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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, août 08, 2013

Mercredi - colère du ciel pour c


météo
premier réveil à quatre heures du matin, en entendant bruissement soyeux de la pluie – second éveil, tour sur web, tour dans cour, caresser poids léger des olives, voir grosses gouttes paresseuses s'écraser sur la table malmenée.... corps pesant, esprit hésitant, croquer toast, tweeter, avec un merci : Brigetoun regarde le ciel et son couffin et pense courses, garder cela dans un instant d'indulgence, le reprendre avec un peu de honte, ajouter.. perplexe, pour rompre le petit jeu – chercher quelques images de ciel à toutes fins utiles, prendre couffin, laisser linge

lecture Dernières phrases lues dans la nuit :
L’écrivain ne réalise pas son geste. Il regarde le bec de sa plume. Il sait ce qu’elle vient de faire. Ce qu’il a fait ? Il ne sait plus. Il quitte la pièce, surpris de ne pas être plus affecté que cela. Sa vie semble enfin avoir pris tout son sens. - dernières phrases de l'écrivain de Souleyma Haddaoui, paru sur nerval.fr http://nerval.fr/spip.php?article71 - un écrivain aux prises avec l'histoire d'une femme, à reconstituer, d'une tunisienne, une mère, pauvre, suicidée... et, grâce à elle, avec le sort des autres, sa responsabilité, et ce qu'il écrit et... 

alphabet - essayer de fermer la route aux c qui se pressent, trop nombreux, comme
calme – ce qui peut se cacher de lâcheté dans le désir de ce mot, ce qu'il peut contenir de force, de plein, de certitude, de regard apaisé sur le monde et les autres, de bénignité – le suspens matinal entre brise de terre et brise de mer, la coque oscillant, les palangrottes, la mer pâle légèrement froissée sur laquelle court le moindre son – l'instant tendu où la salle se tait, frémit à l'approche du spectacle.
Cérémonie – détester le formalisme affiché – mais tant aimer ce qui peut créer une distance pour goûter, rendre plus délectable, la saveur de certains moments, et s'ils en manquent un peu ne pas se l'avouer et leur en donner par un rituel.. ne serait-ce que pour le détourner 

chair – pleine, dense, goutteuse de certains fruits, de certains corps.. sensible, fragile, frémissante, discrète et exigeante.. ce nous, tout autant que l'esprit qui s'y niche, non, qui est elle, indissociable – les grandes ou petites joies et les déplaisirs, ou pire – et liquider vite l'idée de corps simplement en constatant que, quitte à le trouver un peu navrant, ni vraiment beau ni franchement laid, bon uniquement à servir, il aurait fallu le soigner comme un bon artisan ses outils
chapeaux et colifichets – en avoir goût, sincère en grande partie pour les premiers, fabriqué, appliqué, pour les seconds, comme un tribu à l'idée bourgeoise de La femme – ne pas aimer les porter, sauf brièvement – sauf ceux dont je me fais des grigris et que j'assume joyeusement - savoir qu'ils ne devraient n'être tolérés que rares et de très belle qualité.

chaussures – portées jusqu'à leur mort (même si ne suis plus aux temps des semelles trouées de ma jeunesse désargentée), quel que soit leur aspect, quand j'ai enfin trouvé celles avec lesquelles mes pieds acceptent de conclure un pacte, assumer sans trop de gêne d'en avoir vaguement honte... aimer les regarder sur autres pieds ou, pour certaines, comme de fabuleux objets un peu baroques et passablement étonnants.
cheminer – ce mot qui m'est devenu cher, maintenant que j'ai renoncé aux longues marches (citadines, ou menée par mon nez au vent et l'envie de voir vivre, se modifier lentement, un paysage... les marches en groupe à la campagne m'ennuient prodigieusement) vives, nerveuses, et que je me contente des rêveuses – et puis j'aime le prononcer.
chute – avoir romantiquement, comme tant d'autres, aimé caresser l'idée de la risquer, physiquement ou moralement, avec d'autant plus de complaisance que j'ai vite constaté, avec ou sans dépit, que mon instinct de survie ou le sentiment des limites que mettais à la sottise que je pouvais me tolérer, me retiendrait toujours un peu avant la limite (misérablement ?) faute d'un but le justifiant – avoir appris à se résigner avec l'âge à sa possibilité physique – et savoir, bien sûr, que «socialement» ce fut longtemps le cas, ce qui m'indiffère en principe, sauf l'inconfort en résultant pour les liens, même si cela me semblait absurde..

ciel – mot trop vaste – n'est rien ou tout – une image de l'atmosphère (me refuse à toute connaissance) – le moins cher des spectacles et celui que ne pouvons choisir, seul nous est possible notre regard sur lui et d'en éprouver plaisir (ou non) – et puis l'endroit où nos religions ont placé, curieusement, notre ou nos dieux et saints – aimer les cieux des tableaux baroques, les anges qui se penchent, et la façon dont les corps glorieux s'y asseyent... rêver de se trouver à l'intérieur du ciel du Jugement dernier du Tintoret... et peut-être de dire à ces magnifiques personnages qu'ils sont sous ce qu'on nomme l'espace, au risque de recevoir un vaisseau revenant vers notre terre humaine.
civilité – un très beau mot – une attitude ou une qualité indispensable que j'apprécie d'autant plus que m'en sais dramatiquement dépourvue.

clamer – dans nos pays on entend curieusement surtout les clameurs des gens assis dans des stades – tant de raisons de clamer, expulser tensions, peines, prendre à témoin pour tant de gens par le monde – tant de fatigues entre les clameurs qui se lancent, et que l'on choisit de nous faire entendre.
colère – vivre, aimer, ruer, refuser, se propulser, devrait être un devoir d'en éprouver pour le sort des autres, de ne pas se satisfaire de l'indignation... et là me perds impuissante, devant la nécessité, l'obligation, l'impossibilité de trouver débouché, qui ne pourrait être que commun, vraiment commun - garder petit recul pour tenter de ne pas être emportée, de la rendre utile 

complexe – ce qu'est toute réalité.. mais je pensais ce matin à ces barrières entre lesquelles, j'en ai très fort soupçon, je me suis complaisamment mise à l'abri
construire – mot d'espoir, de projet, d'effort, de joie.. construire bâtiment, construire raisonnement, construire liens,... se construire.. ce que devrions tous pouvoir croire que l'avons fait, peu ou prou, au temps du retirement – ou se bercer du sentiment de l'avoir essayé, la lucidité étant alors inutile et néfaste.
mais Brigetoun regarde les mots alignés au matin, qui sont trop, constate le petit danger de l'exercice, accélère (ou le voudrait)...
couffin – et vient d'abord, peut-être inventée, une image de la plage près d'Alger et d'une mouna hors saison (m'étouffait par sa seule vue, comme toutes les brioches) entraînant le souvenir d'un cassoulet (ai toujours détesté, de toute façon, avant même de ne plus y avoir droit, tous les haricots, flageolets etc.. et la charcuterie) le 15 août pour faire plaisir à ma grand-mère – souvenir plus certain des serviettes de bains, maillots, et goûters pour descendre sur les galets de la pyramide au Mourillon – et puis de tous les marchés, des voix, du soleil (gommer les jours sans), du poids au retour, et même des moments d'ennui profond et des yeux suivant l'enroulement des brins.

couleurs – la vie, sentiments, plaisirs, séduction ou dégoût, jouissance de leur variation dans la lumière, les fruits qui donnent leur nom à un coloris, et la saveur de l'abricot qui emplit la bouche en regardant ce ton que l'on nomme ainsi, leur correspondance avec des sons – et puis la beauté profonde, la structure, la profondeur du noir et blanc (qui est variation de gris)
creux – ne veux penser aux discours, ne veux penser aux idées... juste à ces trous d'ombre à la base d'un cou qui se tourne, à une aisselle, et puis à ces endroits où se laisser tomber et se blottir, se lover, attendre on ne sait quoi, ou rien.
cri – ne sont que mots immenses ces mots notés au matin... qu'en faire ? Énumérer le cri de la première fessée sur le nouveau né, le cri de rage, le cri de douleur, le cri de joie, refuser les petits cris excités.. garder tous les autres qui jaillissent, comme un peu du ventre qui monte vers l'extérieur, ceux qui sont incompréhensibles, ceux de toute façon qui n'ont pas besoin d'autre justification que d'être.

se dire que les autres lettres, grâces leurs soient rendues, seront certainement plus pauvres.

5 commentaires:

arlette a dit…

L'esprit Caracole devant ces lettres si toutes sont communes aux mots
certaines vibrent plus encore
J'aime beaucoup cet excercice

jeandler a dit…

Un bel abécédaire. Un long chemin (c comme chemin) jusqu'à l'oméga nous attend.

ACC a dit…

Premier réveil 4 h, je comprends maintenant pourquoi vous avez toujours un tour d'avance sur les lectures, vous êtes notre gardien de phare Brigitte !
Pourquoi trouvez-vous le calme lâche ?
Chapeaux et chaussures, j'ai l'impression que c'est tout vous ça !
Sont beaux les mots sur la chute.

JEA a dit…

ailleurs, le ciel a emporté sans contestation plusieurs rencontres de ping-pong avec des balles grosses comme des noix de glaces...

Gérard Méry a dit…

de sol et de ciel