Ciel bleu très pâle ou
blanc, on ne sait, au dessus de la cour, dans l'indécision qui suit
l'aube – plaisir de la fraîcheur qui vient, fugitive
Ciel bleu un peu terne, où dansent des nuages, pour saluer mon départ de fort mauvaise humeur à cause de
broutilles... chaleur tendre, démarches... nuages boursouflés au
dessus de mon retour au long de la rue Joseph Vernet, avec de grandes
étendues d'un bleu assombri... un retentissement isolé dans le ciel,
de grosses goûtes paresseuses et une petite ondée violente plaquant
robe blanche sur vieille carcasse (accéléré pas, ce n'est plus de
mon âge).
Fermé les yeux cette
nuit, rompant un beau développement, sur
Le Jour du Jugement
(dies irae, le Jour de
la Colère divine) n'est plus un jour final, il n'est plus du tout un
«jour» - il est même la nuit dont sont obstinément tissés nos
jours étreints d'une lourde nostalgie de lumière, et qui nous fait
nous penser «Grecs». Mais ainsi, il est l'instant toujours suspendu
et toujours différé d'un jugement sans appel. Ce jugement se
prononce au nom de la fin,
justement. Non pas une Fin dressée comme une Idée à
l'horizon – mais plutôt ceci : comment nous abordons à l'horizon
fini qui est le nôtre,
et comment nous lui rendons (ou
ne lui rendons pas) justice.
Jugement simple, sans appel. Il ne peut être soumis à
aucune instance supérieure du droit, car il procède lui-même de ce
qui précède tout droit. Avons-nous fait droit à ce qui n'a encore
aucun droit ? À notre existence elle-même – et puisque ce mot se
laisse mal employer au singulier, à nos existences, et à leur
communauté ? Devant cette loi sans loi, nous n'avons pas cessé de
comparaître. Enfin,
nous y comparaissons nu...
(Jean-Luc Nancy)
trop
long pillage mais je ne pouvais couper dans cet énoncé, et j'ai
repris, pour quelques pages au réveil, et puis dans l'après-midi de
la cour, à l'heure du thé et de l'arrosage, la lecture des quelques
pages de la comparution publié
par Jean-Luc Nancy et Jean-Christophe Bailly, en 1991 et 2007,
quelques pages lucides et ouvertes sur une exigence lumineuse, qui,
dans mes lectures isolées et anarchiques, m'étaient restées
inconnues.
Jour
pour b donc, qui fut assez peu jour pour B... jour blanc, petit bobo,
jour bu et passé...
mais
après avoir lu à haute voix, debout dans les derniers rayons
frappant le mur, pour tenter de forcer mon peu d'habitude à une
vraie compréhension, une dizaine de pages de Nancy, ai dû
baguenauder un gros moment, baller un temps,
grotesquement, dans la cour, avant de balancer et de retomber
de cette tentative pieds drets dans mon petit moi, (pardon demandé)
et atterrir sur cette évidence :
bateau - ce
qui me semble toujours familier, partie de ma vie, alors que suis
depuis quarante cinq ans environ dans le manque de, un manque qui est
devenu ma façon d'être bateau – un mode d'être bateau caressé
par les photos, les récits des miens, mais cela ne va pas plus loin
– l'amour des bateaux qui est instinctif pour nous, qui a peu à
voir avec la version sportive, qui serait une façon de vivre, qui
fait que me vient un tranquille sourire intérieur quand, si rarement, me trouve
sur un port, qui me suffit (est-ce que je ne me mentirai pas un peu
?) d'autant qu'il y a la crainte d'être poids mort, présence
encombrante, de ne plus savoir habiter – et bien entendu pour moi
les petites bâtisses luxueuses qui prétendent à ce nom, comme,
plus encore, ces immeubles lourdauds que sont venu les x de
croisières, ne sauraient répondre au nom de bateaux... pour les
derniers je me borne à béer en me demandant par quel miracle ils
persistent à flotter dans le bon sens.. mais tous les autres - et
même les vieilles carcasses de toutes tailles, civiles ou
militaires, qui meurent lentement dans des fonds de port ou des
écarts - les aime.
Battre –
voilà qui ne m'a jamais intéressée, peut-être parce que le
contraire me semblait plus évident – et si, dans les petits combats
médiocres du bureau il m'est arrivé, souvent, de l'emporter, c'est
sans avoir combattu, simplement par l'évidente sottise et petitesse
des attaques – se battre,
ma foi comme tout le monde, avec longtemps une tendance à enfourcher
la première idée qui passe, ou à suivre une irritation stupide, en
en payant le prix... en m'en sortant quand j'avais été par trop
idiote, par l'indulgence résignée des autres.. pour ce qui compte,
qui en vaut la peine, qui ne touche pas mon moi, suis plus douée pour l'endurance, la ténacité.
Beau, bien, bon... suis
prise d'un petit vertige... pour tenir compte de leur ampleur je passe
lâchement mon tour ou il faudrait prendre temps – juste : ai
toujours un peu le sentiment que c'est trop pour moi, et n'en suis
pas fière.... quant à l'usage de ces mots en les banalisant, les
dénaturant, ne sais pas toujours l'éviter pour ma courte honte. Me
sont tout de même venus à l'esprit, comme un hommage involontaire.
Restent
mes chers bienveillant avec
son petit parfum indifférent, et, mieux, bénévolent,
auquel j'attribue, à tort ou à raison, une force un peu plus
grande, un peu plus agissante.... ou - ne sais comment il me vient,
là, je sens que vais l'adopter – bénin, tout
aussi entaché d'indifférence que le premier, mais avec moins de
morgue, et qui n'exclue pas la disponibilité...
bonheur, mot
qui a traversé mon esprit, parce qu'on a coutume de penser que cela
importe, sert de but... me suis toujours contentée de joies, cela
semble plus humble, n'en suis pas si sûre, et c'est plus mouvant,
renouvelé, surprenant, prenant et profond parfois.
Et
puis cette photo prise ce matin parce que j'ai pensé, en extrapolant
très fortement buis (ce
que ce n'est sans doute pas, ou du moins pas végétal et naturel)...
, boule, taille, haies, jardin
ordonné – et que je continuais en faisant de la rue de la
République une allée d'un jardin à la française, sans grande
pompe mais civilisé, hautement civilisé, et pensais arbre, parc,
dessin, ajoutais des pierres, statues ou jarres et, au risque de
heurter des passants, continuais jusqu'aux merveilleux jardins des Villas italiennes.
branche parce
qu'aime les arbres, le dis et redis, parce que je m'étonnai au petit
déjeuner, une fois encore, de ces branches qui ont fusé sur ce
porte-greffe au bout de je ne sais combien d'années... parce que
c'est la poussée de vie des arbres.
Et
puisque suis dans le n'importe quoi aimerais remonter dans les ans et
l'ordre alphabétique pour être assise sur une balançoire
vigoureusement poussée, et laisser traîner mes nattes en arrière, regarder mes pieds là haut
dans le ciel et hurler de plaisir.
8 commentaires:
Bel hommage à B
B comme Brigitte et que ta modestie n'en souffre pas
B comme Bravo pour ces digressions
Superbe dernière image que cette enfant hurlant de plaisir sur la balançoire.
Et puis C comme Ça...
:D)
c c'est terrifique, j'ai une liste immmmense venue en traînant - d devrais en rester à :D)
Le chemin de B parcourt les bois, les baies, les buissons. Sur les chemins de B les mots sont bienfaisants.
Sinon, dans les B, il y a aussi le Blog de Benoit...
o_O
Le B chez nous se décline en "bouchures" patois berrichon désignant les haies vives. Bonne soirée.
quel joli mot, vais essayer de le capturer
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