météo
un
ciel bleu, trois pots renversés, un reste de vent – un tour sur
internet, un programme qui se dessine, agence immobilière pour se
débarrasser du loyer, banque, mais zut ! pas pris rendez-vous, alors
juste faire le point avec la guichetière, et puis il faudrait finir
le choix des abonnements spectacles, mais budget avant, va être
serré, provisoirement serré, et puis je voudrais... un sourire, ne
pas oublier que tu as de la chance – un peu de courrier qui
traîne, pas facile, et trois textes (bon pour un, celui des vases se
borner à relire en évitant de penser qu'il faut tout recommencer et
pourtant..), et il y a ce texte de Maryse Hache
http://www.publie.net/fr/ebook/9782814507326
qui touche si juste, dont je viens de lire quelques pages, besoin de
continuer, les souvenirs – pas tout à fait aussi fort comme
situation - ne sont pas une gêne...
sortir
chemise rouge pour se dynamiser et s'en aller.
Rues
ensoleillées, tranquillement actives, gens aimables, encore
détendus, programme rempli, mais calcul forcené en cours dans le
crâne en arrivant un peu avant l'ouverture des portes devant
l'opéra, sourire grimaçant devant l'amorce de file... on verra un
autre jour, d'ailleurs il faut resserrer le choix.
Lecture
J'ai
commencé dans la nuit Muette d'Éric
Pessan, parce que j'avais bien aimé ce que j'ai lu de lui, et son
précédent roman Incident de personne, parce
que Christophe Grossi en avait très bien parlé sur plusieurs
billets de déboîtements
http://deboitements.net/spip.php?article441
et le suivant, je crois, mais je ne veux pas les relire maintenant,
je me suis appliquée à les gommer pour que ma lecture n'en soit pas
influencée... et ma foi, malgré cet effort, suis entrée dans
l'histoire de Muette, la jeune fille fugueuse, en accord attentif
avec les mots, avec cette façon d'être hors d'elle, au plus proche
d'elle, et en elle qui recompose les phrases de ses parents, presque
en même temps.. au moins pour ces 85 premières pages – je ne
vois guère ce qui pourrait changer cela pour les cent et quelques
suivantes
Muette
voit les uniformes dégoulinants, les visages sévères et irrités,
l'eau qui détrempe le pelage des chiens, les hommes qui battent en
retraite, vaincus par le ciel, vaincus par une seule averse,
elle aura notre mort.
Ils
s'envoient des messages radio, déclarent qu'ils renoncent, qu'ils ne
trouveront rien...
L'image ramenée de mon cheminement matinal vient
heurter ce fragment, mais l'aime bien - la garde.
alphabet
J'ai
repris la liste préparée qui, malgré que j'en ai, a encore grossi
pendant cette interruption, me suis maudite – je vais finir par
décourager mes gentils derniers lecteurs – l'ai scindée en deux
pour les s, l'ai scindée en deux pour les t, on verra pour v, pour
le reste je m'interdis de laisser se garnir ce presque vide.
Or
donc :
sacs
poubelles, une présence incontournable dans les rues
avignonnaises, civilisés comme ceux-ci (si ce n'est leur présence
avant l'horaire officiel qui est joyeusement transgressé par la
plupart) ou, avec des exceptions qui sont alors d'un aspect tout
spécialement sauvage, dans mon quartier (mais nous respectons
l'horaire), nettement plus anarchiques parfois, permettant à Avignon
de rester la ville de trop de cailloux, trop de vent, trop de saleté
que Pétrarque voulait fuir.
Bien entendu il est d'autres sacs, comme les grands,
généralement bleus, qui débordent de gravats sur les chantiers
bien tenus, et puis, tout de même, ceux, plus élégants et
portatifs, que l'on nomme sacs à mains même quand les pendons à une
épaule, et dans lesquels se glissent, pliés, les sacs de commissions.
Savons
je reste très matérielle pour ces s, mais les voulais
parce que je les aime : les gros pains, les feuilles, de savon de
Marseille, leurs différents coloris selon la composition, leur
surface luisante et lisse, la matité un peu grenue des savons
d'Alep, et les petits savons au miel... j'en ferais, j'en fais,
collection, une collection en constante évolution pour cause
d'usage. (je suis femme antique, et n'ai pas de machine à laver...)
scintillement
parce que le mot est joli, parce qu'il me fait penser à
des yeux d'enfants – et je regarde sévèrement la qualité de ce
qu'on met parfois sous ces yeux, au risque de les attacher au
médiocre.
parce que j'avais cette photo et que oui, le soleil,
avant de s'en aller jusqu'au lendemain, nous offre, s'offre, le
plaisir d'un scintillement.
Et puis ça fait une petite pause avant
de retrouver le prosaïsme des seaux,
le souvenir de l'arrivée des premiers seaux et cuvettes
en plastique, le silence, la légèreté, les couleurs... et le
plaisir de faire de nos vieux compagnons métalliques l'objet d'une
nostalgie, d'une forte et charmante nostalgie, en les cantonnant
soigneusement à ce rôle.
Nostalgie que nous attachons à leur souvenir alors
qu'en vérité c'est regret de ce monde ancien qui est celui de notre
enfance, de notre jeunesse, regret qui englobe pêle-mêle des goûts
qui nous semblaient plus naturels et ce que nous serions bien marris
de retrouver, le bon et le pire, le lait mousseux en bidon, les
ardoises et ces portes-craies qui se coinçaient, les pains de glace
sous des serpillières dont on achetait un morceau pour la glacière
(et le souvenir joyeux et vague du vendeur, de sa carriole, de sa
trompette), l'horreur des toilettes à la turque, etc... regret
renforcé peut-être par la laideur de ce nouveau temps, des premiers
plastiques, du linoléum, de l'orlon des chandails qui boulochaient
presque avant le premier lavage etc.. et du fait qu'ils étaient
réservés à des objets considérés comme de mauvaise qualité, de
mauvais goût, populaires..
sérénité
le prononcer, ce mot, le contempler, en révérer le
sens, se dire qu'il ne faut pas se décourager, qu'on y arrivera un
jour, qu'il suffit peut-être de l'essayer, et malheureusement en
rester là ou se détourner en chemin, le prolonger ce chemin par des
méandres incessants, avec des bifurcations qui nous éloignent de
l'effort, parce que vont vers des visions, idées si tentantes.
photo
prise lors de l'installation de Sophie Calle aux Célestins en 2012
serpe
pas folle de l'avoir noté ce mot ? surtout si tu suis
cette tendance tienne, ce jour plus que jamais, à la logorrhée sans
sens.
Je ne me souviens plus pourquoi... pour la serpe d'or
dans le ciel de je ne sais plus qui, pour celle de Booz – avait-il
une serpe, ou ses ouvriers ? les vers qui précèdent les deux
derniers se sont évanouis, mais cela n'empêche qu'il m'est venu à
l'esprit – pour le souvenir du travail de ce vieil homme que
j'aimais bien sur ses restanques, et parce que l'objet est beau entre
tous les beaux outils de la terre.
Silence
le silence discrétion que nous promettons, ou tenons
sans qu'on nous le demande parce que cela semble évident, parce que
nous le devons, et ma réticence devant l'idéologie du tout dire,
fusse-ce sans l'accord des intéressés (ça ne s'applique pas bien
entendu aux actes qui blessent, qui lèsent autrui)
l'absence de bruit, ce merveilleux silence, et la
crainte ou presque qui nous vient quand le rencontrons, surtout la
nuit, le silence absolu qui est devenu si rare...
l'absence de bruit, de musiques sans but ni choix -
celles que l'on met au pluriel - qui nous est indispensable, et je
fuis les ascenseurs, les magasins etc... envahis de sons qui veulent
nous mettre de bonne humeur et qui m'exaspèrent et m'enlèvent toute
envie de m'attarder.
Le silence que j'aurais dû faire régner ici, sur ce
billet, parce que, pour si peu d'idées, cela fait beaucoup de
phrases, ou de bout de phrases... tant pis, je continue
sieste
chut, se taire, juste le plaisir immense d'y avoir enfin
droit... et la place de plus en plus grande qu'elle prend
soirs
la splendeur que je ne vois pas depuis l'antre, à l'horizon inexistant de la cour, mais quelque chose dans l'air, dans une légère
décrispation, dans une lumière qui devient neutre comme par
discrétion avant de disparaître, me l'évoque, et je suis dans son
plaisir, dans l'idée de ces chatoiements qui accompagnent la
descente vers l'univers de la nuit (même s'il n'y avait pas toutes
ces photos mises en ligne à ce moment là que je découvre quand je suis devant mon
écran)
sol
trop ou rien à en dire – la terre, une argile
glissante, des graviers, un tapis de feuilles qui entravent et
bruissent, le macadam et mes orteils nus se crispaient pour fuir le
contact, le sable où le pied s'enfonce et qui brûle sous le soleil,
un marécage où l'appui nous fuit, le marbre, les dalles de béton, la céramique, les
tomettes et leur tiédeur sous la lumière, les lattes rêches un peu
disjointes, les parquets nobles... stop, ne garder que l'idée de
solidité, tenter de garder les pieds bien plantés dessus... et
mettre un point final à ce jour.
11 commentaires:
Du silence matinal au crépuscule du jour, un monde se déroule autour de nous, nous faisant ainsi apprécier la solitude nocturne
Savantissime. La science sereine en ce dico poétique, si personnel et loin des idées reçues.
Pour qui sont ces "s" qui sifflent sur nos têtes... symboles multiples, sensations variées, syllabaires secrets (et ici bien serrés dans un miroir)...
Ces S sont ici, ça c'est sûr.
Demain on laisse l'S.
o_O
ben non, j'en ai 10 - bon là je les laisse réfléchir - réveillée du mauvais pied - attendons
Cioran :
- "Souffrir : une façon d'être actif sans faire quoi que ce soit..."
le 11ème - non je crois que vas le censurer - danger
Et le sossotement SSSSSS au bout de la langue qui donne un air si naïf aux mots les plus durs
cette coquetterie de langage
Re... en ouvrant un Philippe Jaccottet je tombe sur
"LA SERPE DE LA LUNE AU DESSUS DU PORTAIL"
Pensées
c'était peut-être lui... ou pas, dans mon souvenir vague
Le S nous viendrait il de la gauche plurielle
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