Au
réveil, lire le goûteux billet de Anna Jouy chez les cosaques des
frontières
http://lescosaquesdesfrontieres.com/2014/01/29/nourritures/
et de ce réjouissant érotisme gourmand garder l'adjectif, c'est
déjà ça...
me
souvenir que j'ai oublié de publier, à minuit, le petit texte sur
le luxe de la table des riches romains, prélevé à la fin de une
ville souterraine de
Charles Carpentier
http://www.publie.net/fr/ebook/9782814507685/une-ville-souterraine,
mis en ligne sur Brigetoun mon petit recueil
http://brigetoun.wordpress.com
et décider de le faire ce soir
décider
surtout de prolonger le trajet vers le teinturier-blanchisseur
jusqu'aux Halles...
et
voir la pluie s'installer sur la cour, éternelle, paresseuse mais
entêtée, ponctuant le silence par les grosses gouttes heurtant le
zinc de l'arrosoir
regarder
provisions : restent un peu de filet et trois grosses joues de morue,
une bintje et des grenailles de Camargue, un lambeau de radis vert,
un peu de courge, une pomme Sainte-Germaine, une poire, du riz noir, du riz long, des pâtes,
des restes très très très faits de fromage, puants et
imprésentables mais à forte saveur, des pots de sauce tomate, une
cuillère de confis d'oignons, un peu d'aïoli, de l'épicerie...
penser ça ira, renoncer... pourtant : une envie de navet long et de
navet jaune, de chayotte, de radis vert, de belles grosses bintjes et
de poisson.. tant pis
Puisque
j'avais pensé chayotte, et puisque je les achète généralement au
vietnamien dont l'étal est voisin de celui de mon marchand de
légumes, comme je mettais de l'ordre dans les quelques photos qui
ont survécu à mon grand tri (je n'ai pas re-installé celles du
dernier disque dur externe) je me suis arrêtée, rêvant un moment
d'avoir fait, comme toute la famille, ce voyage tant désiré (ou
comme pour certains d'avoir longuement séjourné au Viet-nam),
devant cette photo, copiée dans l'album du séjour d'une de mes
soeurs à l'automne, parce qu'elle m'avait séduite, que j'avais eu
envie de sourire à cette femme, sur je ne sais plus quel marché
dans le nord, vers Tam Coc je crois, et à défaut d'achats, j'ai
rêvé herbes, celles que l'on trouve ici mais pas en ce moment,
ciboule, ciboulette, coriandre et puis, étrangères, liseron d'eau
et toutes celles dont j'ignore le nom...
et
sa présence ici n'est pas un prétexte, même si cela pourrait le
sembler, puisque, glissant sur la mapemonde, mais restant dans cette
région du monde, pendant que le bleu revenait, en début
d'après-midi, j'ai acheté, chez ePagine http://www.epagine.fr
les chroniques de l'étrange de
Pu Songling (recueils de contes écrits par un lettré du 17ème
siècle chinois), et, après sa préface nommée Autochronique
A
minuit tremblotent, solitaires dans l’étude déserte, les
dernières lueurs de la lampe dont la mèche finit de se consumer sur
la table, froide à la méprendre pour un bloc de glace. Je réunis
des morceaux pris à l’aisselle pour constituer une fourrure (n.1),
poussé par la prétention insensée de produire une suite aux
Registres
du monde des ombres (n.2)
; mais je prends mon pinceau en vidant ma coupe pour ne constituer
que l’ouvrage d’un ressentiment isolé (n.3).
D’avoir cela à lui confier, n’est-ce point déjà bien assez
triste !
Hélas
! Le moineau transi surpris par le givre s’accroche à la branche
sans chaleur ; sous la lune d’automne, l’insecte se presse contre
la balustrade pour se réchauffer.
Ne
seraient-ils qu’entre forêts verdissantes et passes ténébreuses
(n.4), ceux
qui me comprennent.
j'ai
commencé à lire ces histoires étranges que ce lettré a réunies
avec soin et persévérance, en négligeant, tant pis si mon
ignorance de petite française de notre temps me laisse parfois dans
le brouillard, je ne le déteste pas, les notes, pourtant utiles,
comme celles-ci qui accompagnaient ce passage :
1
- Ji ye wei qiu - ce proverbe, attesté dans l’antique Shenzi [Le
Livre de Maître Shen], peut s’entendre dans les deux sens : une
grande œuvre peut se construire à partir de pièces de rebut, ou
bien il ne s’agit que d’une œuvre faite de rebuts.
2
- Youming lu - œuvre célèbre, attribuée à Liu Yiqing (403-444).
3
- Gu fen - titre d’un chapitre du livre de Han Feizi (mort en 233
avant notre ère), et terme repris par Sima Qian pour décrire le
sentiment qui inspire l’œuvre en question et que l’his
torien lui-même partageait.
4
- Qinglin mosai : c’est-à-dire au monde des morts, allusion à
deux vers du célèbre poème de Du Fu (712-770), En rêvant de Li
Bai (701-762). Voir notamment Paul Demiéville éd., Anthologie de la
poésie chinoise classique, Paris : Gallimard, 1962, p.283 : «L’ombre
surgit d’un bois d’érables verdissants/Puis repartit vers les
passes obscures» (traduction Diény/Hervouet).
Livre
où se promener, picorer, histoires courtes, introduites par de beaux
dessins, histoires de génies, de frontières perméables entre le monde des morts et celui des vivants, de petits hommes qui sortent du nez
d'un homme endormi, de spectres, de renards, de griffons... et qui se
terminent par de sages préceptes, formulés ou implicites.
désolée pour la qualité de l'image qui est de mon fait.
6 commentaires:
Vietnam à domicile, littérature pratique.
à veri dire j'ai du franchir la frontière et monter jusqu'en Chine
Quelle belle idée ce petit voyage et les contes et les "rebuts" d'une grande oeuvre et la drôle de coiffure avec 2 anneaux
Merci d'être restée à la maison
Merci de tout ce que vous me donnez envie de lire, outre l'envie que vous donnez d'aller dans le jour.
Je découvre la chayotte !!!
frais (très) et légèrement croquant
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