Éveil tardif, dans le
reste du plaisir de la naissance du jour dans la carrière, dans
petite tension pour rattraper écrits en route, dans la joliesse de ce nouveau jour, dans la décision, oh
si ferme (auto-ironie), de ne pas être en attente de signes
fraternels
Salut aux roses secondes
qui sont plus petites que leurs soeurs aînées, qui dans la chaleur
de la cour vont avoir (presque défaillantes le samedi soir)
réellement une vie qui dure ce que vivent les roses, ne
pas leur parler de leur déchéance proche
Se
mettre lentement dans le jour, avoir un message de petite soeur,
commencer à se défaire (suis idiote, le reconnais, l'accepte
presque jusqu'à le revendiquer) en attendant ce qui ne pouvait venir
tout de suite, en rendant, même si m'en défendais, les autres
responsables de ma solitude. On peut, je le prouve à ma courte
honte, être à soixante et onze ans aussi stupidement égoïste
qu'une gamine à l'âge ingrat. Cédé, téléphoné à une, compris,
souri, aimé.
et
suis partie tout doux, tout doux, vers le jardin de Mons dans la
chaleur de la ville... en trouvant, dans notre niche à courrier, la jolie surprise d'un paquet, en
blanc et rouge, déposé à mon nom (cendrier, broche fleur, fermés
par papier collant avec des coeurs – et j'ai été incapable de découvrir de qui
me venait cette gentille et touchante attention, qu'il ou elle soit
remercié ici)... rencontré le clin d'oeil ironique d'affiches tombées,
cherché
une place à l'ombre dans le jardin...
suis arrivée juste pour le
début de la lecture,
par
cinq acteurs, de et les moustiques sont des fruits à pépins
de Fiston Nasser Mwanza (RDC
mais vit à Graz pour ses études, lauréat du grand prix de la
francophonie de Beyrouth, collabore au Tarmac de La Villette)
le
résumé sur le programme qui dit
L'histoire d'une
famille qui met en scène un fils tiraillé entre son père
marxiste.... et sa mère catholique toute pétrie de la Bible.
Huit-clos familial dans un salon aux murs sales, où un transistor
débite des nouvelles saugrenues et au moyen duquel un choeur antique
énonce quelques vérités grinçantes est
légèrement trompeur à force de concision parce que, dans les
nouvelles saugrenues, il y a le récit d'une lutte pour faire
reconnaître les droits d'anciens mineurs comme le père, et leur
victoire, ce qui, passé un moment de joie, a des effets assez
désastreux sur la famille.. et le choeur antique fait l'objet de
tableaux alternant avec ceux de la famille, du salon etc... et oppose
des victimes (enfant soldat, femme violée etc... et à la fin le
fils) désignés comme les créatures du monde invisible ou
les martyrs têtus et incorrects à
des hommes politiques, des officiers des armées des pouvoirs nés
des révolutions successives, l'administration..
La
suite : une pièce satirique décapante elle
est parfaitement juste. Un comique tendant au grotesque... mais mon
écoute était perturbée par ma petite lutte contre ma mauvaise
humeur habituelle des 13 juillet, et par les idées qui émergeaient
dans mon souvenir de Shéda.
Ai
passé un nez dans la cour de la maison de Jean Vilar pour voir si je
trouvais le texte de Shéda, en vain... ai résisté à la tentation de
m'arrêter à d'autres
et
suis rentrée, vite, vers l'antre, la préparation du déjeuner, la
recherche d'une conserve pas trop triste pour remplacer la morue que
j'avais oublié de mettre à désaler pour le soir... eu un second
appel enjoué... ai, pendant que les pâtes cuisaient, et
refroidissaient tranquillement pour en faire salade, essayé de
parler de Shéda, en attendant le billet d'Arnaud Maïsetti (sera
bien autre chose que mon truc) – déjeuné, sombré dans une sieste
bienheureuse dont suis sortie totalement allergique à toute action
(et trop tard pour un spectacle dont j'avais le vague projet)
Ai
arrosé les plantes qui se pâment dans la chaleur de la cour,
suis
partie vers Calvet, dans la douceur du jour déclinant
ai
cherché, pendant que les sons de l'émission précédente flottaient
sur la cour et l'indifférence quasi générale, une place, ai choisi
d'être sur un banc (ma préférence) face aux transats et gradins,
et me suis déplacée dès que la lecture a commencé parce que leurs
voix, pourtant proches, me parvenaient mal, pour poser mon cul sur le
socle bien dur d'un gradin.
Lecture,
mise en scène et en onde par Blandine Masson, de Tombé
hors du temps de David Grossman,
traduit par Emmanuel Moses, interprété par Didier Bezace, Marc
Bodnar, Pit Goedert, Anne-Lise Heimburger, Jérôme Kircher (le
père), Luce Mouchel, Nathalie Richard (remarquable dans le rôle de
la mère, mon préféré) et André Wilms (non moins remarquable dans
celui du centaure) – avec la discrète musique de Sylvain Cartigny
et Stan Valette, diffusée en direct (je le découvre)
Un homme quitte soudain
la table du dîner, fait ses adieux à sa femme, après avoir gardé
pendant cinq ans le silence sur «cette nuit là». Il se met en
route pour «là-bas» à la recherche de son fils mort...
… - C'est
quoi là-bas
-
Je ne sais pas...
…..
-
Personne n'en est encore revenu
-
Parce que seuls les morts y sont allés
…
La
vie est là où tu verses la soupe
….
Nous sommes ici et lui là-bas
Ils
sont deux face au public, le narrateur/secrétaire lui, sur le côté,
plus bas (et ne le voyais pas)
Rejoignent
les autres acteurs, les autres parents : la sage-femme et le
cordonnier, le centaure-table-écrivain, le duc auquel le secrétaire
(père orphelin lui-aussi mais cela n'apparaît que plus tard)
rapporte ses visites dans la ville, son observation de ces deuils,
tous différents, qui vont peu à peu se mettre à marcher avec le
père, obstinés, et cette marche rapprochera la sage-femme et le
cordonnier... et puis il y a la ravaudeuse de filets qui chante ces
deuils avec les musiciens
Une
polyphonie poétique, un accord des langages de la douleur (qui est
mise en valeur par la belle mosaïque de voix – vous souhaite
d'écouter le post-cast).
Pour
David Grossman ce n'est ni une pièce, ni un scénario radiophonique,
ni un livret d'opéra, mais ce qu'il appelle une «créature». Le
soir tombant sur Calvet lui convenait merveilleusement (et m'en suis
allée en accord avec la mère, qui ne marche pas mais accepte)
Rentrée
avec la nuit qui venait s'installer.... et puis rien...
Je
vais être encore plus paresseuse aujourd'hui, juste le plaisir d'un
spectacle/rencontre à Villeneuve, avec voiture aimable pour m'y
conduire.
5 commentaires:
pour paraphrasre Camus :
- "Rien ne vous ressemble. Et vous ressemblez à votre temps que vous ne cessez d'affronter..."
David Grossman, comme orphelin de son fils...
Belle photo de la statue près de l'arbre.
AI suivi sur FC Me doutais que tu y serais de visu
Bonne nouvelle dizaine ? mais pas plus ou je me trompe
Cela m'arrive aussi !! pas facile de devenir "une dame" d'un âge ...certain
mais si, mon enfant, j'ai dépassé la dizaine, d'une seule année, mais tout de même
71 roses ...festivalières
Enregistrer un commentaire