Météo céleste et
intérieure
Pour resserrer les
boulons, commencer par les desserrer doucement, vaguer lentement
samedi matin, monter sur le rocher l'après-midi, regarder livre,
regarder gens, regarder dans le vague lointain, boire en alternance
le soleil dardé et l'ombre des arbres, être bien
rêvasser en quiétude
souriante dimanche matin sous le casque humide des cheveux, dos
frissonnant délicieusement sous leur serpent froid, suivre en
silence, quelques sites et blogs, saluer l'arrivée des cosaques
des frontières http://lescosaquesdesfrontieres.com,
l'amorce du retour du théodolite
http://christinejeanney.net/spip.php?article745
et puis, au cours de petites incursions passagères, puisque sevrage
décidé, de belles choses, des moyennes effleurées, et, sur le
tiers.livre, la beauté des photos, de l'idée, de la visite de la
ferme d'Albert Michel (collection) à Selonnet
http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article1568
et le plaisir fort des fragments de stances d'Agrippa d'Aubigné
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2377,
aller
vers le Rhône, chercher un peu d'ombre, d'herbe, se partager entre
le fleuve et Fairy Queen de
Cadiot – être bien, parfaitement sereine, envisager de se passer
totalement de Paumée, l'accepter en souriant, en conclure que ce
détachement ouvrait sur possibilité de reprise... se consacrer à
l'antre.
Sous
les nuages de lundi, se réveiller avec un frémissement de désir de
mots et une belle grosse migraine, se préparer un peu, être
incapable de se lancer, même très médiocrement, avoir un peu mal
au coeur, penser hiver, regarder printemps,
été, automne, hiver.. et printemps de
Kim Ki-Duk, se baigner de beauté, de lenteur, de silence, d'amour,
et puis pour la xième fois prova
d'orchestra de
Fellini.
Se
réveiller à trois heures et demi du matin, dans une rage du
mistral, faire trois tours dans l'antre, se rendormir, miel en
bouche... sortir dans une gloire bleue, relever les pots pour les
caler ou ligoter à l'heure de la confiture de gingembre, décider de
réveiller Paumée, regarder liste ébauchée pour L... faire liste
nourritures devant placards et réfrigérateur vides, mettre robe
tube sans prise au vent, veste légère aux poches lestées par
appareils de photo, et partir dans un fort vent redevenu aimable et
vivifiant, jouer des couleurs de légumes, faire provisions de Mona
Lisa, sambas et grenailles de Noirmoutiers, ajouter dos de cabillaud.
dormir,
profiter de ce qui reste de soleil contre le mur de la cour en lisant
Manière de voir (à qui profite le
crime), et
en tentant de trouver par quel bout prendre vase à venir, se lancer,
trop longuement sur Paumée en écoutant un pot pourri de jazz
Nouvelle Orléans et de Chicago.
Lecture
Aux
petites heures de mardi, j'ai fermé, pour me couler dans le sommeil
trop tôt interrompu, les villes
invisibles de
Calvino sur
On
fait trois hypothèses sur les habitants de Baucis : qu'ils haïssent
la Terre ; qu'ils la respectent au point d'éviter tout contact avec
elle ; qu'ils l'aiment telle qu'elle était avant eux, et que
s'aidant de longues-vues et de télescopes pointés vers le bas, ils
ne se lassent pas de la passer en revue, feuille par feuille, rocher
par rocher, fourmi par fourmi, y contemplant fascinés leur propre
absence.
alphabet
Au
marabout, bout de ficelle
– en cours l'abécédaire
de François Bon (recension avec grossissement des ancres)
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3621,
au virtuose et intelligent alphabet renversé de Giovanni Merloni
qui a repris dimanche avec P
http://leportraitinconscient.com/2013/08/18/p-ou-pion-premiere-partie-alphabet-renverse-de-lete-2013-n-11/
est venu s'ajouter le bel abécédaire
des prépositions de
Pierre Ménard
http://www.liminaire.fr/entre-les-lignes/article/abecedaire-des-prepositions
et, curieusement, le sentiment de mon incapacité à faire de même,
à l'envisager seulement, a réveillé mon petit abécédaire
personnel
lac
n'y
pensais pas, les vacances à Publier, au dessus d'Amphion, à la tête
de la marmaille et les promenades rituelles en bateau à aubes n'y
avaient pas suffi, pas plus que les visites auprès de mon frère du
temps où il était dans l'institution d'un si merveilleux et
idéaliste suisse allemand, au dessus de Montreux, qui l'a si
brutalement renvoyé dès qu'avec l'approche de la puberté, il a
posé problème (me souviens d'avoir accueilli sa fille à Paris,
étudiante comme moi.. passons) – et puis Dominique Hasselmann,
dans le patchwork rétrospectif de ses vacances a parlé le 13 août
de son passage au lac Pavin,
http://doha75.wordpress.com/2013/08/13/patchwork-in-progress-4/
il y avait des photos des bords du lac, d'un aménagement, de petits
pédalos... et à la place s'est imposé ce souvenir, cet
émerveillement, l'impression de rentrer dans un monde étrange - il
y a 57 ans, je pense - quand, après longue marche avec ce couple qui
m'était des parents bis, nous avons débouché sur la crête et
l'avons vu, sous nous, régulier, rond, parfait, ou presque - et il
n'en était que plus beau - au creux de la solitude et du silence –
nous nous sommes assis, l'avons regardé et plusieurs minutes, une
éternité, sont passées avant qu'une voix, ne sais plus laquelle,
parle de pain, de chocolat et d'eau.
lâcheté
un
défaut qui peut-être simplement de la sagesse, vue par les yeux
intransigeants de ceux qui ne risquent rien et se nourrissent
d'idées, un défaut qui par la conscience que l'on en a est la
marque de notre humanité... tant que les autres n'en paient pas le
prix... mais l'abomination des abominations quand il est délibéré,
organisé, paré de qualificatifs comme prudence et lutte contre
ennemis éventuellement nommés terroristes, sans souci de ces fameux
effets collatéraux – pensé sous la douche ce matin, parce que la
radio parlait des drones – et que les opérateurs, sauf quelques
imbéciles, en soufrent, ne légitime en rien la décision de leurs
chefs et dirigeants... je sais bien que la première pierre taillée
par rapport aux poings, que la première flèche, que, pire, le
carreau d'arbalète, le mousquet, etc... ont chaque fois été
considérés en leur temps comme une arme de lâche, mais avec cette
terreur cachée, imprévisible, et l'éloignement gigantesque qui
fait que la frappe vient d'un autre monde, on franchit un palier
insoutenable (avec l'espoir absurde de tranquilliser les populations
locales)
lame
n'est
que mouvement et eau – un creux, un élan, une colline mouvante,
inexorablement renouvelée, qui avance en lente ruée incessante,
longue ligne qu'incurve légèrement le relief caché sur lequel elle
roule dans sa poussée vers la terre, collines qui en heurtant un roc
ou en s'approchant de la rive éclatent, se rompent, s'ouvrent en un
gouffre d'un vert clair et profond sous la chute blanche de la
crête... et quand on regarde au loin cette mouvance imperceptible de
tous les bleus, du noir à l'éblouissant sous le soleil
force
et puissance, délicieuse crainte des baigneurs de bord de plage,
force et puissance, petit défi pour se lancer à l'assaut, corps
coulé et bras solides, force et puissance avec laquelle jouent des
silhouettes qui volent dessus, force et puissance terribles quand
elles deviennent monstrueuses et prennent nom de tsunami, maintenant
que nous avons appris le mot – que disait-on avant : enlevé,
emporté, détruit par les flots ? - force et puissance, fantasme,
image, qui nous sert pour tous nos consentements à une faiblesse
désirée.
Reprendre
pied, se tenir sur les lames d'un parquet – même si mes plantes de
pieds préfèrent le lisse de la terre cuite et sa sensualité -
penser lames d'acier, utilitaires ou d'apparat, trempe, décor,
tranchant – avoir un goût aussi fort que platonique pour les armes
blanches, et une maladresse qui faisait que, dès que je prenais une
lame de rasoir pour tailler un fusain, des mains se tendaient, me la
prenaient, pour éviter un incident sanglant.
et voilà que je suis plus verbeuse qu'il n'est admissible, et voilà qu'en deux jours la liste des L s'est allongée bien tranquillement... n'en prendre plus que trois, en quelques mots, je me le promets, remettre la suite à demain.
lanternes
celles
de nos rues, pour bien affirmer notre statut de ville ancienne (les
aime) – celles de la chanson auxquelles nous ne souhaitons plus,
sages que nous sommes, pendre aucun de nos décideurs -
et
puis la lanterne gigantesque qui déverse sa lumière sur le choeur,
qui appelle nos yeux quand nous entrons dans Notre Dame des Doms non
éclairée, notre regard rebondissant le long de la nef et des taches
de lumière tamisée que laisse passer la tribune qui masque les
fenêtres, vers l'autel, montant le long des trompes, de la fresque
presque effacée, jusqu'au cercle de petites fenêtres à arcatures
sous la coupole
larme
le
délice des larmes quand nous décidons de nous y laisser aller (pour
moi c'est grâce à quelques films, avec cette conséquence
exaspérante que n'importe quel film vaguement sentimental les
déclenche automatiquement, en public, même quand je me moque
absolument de ce qui se passe sur l'écran), seuls, après coup... la
bienheureuse absence de larmes sous le choc, et quand, dans une
douleur partagée, nous nous devons aide et soutien
et
puis, dit-on, les larmes de bonheur... je ne dois pas être assez
réservée pour elles. Il y a bien aussi les larmes du fou-rire.
lavoir
parce
que j'aime le mot, parce que j'aime le souvenir de lavoirs de temps
très anciens, de l'eau savonneuse dans une rigole à travers
l'herbe, des gros pains de savons, des seaux lourds de linge humide,
des bras tendus pour le pendre sur des fils, des pinces que j'ai vu
passer du bois à la gaieté des couleurs du plastique, et parce que
tout cela est dans une brume presque légendaire
Et,
bizarre ou non, cela me permet de récupérer le mot de fruitier - la
pénombre, les claies, les odeurs - que j'avais oublié, sous
prétexte d'une parenté pas si vague que cela.
10 commentaires:
Riche retour pour notre bonheur!
Enfin!!!
Vous m'avez manquée.
....manqué ...oui...et sans "e" à la fin ;)
Au mitan de l'abécédaire, les L prennent leur envol. Position confortable dans la liste, rarement pointé lors des interrogations. Mettre dans le mille est rare.
Jean-Claude Pirotte :
- "La littérature ne tient qu'à un fil et le fil est absent..."
Quel beau glossaire du rêveur vous nous offrez là.
Une tendresse pour le lavoir.
Dans le journal poétique d'une avignonnaise, L c'est toi.
(et le chocolat, c'est moi, bien sûr. :D)
L aime, sans aucun doute.
(haine au PQ est restée... :D)
o_O
Les mots sont tellement différents, pour chacun et leur impact fait réfléchir
Il y a tant de noms sous la lettre L. Il y a tant à dire sur L. Il y a tant à dire sur Lui. Lui et L forment un beau couple.
..Un bruissement d'L aujourd'hui
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