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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

jeudi, janvier 30, 2014

Ne pas aller aux halles, savourer des contes


Au réveil, lire le goûteux billet de Anna Jouy chez les cosaques des frontières http://lescosaquesdesfrontieres.com/2014/01/29/nourritures/ et de ce réjouissant érotisme gourmand garder l'adjectif, c'est déjà ça...
me souvenir que j'ai oublié de publier, à minuit, le petit texte sur le luxe de la table des riches romains, prélevé à la fin de une ville souterraine de Charles Carpentier http://www.publie.net/fr/ebook/9782814507685/une-ville-souterraine, mis en ligne sur Brigetoun mon petit recueil http://brigetoun.wordpress.com et décider de le faire ce soir
décider surtout de prolonger le trajet vers le teinturier-blanchisseur jusqu'aux Halles...
et voir la pluie s'installer sur la cour, éternelle, paresseuse mais entêtée, ponctuant le silence par les grosses gouttes heurtant le zinc de l'arrosoir

regarder provisions : restent un peu de filet et trois grosses joues de morue, une bintje et des grenailles de Camargue, un lambeau de radis vert, un peu de courge, une pomme Sainte-Germaine, une poire, du riz noir, du riz long, des pâtes, des restes très très très faits de fromage, puants et imprésentables mais à forte saveur, des pots de sauce tomate, une cuillère de confis d'oignons, un peu d'aïoli, de l'épicerie... penser ça ira, renoncer... pourtant : une envie de navet long et de navet jaune, de chayotte, de radis vert, de belles grosses bintjes et de poisson.. tant pis 

Puisque j'avais pensé chayotte, et puisque je les achète généralement au vietnamien dont l'étal est voisin de celui de mon marchand de légumes, comme je mettais de l'ordre dans les quelques photos qui ont survécu à mon grand tri (je n'ai pas re-installé celles du dernier disque dur externe) je me suis arrêtée, rêvant un moment d'avoir fait, comme toute la famille, ce voyage tant désiré (ou comme pour certains d'avoir longuement séjourné au Viet-nam), devant cette photo, copiée dans l'album du séjour d'une de mes soeurs à l'automne, parce qu'elle m'avait séduite, que j'avais eu envie de sourire à cette femme, sur je ne sais plus quel marché dans le nord, vers Tam Coc je crois, et à défaut d'achats, j'ai rêvé herbes, celles que l'on trouve ici mais pas en ce moment, ciboule, ciboulette, coriandre et puis, étrangères, liseron d'eau et toutes celles dont j'ignore le nom...

et sa présence ici n'est pas un prétexte, même si cela pourrait le sembler, puisque, glissant sur la mapemonde, mais restant dans cette région du monde, pendant que le bleu revenait, en début d'après-midi, j'ai acheté, chez ePagine http://www.epagine.fr les chroniques de l'étrange de Pu Songling (recueils de contes écrits par un lettré du 17ème siècle chinois), et, après sa préface nommée Autochronique
A minuit tremblotent, solitaires dans l’étude déserte, les dernières lueurs de la lampe dont la mèche finit de se consumer sur la table, froide à la méprendre pour un bloc de glace. Je réunis des morceaux pris à l’aisselle pour constituer une fourrure (n.1), poussé par la prétention insensée de produire une suite aux
Registres du monde des ombres (n.2) ; mais je prends mon pinceau en vidant ma coupe pour ne constituer que l’ouvrage d’un ressentiment isolé (n.3). D’avoir cela à lui confier, n’est-ce point déjà bien assez triste !
Hélas ! Le moineau transi surpris par le givre s’accroche à la branche sans chaleur ; sous la lune d’automne, l’insecte se presse contre la balustrade pour se réchauffer.
Ne seraient-ils qu’entre forêts verdissantes et passes ténébreuses (n.4), ceux qui me comprennent.

j'ai commencé à lire ces histoires étranges que ce lettré a réunies avec soin et persévérance, en négligeant, tant pis si mon ignorance de petite française de notre temps me laisse parfois dans le brouillard, je ne le déteste pas, les notes, pourtant utiles, comme celles-ci qui accompagnaient ce passage :
1 - Ji ye wei qiu - ce proverbe, attesté dans l’antique Shenzi [Le Livre de Maître Shen], peut s’entendre dans les deux sens : une grande œuvre peut se construire à partir de pièces de rebut, ou bien il ne s’agit que d’une œuvre faite de rebuts.
2 - Youming lu - œuvre célèbre, attribuée à Liu Yiqing (403-444).
3 - Gu fen - titre d’un chapitre du livre de Han Feizi (mort en 233 avant notre ère), et terme repris par Sima Qian pour décrire le sentiment qui inspire l’œuvre en question et que l’his­ torien lui-même partageait.
4 - Qinglin mosai : c’est-à-dire au monde des morts, allusion à deux vers du célèbre poème de Du Fu (712-770), En rêvant de Li Bai (701-762). Voir notamment Paul Demiéville éd., Anthologie de la poésie chinoise classique, Paris : Gallimard, 1962, p.283 : «L’ombre surgit d’un bois d’érables verdissants/Puis repartit vers les passes obscures» (traduction Diény/Hervouet).

Livre où se promener, picorer, histoires courtes, introduites par de beaux dessins, histoires de génies, de frontières perméables entre le monde des morts et celui des vivants, de petits hommes qui sortent du nez d'un homme endormi, de spectres, de renards, de griffons... et qui se terminent par de sages préceptes, formulés ou implicites.
désolée pour la qualité de l'image qui est de mon fait.

6 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Vietnam à domicile, littérature pratique.

Brigetoun a dit…

à veri dire j'ai du franchir la frontière et monter jusqu'en Chine

arlette a dit…

Quelle belle idée ce petit voyage et les contes et les "rebuts" d'une grande oeuvre et la drôle de coiffure avec 2 anneaux
Merci d'être restée à la maison

Isabelle Pariente-Butterlin a dit…

Merci de tout ce que vous me donnez envie de lire, outre l'envie que vous donnez d'aller dans le jour.

Gérard a dit…

Je découvre la chayotte !!!

Brigetoun a dit…

frais (très) et légèrement croquant