à la seconde tentative
d'éveil, yeux encroûtés en sommeil, corps encombré, ai poussé
les volets bleus sur une lumière engluée de blancheur morne.
Sourire aux deux derniers
boutons de rose qui percent leur étui, au fléchissement des petites
branches de l'olivier fou sous le poids de quelques fruits, ajouter à
l'encombrement un toast et beaucoup de confiture... me laver les
cheveux, croire que j'ai des idées, décider de les exploiter,
poursuivre... et puis s'enfoncer en engourdissement.
S'installer dans cette
non-vie, comme sous l'abri délicieusement raffiné et neutre d'une voûte
plate, passer le jour
Vouloir parler de la
centaine de pages dévorées en début de nuit, après le concert,
étonnée et ravie de retrouver intact le plaisir de la première
lecture, en 2002, de L'intervieweur d'Alain
Veinstein auquel la présence, dans ma pile en attente, de ses Cent
quarante signes, reprise,
amplification, mise en ordre des tweets dont j'ai suivi l'apparition
(enfin pour un bon nombre d'entre eux), m'avait fait penser, me
donnant envie de le relire alors qu'il fait partie des défunts lors
du déménagement, et que, bienheureuse honte, Amazon m'a permis de trouver d'occasion, mais ce sera pour une autre fois, me contente de
le recommander, et le met provisoirement de côté, en restant à
Et il me faut de
nouveau alimenter une conversation depuis longtemps épuisée avant
d'avoir commencé. Le supplice n'est que de courte durée. Le rouge
est mis sans crier gare. Tout se fige dans le silence. L'espace d'un
instant, je me surprends à espérer qu'à l'ouverture du micro, le
studio vole en éclats..
Par
contre, en m'installant devant l'écran, j'avais envie de parler de
la lecture, perçant la ouate de cette journée, d'un petit livré
édité par le Monde diplomatique (éditions Les Liens qui libèrent
http://www.editionslesliensquiliberent.fr/f/index.php)
avec une préface de Serge Halimi introduisant ces textes qui
montrent avec quel cynisme tranquille et quels raisonnements absurdes
les propriétaires fonciers irlandais, les
économistes de l'école de Chicago ou de l'OCDE (Organisation de
coopération et de développement économique)
justifient
l'ignorance, ou pire, du sort
fait aux pauvres
Riches, instruits,
intelligents (le plus souvent...), c'est en effet en connaissance de
cause qu'il défendent une philosophie sociale conçue à leur
avantage et qui, sans qu'on la caricature trop, se résume presque
toujours ainsi : les riches seraient plus entreprenants s'ils
payaient moins d'impôts, les pauvres seraient plus travailleurs
s'ils recevaient moins de subsides.
Et je me promets, sachant
que ce ne sera pas le cas, de brider la logorrhée qu'entraîne la
lenteur de mon esprit... bon après cette phrase propitiatoire, je
continue en tentant de me freiner.
Livret
qui reprend d'abord un article, paru en
novembre 1985 dans Harper's Magazine, repris en octobre 2005 dans le
Monde diplomatique, de Galbraith L'Art
d'ignorer les pauvres (le
titre est retenu pour chapeauter l'ensemble) qui fait
la généalogie de ceux qui ont installée l'idée qu'il ne fallait
pas avoir mauvaise conscience devant la pauvreté... depuis la
récompense dans un monde futur promise par la Bible, en passant par
l'utilitarisme (si on crée de la richesse, cela justifie le sort de
ceux laissés à l'écart), par Ricardo et Malthus (ils sont
responsables parce qu'ils font trop d'enfants), le darwinisme social
L'un des plus notables
porte-parole américains du darwirnisme social fut John D.
Rockefeller, le premier de la dynastie, qui déclara dans un discours
célèbre : "La variété de rose "American Beauty" ne
peut être produite dans la splendeur et le parfum qui enthousiasment
celui qui la contemple qu'en sacrifiant les premiers bourgeons
poussant autour d'elle. Il en va de même dans la vie économique. Ce
n'est là que l'application d'une loi de la nature et d'une loi de
Dieu."
et puis, pour être moins
cruel, par Coolidge et Hoover : l'aide publique aux pauvres entrave
l'économie...
et qui énumère les quatre façons actuelles de ne pas
se sentir concernés.
Suivi par un article de
Laurent
Cordonnier, rebondissant à la suite de Galbraith, dans le Monde
diplomatique de décembre 2006 : Économistes
en guerre contre les chômeurs"
qui détaille l'application qui est faite de cette justification du
mauvais sort fait aux pauvres et plus précisément aux chômeurs, en
mettant en avant paresse, risque de plaisir dans l'assistanat (cet
horrible mot qui ne s'applique qu'à eux, et aux aides diverses,
jamais aux mesures de" "soutien" à l'économie), en
reprenant un florilège de citations de l'OCDE et de leurs
traductions dans les journaux économiques d'où elles ruissellent
dans les médias de grande diffusion, les premières se caractérisant
par la franchise qui disparaît ensuite progressivement - une lecture
qui devrait faire l'objet d'une plus grande publicité pour que se
dissipent les raisonnements qui nous sont doctement assénés pour
affaiblir l'école, la protection sociale en général etc... et ne
surtout jamais envisager de revenir sur les baisses d'impôt, mais, à
la rigueur, de recourir aux taxes... et pour que nous ne perdions pas de
temps en luttes sur des détails, en petites victoires qui sont
toujours des reculades vers ce qui a été décidé à Lisbonne et
dans autres réunions.
J'avais coché bon nombre de citations édifiantes diverses, comme
celle du rapport Camdessus commandé par
Nicolas Sarkozy en 2004, préconisant que les collectivités locales
cessent ou diminuent les aides et gratuités aux chômeurs et
Rmistes, ces trappes à inactivité...ce
sur quoi insiste, à propos des transports, un article dans les Echos,
daté du 17 janvier 2002, de Michel Dollé
du Centre d'Etude des revenus et de la cohésion sociale (CERC)... je
les saute
je garde, sur la nécessité
de réduire la durée des indemnisations et leurs montants, ce
passage de la Ligne directrice 19, décision du Conseil (de l'Europe)
du 12 juillet 2005 selon le Journal officiel
de l'Union Européenne
adapter en permanence
les incitations et les effets dissuasifs découlant des systèmes de
prélèvements et de prestations, y compris la gestion et la
conditionnalité des prestations et la réduction sensible des taux
d'imposition marginaux effectifs élevés, notamment pour les
personnes à faible revenu, tout en garantissant des niveaux de
protection sociale appropriés. (et
pense Brigetoun en interdisant formellement par le traité toute
harmonisation sociale et fiscale entre les pays pour ne pas gêner la
libre concurrence, ce qui aura l'effet souhaitable de réduire ces
avantages excessifs)
et
surtout ces deux passages des recommandations de l'OCDE (comme le dit
Laurent Cordonnier, les travaux de
l'OCDE coûtent très chers aux contribuables, mais ils sont francs)
En rendant les chômeurs
moins empressés à chercher un emploi et à accepter ce qui se
présente, l'indemnisation peut allonger la durée du chômage ou
même amener certains allocataires à se retirer purement et
simplement de la vie active (le
délice de l'oisiveté titre Cordonnier)
et, ce
que devraient savoir ceux qui se laissent aller à croire qu'ils sont
différents de ces assistés :
Pour éviter les
confits avec les principaux groupes d'intérêt, les gouvernements
peuvent, dans un premier temps, introduire des réformes à la marge
du "noyau dur" du marché du travail, sans véritablement
toucher aux structures institutionnelles dont bénéficient les
travailleurs en place. Cela tend à renforcer la dualité du marché
du travail, ce qui peut ensuite permettre de gagner progressivement
le soutien de l'opinion publique à des réformes plus fondamentales
des institutions et politiques du marché du travail.
…...
Les réformes
structurelles, qui commencent par générer des coûts avant de
produire des avantages, peuvent se heurter à une opposition
politique moindre si le poids du changement politique est supporté
dans un premier temps par les chômeurs. En effet, ces derniers sont
moins susceptibles que les employeurs ou les salariés en place de
constituer une majorité politique capable de bloquer la réforme,
dans la mesure où ils sont moins nombreux et souvent moins
organisés.
(et
l'on pourra ensuite remettre en cause ces pesanteurs que sont les
CDI, les retraites, les services publics)
PARDON
demandé à ceux qui m'ont suivie...
Je
précise qu'il flotte sur ces deux articles une salubre touche
d'ironie, dans la lignée du dernier texte repris, célèbre et point
si dépassé que cela, Du bon usage du cannibalisme de
Jonathan Swift et de son humour coléreux (un passage repris sur
http://brigetoun.wordpress.com
si le coeur vous en dit)
9 commentaires:
Lectures sérieuses et profondes sur le mal du siècle : la pauvreté. Notamment.
On ignore trop qu'Alain Veinstein écrit depuis longtemps (ce qui lui permet de mieux comprendre ceux ou celles qui écrivent).
J'ai encore sa "Partition" - dédiée à Laure - parue en Folio.
Serge Halimi est un grand donneur de leçons : dommage qu'il ne soit pas entré au gouvernement puisqu'il a trouvé, récemment, toutes les solutions à "la crise".
bonjour Brigitte, le lien vers Du bon usage du cannibalisme de Jonathan Swift ne marche pas, il manque le e de wordpress je crois (mais je suis quand même allée lire en passant par des chemins détournées :-)) (une idée excellente au fait, et tellement économique :-))
Y a-t-il des reclus à l'Élysée ?
o_O
Merci Christine j'ai corrigé.
Désolée Dominique, je ne suivrais pas Serge Halimi les yeux fermés (personne d'ailleurs) mais là, sur ce thème, oui... et j'ai tendance à y penser faute de corriger les choses (minable suis)
A,relire ...trop sérieux pour ce matin frivole
Merci , te lis chaque jour sur wordpress
Grandement d'accord avec vous, Brigitte. Il y a à faire, mais il y a aussi (d'abord ?) une grande et urgente nécessité d'y réfléchir sainement.
Si c'est d'occasion et parce qu'introuvable ailleurs, acheter un livre sur Am_zon n'est pas méprisable, je ne crois pas.
Merci pour la découverte de cet essai.
oui Gilda ma honte était très légère (et j'avoue que procède souvent ainsi - des occasions en très bon état)
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