurs-acteurs se
trouve aux prises avec les deux présidents de cette double
démocratie qui lui donnent des ordres contradictoires, et danses
accompagnées par le piano de l'anglais (et j'ai fait trop de photos,
plus ou moins bonnes, aucune ne rendant vraiment cette danse qui
dérive de ce qui se pratique dans les boites d'Abidjan)
Brigetoun,
en forme moyenne, faisait (n'était pas seule) des allers et retours
entre le public debout, en essayant de voir, et son siège, mais n'a
pas participé aux actions du public quand il fallait s'allonger sur
ordre... L'orage a éclaté pendant que nous étions ainsi occupés,
et on a ouvert la porte pour amener un peu de la fraîcheur du jardin.
Retour
dans les rues qui séchaient, tri des photos, embryon de tour
internet, cuisine, douche, et départ, tout près, à l'Opéra
pour
King Size le
spectacle proposé par Christoph Marthaler, l'un des glorieux
anciens invités – moment jubilatoire (avec juste mon agacement de
constater que selon la bonne habitude du festival, toutes les langues
sont sous-titrées (en fait sur-titrées) sauf l'anglais, et tout de
même le français cette fois ci
Le
programme annonce : L'enharmonique est
un procédé de composition musicale reposant sur le fait que deux
notes nommées différemment peuvent produire le même son. Selon
Christoph Marthaler, les relations humaines seraient impossibles si
les êtres n'usaient et n'abusaient de l'enharmonique. Assis ou
couché dans un lit king size, un couple-chanteur passe en revue un
répertoire éclectique allant de la musique sérielle à Michel
Polnareff, en passant par Bach et les Jackson Five. Dans cette
comédie flirtant avec le boulevard, les personnages cohabitent sans
se percevoir vraiment et le rêve prend le pas sur la réalité.
Et ce
sont des chansons plus ou moins sentimentales, ou légères (un petit
salut savoureux de Boby Lapointe) accompagnées de situations
absurdes, de gags visuels..
des
rires quasi ininterrompus de la salle.
En
fait il y a les deux chanteurs, mais aussi un pianiste, et une femme
d'âge moyen, en sage robe bleue d'une mode qui n'en fut jamais une,
avec un sac bien classique (dans lequel elle mange des spaghettis,
range n'importe quoi, d'où elle tire des mouchoirs tachés de sang
et...) qui traverse et retraverse la scène entrant par l'une des
portes ou par un placard, essaie en vain de monter un pupitre de
musicien, tiré de son sac, et prononce des sentences d'une poésie
philosophique désabusée ou désespérément égarée, et pour
laquelle j'avais une tendresse.
Et
m'en suis retournée mettre ceci en mots, en place, bien décidée à
ne pas être trop longue, désolée de savoir que le serai, dîner,
dormir, un peu en manque de lectures.
Demain
les plus de huit heures de Faust I et II(avec entractes dont ne
saurai que faire, destiné à se restaurer) à la Fabrika... on verra
si j'assume la totalité
8 commentaires:
"Enharmonique", sans doute comme ce parcours quotidien : quelle santé !
Le théâtre donne une force intérieure.
"Enharmonique", comme ce parcours quotidien auquel vous êtes vouée : quelle santé !
Il faut croire que le théâtre donne une force intérieure insoupçonnée.
Wouahou, quel beau reportage ! Tu es bien courageuse de relater tout ça, merci de nous faire participer...virtuellement.
Je n'aurai pas de connexion mais je penserai à toi après-demain....Bon anniversaire.!
merci vais m'installer dan le 4ème âge
"bien décidée à ne pas être trop longue, désolée de savoir que le serai..."
pardon de jouer au hérisson et de vous contredire (enfin contrécrire)...
mais en deux mots : "trop" et "longue", quelle accumulation de contrevérités pour qui vous lit alors que, physiquement, il est définitivement exclu d'aller jusqu'en Avignon mais vivre néanmoins des éclats de festival grâce à vous
aucun risque de saturation
mais respect pour l'affrontement continu avec des obstacles carcasséins
NB : et vous lire, cultive les nostalgies car à partir de 1967, j'ai "couvert" le Festival pour un hebdo belge - "Germinal" - et ce, jusqu'à sa disparition dans les années 70...
et une femme d'âge moyen, en sage robe bleue d'une mode qui n'en fut jamais une, avec un sac bien classique " j'aime cette tournure
promis, j'arrête les témoignages d'admiration, ça risquerait d'être lassant... Sachez cependant Brigitte chère, que vous n'êtes jamais trop longue: j'aime quand vous prenez des notes et nous en livrez une partie; j'adore le "déjeuner avec un demi canard-enchaîné" et me promets d'aller voir cette Maison de la Parole (parmi vos images) qui m'intrigue...
Comment choisir dans cette jungle de propositions sans saturation ?
Les affiches un spectacle en soi et
Toujours en admiration devant la vivacité des acteurs et souvent l'indifférence des passants
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