épaules
appuyées au mur
corps
en biais courbé au dessus du radiateur,
une
musique qui rode, que j'oublie,
le
kobo, ou un livre en mains, et mes yeux qui m'y invitent, qui
m'entraînent dans le texte,
des
pauses où je regarde face à moi sans voir...
et
quand j'ai trop chaud, je fais quelque pas, je pose le livre, le
texte, sur la table, me penche dessus.
J'essaie
d'apprendre à lire assise, confortablement, dans un fauteuil, sur
une chaise... ne le puis - sauf parfois dans une salle d'attente,
parce que là c'est normal, et que la petite attention nécessaire
aux mouvements pour ne pas faire attendre quand viendra mon tour crée
la note d'inconfort dont j'ai besoin.
La
lecture a été trop longtemps une évasion, un rapt sur le temps.
Pour
m'absorber en lecture, il me faut instabilité, qu'importe si
illusoire.
lire
Platon posé sur une épaule inconnue aux heures de pointe dans le
métro
suivre
l'histoire de la restauration en me tordant les chevilles sur un
sentier
Mes
oloés, même devenus rites, devaient garder une idée, devenue
factice, de détournement, sembler fragiles...
Devaient,
parce que l'ordinateur contraint mon corps à l'immobilité, la
frontalité, parce que n'ai jamais été aussi souvent assise que
depuis que suis dans l'antre – sur une fesse, tout de même, un peu
de biais, les mains pas tout à fait d'aplomb, juste par un refus
instinctif de l'ordre.
Et
voilà que les mots qui se risquaient dans mes moments de rêverie,
que n'avais jamais imaginés que posés sur l'air fugitif, avec
lesquels je jouais, à cause ou grâce à cette machine, à paumée,
je les garde, ils veulent rester, demandent à être tracés,
lisibles ou non, sur le petit carnet que je pose devant moi...
publié
le 13 février sur http://relire.net/
où
devriez vous promener en cliquant par exemple sur
http://relire.net/oloe/?page=auteurs
ou en suivant les instructions de
http://relire.net/oloe/spip.php?article5
pour découvrir des oloé de bien plus riche teneur.
Comme,
de Christophe Grossi, celui qui était programmé ce 14 février
http://relire.net/oloe/spip.php?article40
y revenir pour le plaisir de citer ces billets, et pour
être en accord avec cette vue du ciel ce matin
pour
celle-ci (nous donnions dans le style tranche napolitaine, dans le
ciel) elle va pour l'énervement constant qui fut mien, vindicatif
contre rien, ni personne, des plaisirs qui retombaient, une
résignation à cette maussaderie que je me reprochais... des claques
que je me promettais, et de très bons moments
une
grande respiration prise, rentrer le ventre, baisser les épaules,
afin d'être digne du titre du concert du soir (tentative
d'auto-ironie)
et
s'en aller écouter un concert, intitulé l'Héroïque, donné par
notre orchestre Avignon-Provence, dirigé par Jean-François Heisser,
avec comme solistes Marc Coppey (violoncelle) et Tristan Heisser
(flûte)
Un
programme découverte (sauf pour la fin), avec
- d'Indy, le concerto en mi bémol pour flûte, violoncelle, piano et orchestre (1927 l'oeuvre la plus récente de la soirée), dirigé par Jean-François Heisser depuis son piano.. et ma foi le 18ème modernisé, nerveux et lumineux, de ce calotin (découverte à l'entracte) ne manque pas de charme, ou plus – un premier mouvement joyeux et triomphant, 2ème : vapeur, houle et chanson, moins aimé la fin de ce mouvement, un peu guimauve symboliste, dernier : un Fanfan la Tulipe avec peu d'armes et beaucoup de fleurs et d'oiseaux
- de Dubois, andante cantabile pour violoncelle et orchestre (1899), beau, à la gloire du violoncelle pour lequel il a été écrit et qui était là rond et chaud, une longue ligne romantique, une harmonie ample
- et de Dubois également Fantaisie-Stück pour violoncelle et orchestre (1912) en trois mouvements enchainés, chantant et vif, élégie, presto
un
entracte pour découvrir (grande est mon ignorance), dans le tout
petit programme, que sous l'influence de d'Indy et de l'évêque de
l'époque (était-il aussi caricatural que l'actuel qui navre nombre
de ses ouailles?) une succursale de sa Schola cantorum a été
fondée en (là, je dis en) Avignon, à peu près en même temps que
la Société avignonnaise des concerts symphoniques (1899)
ce qui a entraîné du côté républicain la création de la Société
des concerts vocaux (1900, avec
comme président d'honneur Saint-Saens), pendant qu'au conservatoire
se formait en 1906 une Société des concerts classiques,
et comme, du 3 au 5 août 1899,
sous l'égide de Vincent d'Indy, ont lieu, avec faste, dans les
églises et des salles, les Assises de musique religieuse
et d'art comparé, pour mettre à
l'honneur le chant grégorien et les musiciens baroques (ce qui me
semble fort bien) mais aussi bannir des églises la musique qu'ils ne
considèrent pas comme assez pieuse il faut revenir aux
saines traditions et faire entrer dans nos églises la vraie musique
religieuse, comme, aussi,
l'époque est à l'affrontement autour de l'affaire Dreyfus, il
s'ensuit des désordres, et le bulletin de la Schola mentionne... des
habits déchirés, des devantures défoncées.. des martyrs de la
cause, et, pendant que les
salles et églises étaient pleines d'une foule
recueillie.. au dehors, la symphonie populaire grondait sa basse
continue, et la basse continue, a fait observer le maître d'Indy,
est un détestable procédé ..
ce qui prouve qu'Avignon était déjà vivant, et ce qui n'empêche
que Vincent d'Indy composait de la fort bonne musique.
Retour
dans la salle pour une belle exécution de la symphonie n°3 de
Bethoven, la symphonie héroïque pour fêter le souvenir
d'un grand homme pour lui rendre
son sous-titre complet comme le recommandait Berlioz (même
si, déception aidant, ce qui est pour le moins compréhensible, elle
a perdu sa dédicace). Je dis toujours que mes préférées sont la
4ème et la 8ème, sauf peut-être quand j'en écoute une autre,
comme celle-ci, avec tous les bonheurs qui s'y nichent pour faire
croître mon plaisir.
Retour
dans un air qui était presque, presque, printanier.
3 commentaires:
Silhouette inquiétante dans l'ombre de la nuit toute "enmusiquée"
MERCI à toi !
""L'ombre de la femme au chapeau ""...d'Alfred Hitchcock
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