humeur grise,
molle, mais petit plaisir rapide de constater, que le ciel, au dessus
de ma cour, a repris une luminosité froide, après plusieurs jours
de masses humides qui suintaient ou se déversaient sur la ville.
Matinée pour
un peu de rangement dans l'antre, et dans la pagaille enregistrée
sur la machine, pour trier ce qu'il me semblait souhaitable de
sauvegarder avant l'éventuelle remise à zéro, mercredi... et un
effondrement, profond, prolongé, abrutissant qui a englouti une
grande partie de l'après-midi.
Dans mon état
ouateux, je me suis souvenue d'un fichier intitulé me faire
sententieuse devant lequel j'avais hésité, sans aucun souvenir
du but poursuivi à l'origine, ni de l'époque, et qui, me
semble-t-il était resté en réserve, sans doute pour relecture,
prolongement... et ma foi le reprends tel que, aussi désordonné
qu'il l'était, fouillant pour lui trouver images de compagnie (en
m'amusant un peu à des approximations éhontées, et à les modifier comme
pouvais ) – et tant pis si j'ai le sentiment qu'il m'a déjà servi
de brouillon par bribes (pour certaines phrases, j'en étais
certaine, et les ai jetées)...
et puis me suis plongée dans lecture.
comme il est délicieux de
sentir monter le sommeil dans la beauté d'une nuit qui descend sur
la mer, dans un soupçon de brise qui dit l'adieu, une odeur qui
vient saluer la disparition de l'eau frissonnante.
le bruit des haubans
chantonnant contre les mats dans un port endormi.
une table joyeuse, se
lancer dans des échanges, pressée par la certitude que le sentiment
d'y être étrangère est tapis à la lisière, prêt à m'envahir.
croiser un couple et
s'étonner qu'ils aient pu avoir du goût l'un pour l'autre.
s'étonner que l'on me
voit, ne pas comprendre pourquoi je glisse sans marquer.
avoir appris, enfant, à
faire une croix sur la face tendre de la miche, celle qui était
posée sur la plaque du four, avant de l'entamer, aimer l'odeur du
pain, un peu, parce que c'est bien, même si en fait c'est plutôt
écoeurant, et le respecter tant que n'en pas manger.
le rire qui monte, qui vous
prend, que l'on laisse sortir ou qu'on réfrène, pour ne pas heurter
les vies qui passent, dont on ne sais d'où il vient, dont il est
peut-être préférable de ne pas savoir ce qu'il peut contenir
d'amer
se regarder sans cesse ou
au moins souvent, quand on parle dans une pièce à miroir, au risque
d'agacer, d'être mal jugée, d'être impolie, juste pour libérer la
parole, par peur de l'autre.
8 commentaires:
J'aime la passagère que vous êtes... j'aime à vous suivre ... et le gout des choses...
et j'aime aussi ceci : " croiser un couple et s'étonner qu'ils aient pu avoir du goût l'un pour l'autre. " car souvent très souvent je m'en étonne aussi...
"Une croix sur la face tendre de la miche"... un souvenir que l'on n'invente pas...
J'aime vous lire.
merci
Au cul de la miche disait ma grand-mère en campagne du Sud-Ouest. Oui, ça ne s'invente pas. La moiteur, la douceur est sournoise d'un hiver qui pourrait bien nous faire vivre très mal un printemps meurtrier sous gel. Ici, en Berry, ce peut être redoutable. Pas de ciel bleu "cheu nous", du gris propice à la promenade paisible. Il y a les odeurs, c'est déjà ça : l'humidité leur donne des idées ! bonne journée.
Un état ouatineux propre à la rêverie. Une pincée de souvenirs; battre le tout soigneusement. Ajouter un soupçon de ciel bleu. Et voguer.
Passer comme invisible ... et garder des effilochures au gré des souvenirs
Il y a des moments comme ça
avec le ciel bleu, retrouver le gout des choses
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